samedi 6 août 2022

Multifonctions

La voix caverneuse de Leonard Cohen est revenue à ma mémoire quand j'ai choisi d'aller voir I'm your man, film... allemand sans lien véritable avec la chanson homonyme du regretté crooner canadien. D'ailleurs et pour tout dire, le titre original est Ich bin dein Mensch ! Je pense que c'est bien plus proche des intentions de la réalisatrice...

Alma, brillante scientifique, est censée tester un robot humanoïde afin de déterminer s'il est vraiment raisonnable de le commercialiser. Bien plus qu'un aide ménager ultra-perfectionné, ledit robot est conçu selon un modèle unique, afin de correspondre au mieux aux idéaux intimes de sa future propriétaire, clause de confidentialité à l'appui. Laquelle fait sa "connaissance" au cours d'une soirée latino organisée pour mettre en lien d'autres machines et des célibataires endurci(e)s. Vous l'aurez compris: nous voilà en face d'une comédie. L'argument principal est suffisamment efficace pour qu'on adhère vite à l'idée incongrue d'un amour parfait déterminé par algorithme. J'ai vu pire...

Petit à petit, le film va plus loin que son simple postulat initial. L'occasion d'interroger nos sentiments sur le possible caractère humain des robots et, réciproquement, les comportements robotiques des hommes et des femmes que nous sommes et/ou côtoyons. Heureusement, I'm your man n'a aucune leçon particulière à donner. C'est avec intelligence - et en nous proposant, dirais-je, un final touchant et plutôt inattendu - qu'il nous invite à réfléchir gentiment sur notre modeste condition de mortel(le). Je veux souligner l'interprétation inspirée de Maren Eggert, qui a été honorée de l'Ours d'argent de la Berlinale 2021 pour ce très bon travail, tout en finesse. À ses côtés, le Britannique Dan Stevens invente des postures robotiques convaincantes... et impressionne par sa parfaite maîtrise de la langue de Goethe. Côté formel, je veux souligner que les décors m'ont paru très bien trouvés. Un coup de coeur pour ce joli petit film !

I'm your man
Film allemand de Maria Schrader (2021)

Je dois vous dire que je ne suis pas très surpris de voir une femme aux commandes de ce long-métrage, de fait aussi malin que délicat. Son aspect comique ne saurait tout à fait dissimuler un versant mélancolique certain qui, j'insiste, invite à (re)penser la condition humaine. De Blade runner à Her, le cinéma US nous aura habitués ! Pour les plus jeunes, Le géant de fer reste un must à ne pas négliger.

----------
Vous voudriez lire un avis féminin ?

Pas d'souci: encore une fois, vous pouvez compter sur l'amie Pascale.

10 commentaires:

  1. Bon retour par minou :-) tu vois rien n'a bougé en ton absence. J'espère que les vacances ont été bonnes et que tu vas réussir à mener à bien tes multiples occupations.
    Donc, tu as encore changé de boulot, ou d'employeur ? Tu es toujours à Grenoble ?

    Pour le film. Je trouve que ce n'est pas une comédie (dans mon souvenir), même s'il se transforme en romcom, malgré l'humour du robot. J'ai trouvé (l'interprétation du) le robot plus convaincant que la dame qui change peu de registre. J'ai dû me laisser trouver par la beauté de Dan Stevens. Et la fin est décevante car la réalisateur ne se décide pas...

    RépondreSupprimer
  2. Merci pour cet accueil, Pascale, mais je n'étais pas en vacances !
    J'ai juste fait une pause dans l'écriture de blog... et j'espère être reparti de plus belle.

    J'ai changé d'employeur. Depuis avril. Après quelques mois de chômedu.
    Et je suis toujours à Grenoble. Plus de détails (si tu veux) par d'autres voies.

    Le film: ce n'est pas une comédie, non, effectivement, mais il y a quand même pas mal de passages amusant (et même plus que dans de bien des comédies). Dan Stevens est bluffant dans sa maîtrise de l'allemand. Et je comprends que tu aies pu te noyer dans ses grands yeux de faux robot.

    Pour moi, la fin n'est pas décevante du tout, au contraire. Et je crois que tout est décidé à partir du moment où on se souvient que le robot est configuré pour exaucer les désirs de la scientifique. Et que celle-ci est revenue là où... je m'arrête là pour ne pas spoiler davantage !

    Au fait, tu ne dis pas "la réalisatrice" ?

    RépondreSupprimer
  3. Et en réponse à ta précision, je dirais que Dan a visiblement fini par te trouver à force de te troubler !

    RépondreSupprimer
  4. Je pense que si j'arrêtais d'écrire sans être en vacances, je n'y reviendrais plus. Ou pas.

    Je veux bien les détails :-)

    Dan Stevens (coeur avec les mains). Si tu as l'occasion de voir The guest, tu verras comme il peut être hilarant, un peu robotique déjà mais pour d'autres raisons. Et parfois torse nu (mâchoire qui se décroche et langue qui pend).

    Et oui j'ai décidé de masculiniser les professions. A moins que je me décide à me relire AVANT de cliquer sur envoi.

    RépondreSupprimer
  5. S'il me cherche, il va me trouver.
    Il peut débarquer avec ses pétales de roses, je ne ferai pas ma mijorée.
    J'ai besoin d'amour bordel.

    RépondreSupprimer
  6. @Pascale encore:

    J'avais juste besoin de faire un break. Blog + boulot = ça devenait tendu.
    Les détails ? Redonne-moi ton adresse électronique... et je te donne tout ça !

    Je note la référence cinéma pour Dan. Le torse, je te le laisse volontiers.
    Et la masculinisation des noms de professions est un genre auquel je ne céderai pas...

    RépondreSupprimer
  7. @Pascale toujours:

    Dans le film, ils disent que le combo pétales de rose + bougies + baignoires fait rêver 93% des Allemandes. Attention, donc, à la concurrence outre-Rhin ! Mais tu te contenterais peut-être du torse de Dan et de quelques pétales...

    RépondreSupprimer
  8. La masculinisation des noms est une boutade bien sûr, mais la féminisation à tout prix est parfois difficile à mettre en place à cause de quelques décennies de pratique. J'ai eu du mal à passer de Le covid à La covid par exemple alors j'alterne sans m'en rendre compte... Mais je trouve INSUPPORTABLE d'entendre aujourd'hui 25 fois par jour : celles zet ceux !

    Bon, Dan peut débarquer avec son torse et ses pétales, je n'ai pas de baignoire mais je compte sur son imagination pour savoir comment nous les utiliserons.

    RépondreSupprimer
  9. Personnellement, je préfère toujours "celles et ceux" à "celleux".
    Pour ce qui est de Dan, je laisse ton imagination débordante faire son travail...

    RépondreSupprimer