mardi 28 février 2023

Un meurtre ?

Son affiche cite le Hollywood Reporter qui l'a présenté comme "le film le plus effrayant depuis Psychose d'Alfred Hitchcock". Sorti en salles treize ans après son prédécesseur, Soeurs de sang a moins d'impact que son modèle, à mes yeux. C'était peut-être différent à l'époque ! Reste tout de même un opus assez inconfortable, je dois l'admettre...

De son maître, Brian De Palma a retenu quelques leçons (profitables). Il montre certaines choses et en cache d'autres, des plus importantes. Les faux semblants qu'il fait naître ménagent ainsi un suspense intéressant. Il nous fait douter d'avoir compris ce que nous avons vu !

Grace, journaliste, est quant à elle sûre de son fait: dans l'immeuble situé en face du sien, elle a été témoin d'un meurtre sordide. L'ennui étant que, quand elle le dit à la police, elle n'est pas prise au sérieux. Pire encore: quand les inspecteurs se rendent sur le lieu du crime supposé, rien ne permet de croire qu'il a pu se passer quelque chose. Danielle, la propriétaire de l'appartement, n'est donc pas arrêtée. Soyez prévenus: la résolution de l'énigme est assez rocambolesque. Même s'il a de l'avance sur les personnages, le spectateur lambda risque donc d'être dérouté par cette histoire, assez peu convaincante. Heureusement, pour l'image, Soeurs de sang reste un film "solide". Excellent metteur en scène, Brian De Palma invente des formes nouvelles promises à un bel avenir, tels que ses fameux split screens. Sa vraie bonne idée: avoir confié la composition de la bande originale à Bernard Hermann, l'habituel complice de Hitch ! Oui, on y revient...

Soeurs de sang
Film américain de Brian De Palma (1973)

Malgré une vraie envie d'en voir davantage, je constate que cet opus n'est que le cinquième que je chronique du cinéaste du New Jersey. J'ajoute qu'il est un peu trop tôt pour faire un bilan de sa carrière. Pour l'heure, disons simplement que j'ai préféré les frissons de Carrie et les mystères de Blow out - deux oeuvres (un peu) plus récentes. Pour Hitchcock, vous pouvez vous fier à mon index des réalisateurs...

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Et avant de tourner la page...

Vous pourriez également aller lire une chronique de "L'oeil sur l'écran".

6 commentaires:

  1. J'ai dû le voir, ça me parle et puis Brian j'aime tellement... Mais le souvenir reste très vague. D'autres sont plus marquants en effet.
    J'ai sur ma pile à RE-voir Phantom of the paradise mais j'hésite, j'avais eu si peur à sa sortie. J'adore Carrie et Blow out avec un incroyable John Travolta (dans le second) et aussi Carlito's way (le meilleur ?) et Les incorruptibles (la scène de la gare je ne m'en lasse pas).

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  2. Tiens, ça me fait penser à remettre "Phantom..." sur ma pile des films à voir !
    Parmi les films "récents", j'aimerais bien remettre la main sur "Le dahlia noir", également.

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  3. "Phantom of the Paradise" est mon de Palma préféré. Je le connais quasiment par cœur (surtout les chansons). Je lui ai d'ailleurs consacré un article.
    "Sisters" est aussi un excellent De Palma, qui arrive après ses films expérimentaux ou plus intimistes (notamment le très étonnant "Hi, mom !" avec De Niro) qui creusent déjà la veine parano. "Sisters" lorgne très largement sur Hitch, le dédoublement de Vertigo, le voyeurisme (déjà dans "Greetings") comme dans "Fenêtre sur Cour". Mais il arrive à transcender tout cela. Et puis Margot Kidder quand même, future Loïs Lane.

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  4. Et une raison de plus de voir "Phantom of the Paradise", une ! Merci bien, l'ami !
    J'ai moins accroché à ce "Sisters" que toi, mais je suis content de l'avoir vu. Va savoir pourquoi, je restais dans l'idée que la carrière de De Palma avait commencé avec "Carrie"...

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  5. Vous faites allusion à la scène où "les inspecteurs se rendent sur les lieux du crime supposé". C'est une scène d'une ironie depalmienne emblématique, à l'égard de la police. Le cinéaste s'amuse à nous montrer les inspecteurs se déplaçant dans l'appartement et passant plusieurs fois à côté de l'endroit précis où est caché le cadavre, sans rien trouver. Dans les films de Brian De Palma, on peut le constater, les policiers ne trouvent rien, sauf quand ils se mettent délibérément en porte-à-faux par rapport à l'institution policière ("Les incorruptibles", "Snake Eyes"). C'est là un thème que le cinéaste reprend de Hitchcock, mais avec une intention un peu différente. Pour le libertarien De Palma, les institutions ne sont pas douées pour la perception.

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  6. Merci pour cette analyse "pointue", Valfabert ! C'était très intéressant à lire.
    Je crains que je manque encore beaucoup de recul sur les différents films de Brian De Palma...

    On en reparlera peut-être la prochaine fois que j'en découvrirai un !

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