Sélectionné à Cannes pour la Semaine de la critique et diffusé depuis dans plusieurs festivals internationaux, Piccolo corpo a su m'attirer comme un film tout à la fois très concret et relativement mystérieux. D'une grande beauté, les images que j'avais aperçues avant la séance laissaient présager d'un voyage à nul autre pareil. J'ai pris un ticket...
1901, dans un modeste village de pêcheurs, en Italie. Le bébé d'Agata meurt dès sa naissance. Le prêtre n'a pas eu le temps de le baptiser. Selon les croyances d'alors, la petite âme errera donc dans les Limbes et ne trouvera jamais le repos. Une situation à laquelle tout le monde semble se résoudre, mais que la mère, elle, refuse avec obstination. N'écoutant que son espoir, elle prend donc la route vers un sanctuaire lointain où, paraît-il, les bébés morts-nés peuvent revivre le temps d'un souffle et d'un sacrement pour, ensuite, rejoindre le paradis. Sachez-le, à toutes fins utiles: de tels endroits ont réellement existé ! Ce n'est qu'en 2007 que le pape Benoît XVI, prédécesseur de François, déclara que les Limbes, elles, n'existaient plus. Il me paraît important d'ajouter que le scénario de ce premier film n'a pas écrit comme celui d'un pamphlet contre les tenants d'une foi ou de toute autre idéologie hostile aux droits des femmes. Piccolo corpo est plutôt allégorique...
Le photogramme ci-dessus le prouve: le cadre est aussi magnifique qu'attendu. Le long-métrage a été tourné en à peine cinq semaines ! Nous quittons un rivage ensoleillé pour marcher vers une montagne percée de mines et un lac d'altitude enveloppé de neige. L'impression laissée par ces paysages est forte: on dirait presque un autre monde. Piccolo corpo doit également sa singularité à son choix de faire appel à des comédiens majoritairement amateurs et de les faire s'exprimer dans des langues méconnues: les dialectes de la Vénétie et du Frioul. Sitôt la projection débutée, j'ai oublié mon quotidien et j'ai plongé dans cet univers différent, éloigné de toute modernité - un ailleurs européen, qui semble souvent enfermé dans de vieilles superstitions et où chaque être paraît ne pouvoir guère compter que sur lui-même. Le récit est aussi nimbé de mysticisme, mais il nous invite toutefois à observer les choses comme elles sont, au-delà donc des apparences. Pour cela, rien de tel que se laisser aller à une humble contemplation. Et la conclusion devrait, à mon avis, ne laisser personne indifférent...
Piccolo corpo
Film italien de Laura Samani (2021)
Une bien belle réussite pour un coup d'essai: la scénariste-réalisatrice soutient qu'elle n'a pas voulu donner à son travail des résonances contemporaines, mais vous n'êtes sûrement pas obligés de la croire ! Pour ma part, j'en retiens surtout une forme de poésie proche de celle que j'avais perçue il y a peu en regardant Heureux comme Lazzaro. Décalé dans l'Italie actuelle, L'été de Giacomo vous plaira peut-être...
1901, dans un modeste village de pêcheurs, en Italie. Le bébé d'Agata meurt dès sa naissance. Le prêtre n'a pas eu le temps de le baptiser. Selon les croyances d'alors, la petite âme errera donc dans les Limbes et ne trouvera jamais le repos. Une situation à laquelle tout le monde semble se résoudre, mais que la mère, elle, refuse avec obstination. N'écoutant que son espoir, elle prend donc la route vers un sanctuaire lointain où, paraît-il, les bébés morts-nés peuvent revivre le temps d'un souffle et d'un sacrement pour, ensuite, rejoindre le paradis. Sachez-le, à toutes fins utiles: de tels endroits ont réellement existé ! Ce n'est qu'en 2007 que le pape Benoît XVI, prédécesseur de François, déclara que les Limbes, elles, n'existaient plus. Il me paraît important d'ajouter que le scénario de ce premier film n'a pas écrit comme celui d'un pamphlet contre les tenants d'une foi ou de toute autre idéologie hostile aux droits des femmes. Piccolo corpo est plutôt allégorique...
Le photogramme ci-dessus le prouve: le cadre est aussi magnifique qu'attendu. Le long-métrage a été tourné en à peine cinq semaines ! Nous quittons un rivage ensoleillé pour marcher vers une montagne percée de mines et un lac d'altitude enveloppé de neige. L'impression laissée par ces paysages est forte: on dirait presque un autre monde. Piccolo corpo doit également sa singularité à son choix de faire appel à des comédiens majoritairement amateurs et de les faire s'exprimer dans des langues méconnues: les dialectes de la Vénétie et du Frioul. Sitôt la projection débutée, j'ai oublié mon quotidien et j'ai plongé dans cet univers différent, éloigné de toute modernité - un ailleurs européen, qui semble souvent enfermé dans de vieilles superstitions et où chaque être paraît ne pouvoir guère compter que sur lui-même. Le récit est aussi nimbé de mysticisme, mais il nous invite toutefois à observer les choses comme elles sont, au-delà donc des apparences. Pour cela, rien de tel que se laisser aller à une humble contemplation. Et la conclusion devrait, à mon avis, ne laisser personne indifférent...
Piccolo corpo
Film italien de Laura Samani (2021)
Une bien belle réussite pour un coup d'essai: la scénariste-réalisatrice soutient qu'elle n'a pas voulu donner à son travail des résonances contemporaines, mais vous n'êtes sûrement pas obligés de la croire ! Pour ma part, j'en retiens surtout une forme de poésie proche de celle que j'avais perçue il y a peu en regardant Heureux comme Lazzaro. Décalé dans l'Italie actuelle, L'été de Giacomo vous plaira peut-être...
Je n'ai pas eu envie de le voir.
RépondreSupprimerJe peux comprendre. Ce n'est pas le genre de film qui "attire".
RépondreSupprimerCependant, je peux également certifier qu'il y a beaucoup de belles choses.