lundi 2 mai 2022

Rien d'un mythe

Une séance imprévue dans une salle de cinéma est venue s'intercaler aux deux tiers de mon mini-cycle Agnès Varda. Il m'a semblé judicieux de participer à une soirée exceptionnelle autour d'un film ukrainien jusqu'à présent inédit: Atlantis, primé à la Mostra de Venise 2019. Rétrospectivement, c'est ma foi une bonne gifle - à voir, si possible !

Valentyn Vasyanovych, le réalisateur, nous présente l'Ukraine de 2025. Dans cette uchronie, le pays tente de se relever d'une longue guerre. Ancien soldat, le personnage principal est traumatisé. Il fréquente d'autres personnes, sous le choc elles aussi, ou d'apparence glacées puisque chargées de telle ou telle tâche administrative oppressante comme peut l'être l'exploration de charniers humains ou le déminage d'un territoire gigantesque. Vous l'aurez compris: Atlantis est un film dur. Très dur. Il l'est d'autant plus qu'il est traité avec une sobriété remarquable, le plus souvent par une suite de plans fixes et étirés. Vous aurez le temps d'en découvrir tous les détails sordides ! Ouais...

J'ai une hypothèse sur le titre: Atlantis étant le nom anglais de l'île mythologique de l'Atlantide, je suppose que l'on a voulu nous montrer quelque chose auquel nous ne croyons pas... et qui pourtant existe ! Évidemment, ce qui se passe aujourd'hui sur le sol ukrainien démultiplie clairement la charge émotionnelle dont le film est porteur. D'où, bien sûr, la gifle dont je parlais en préambule: je comprends que l'on préfère encore se détourner pour ne pas la prendre trop fort. Quelque part, je me dis que j'ai eu de la chance de découvrir cela dans une salle de cinéma, en sachant aussi que la recette du soir serait totalement reversée à des associations engagés dans le combat humanitaire. Et, avec quelques jours de recul, je me dis également que ce que j'ai vu était du très bon cinéma, car constitué d'images fortes, fausses bien sûr, mais étrangement familières. Il se trouve que la ville ici filmée n'est autre que Marioupol ! J'en frémis encore...

Atlantis
Film ukrainien de Valentyn Vasyanovych (2019)

Du cinéma éprouvant, coup-de-poing, difficile... mais essentiel. L'esthétisme des plans n'affaiblit pas le message, bien au contraire. J'avais ressenti à peu près les mêmes choses devant Timbuktu ! Maintenant, pour faire une comparaison avec un autre cinéaste venu de l'Est, j'ai aussi pensé à des réalisateurs russes comme Yuri Bykov et Andreï Zviaguintsev. Par exemple, voir The major ou Léviathan...

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