dimanche 27 novembre 2011

Philippe et Driss

Une chronique de Martin

Il s'appelle Philippe, il est riche et tétraplégique depuis un accident de parapente. Il se prénomme Driss, sort juste de prison et a besoin d'une signature pour prouver à Pôle Emploi qu'il recherche activement du travail, mais que la personne qu'il a rencontrée n'a pas souhaité lui en donner. A priori, ces deux-là n'ont rien en commun, ou juste pas assez pour s'entendre. Pourtant, après que Philippe a reçu Driss pour un entretien, il parvient à le faire revenir le lendemain. Intouchables débute sur un quiproquo, premier temps inattendu d'une amitié durable. Et son scénario s'inspire d'une histoire vraie !

Philippe existe vraiment. Driss aussi, même s'il s'appelle Abdel. D'après ce qui m'a été expliqué, le premier nommé aurait accepté que son autobiographie - Le second souffle - soit adaptée au cinéma à condition que son histoire soit transformée en comédie. Le résultat est de ce point de vue une grande réussite. Même si ses ressorts comiques sont connus, ils demeurent des plus efficaces: les dialogues de ce long-métrage sont un régal dans la bouche des deux interprètes principaux, un François Cluzet très convaincant et un Omar Sy absolument jubilatoire. Intouchables leur doit beaucoup: s'il brille aussi de belles images, telles qu'on en voit rarement dans une oeuvre populaire, c'est par le texte et la profusion de vannes que le film s'illustre plus particulièrement. Le plaisir est très communicatif.

Le soir où j'ai préparé cette chronique, Intouchables était en route vers des sommets de fréquentation, comptant déjà plus d'un million et demi de spectateurs en une semaine. J'en ai lu des critiques extrêmement positives et d'autres, au contraire, qui ramenaient l'oeuvre au rang d'un petit film sans grande conséquence. Je peux confirmer qu'on ne tient pas là de quoi révolutionner le cinéma. D'emblée, je suis presque sûr de ne pas intégrer le long-métrage dans mon top ten de fin d'année. Et c'est justement sa modestie profonde et son enthousiasme qui m'ont plu. Le jeu des deux acteurs à l'écran donne probablement une image fidèle de ce que peuvent être les relations des "vrais" protagonistes. Plus qu'un message d'espoir destiné aux seuls handicapés, le scénario offre un regard bienveillant sur la société française et l'acceptation des différences. Les deux personnages s'entraident: c'est ce que j'en retiens d'essentiel. Et j'ai franchement rigolé à de nombreuses reprises !

Intouchables
Film français d'Olivier Nakache et Eric Toledano (2011)
La tétraplégie à l'écran ? J'avais déjà eu l'occasion de l'appréhender devant L'homme de chevet, un film bien différent avec le duo Christophe Lambert et Sophie Marceau dans les rôles principaux. Comparaison peu valable, donc. Le petit miracle du long-métrage d'aujourd'hui, c'est d'être parvenu à un juste équilibre et de savoir faire rire à partir d'une situation objectivement tragique. Il faut dire que les deux réalisateurs sont plutôt habitués à la veine comique. Vous pourrez le constater dans Nos jours heureux, chronique rigolarde des jolies colonies de vacances, avec Omar Sy, déjà. Précision: bien qu'ici en terrain familier, j'avais (un peu) moins ri.

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