Une chronique de Martin
Je l'ignorais il y a quelques jours: avant de tourner Les valseuses, Bertrand Blier avait écrit le roman dont s'inspire le long-métrage. Stéphane, un collègue de travail, cinéphile lui aussi, m'a prêté le DVD et permis de retrouver l'atmosphère si caractéristique de la France post-soixante-huitarde à la suite de Pierrot et Jean-Claude, les potes qui tiennent lieu d'anti-héros dans ce drôle de film. Je les connaissais déjà, pour avoir suivi leurs "aventures" il y a de cela une dizaine d'années au moins. Les revoir n'a pas été sans surprise: j'avais notamment oublié à quel point le propos général pouvait être macho et à vrai dire assez dur. Je gardais l'image de deux loulous sympathiques, ayant un peu occulté leur côté peu fréquentable.
Comme souvent chez Blier fils, la femme n'a pas le beau rôle. Elle est ici, tour à tour, bourgeoise coincée, frustrée inconsciente ou canon frigide. Les valseuses, c'est avant tout le récit des pérégrinations sexuelles de deux jeunes tout à fait désoeuvrés par ailleurs. Truc étonnant: en dépit de la violence des situations évoquées, le ton reste assez badin, comme si, au fond, tout cela n'était pas grave. Ici et là, la mort rôde pourtant et la puissance d'un personnage interprété par l'impeccable Jeanne Moreau nous rappelle à l'évidence: il n'y a pas beaucoup de lumière dans cette histoire. Et il n'est pas sûr que la fuite en avant de Pierrot et Jean-Claude puisse les conduire finalement en un lieu où l'herbe est plus verte et le coït plus heureux.
Si Les valseuses est resté dans l'histoire du cinéma français, c'est aussi sans doute pour son trio d'acteurs principaux. Du côté mecs d'abord, Patrick Dewaere et Gérard Depardieu sont au sommet, chacun dans un registre différent, le premier suiveur, le second leader. Entre eux, une Miou-Miou toute jeunette, fragile d'apparence mais forte en gueule, étonnante amoureuse de ces drôles de lascars. Par la grâce de dialogues des plus chiadés, les trois comédiens s'offrent une prestation remarquable, qui ferait presque oublier quelques autres grands noms de la distribution (Isabelle Huppert gamine !) et le fait que tout a un peu vieilli. C'est peut-être bien comme un témoignage de son époque qu'il faut prendre le film. Contrairement à un de ses personnages, nous serons alors en mesure d'apprécier qu'il n'a rien perdu de sa vigueur. On n'est pas bien, là ?
Les valseuses
Film français de Bertrand Blier (1974)
Le film est sorti l'année de ma naissance ! Je crois que ce que j'aime particulièrement dans cette escapade, c'est le doute qui persiste après coup sur le message derrière les images et la conclusion (heureuse ?) des aventures de Jean-Claude et Pierrot. En ce sens, Voir la mer, autre histoire de trio, est plus explicite. La comparaison la plus juste serait alors peut-être celle que j'ose faire avec Thelma et Louise, même si, cette fois, il est question d'un duo... de femmes.
Very interesting points. Thanks!
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