mardi 14 décembre 2021

Petit frère

Quel bonheur ! Mis en confiance par une critique positive de Pascale et une bande-annonce pleine de jus, je suis allé voir Les magnétiques en imaginant découvrir une chronique de l'émergence des radios libres dans les années 80. Ouais... mais pas seulement: ce (premier) film s'est avéré bien plus riche ! L'une des grandes réussites du millésime !

Le récit nous transporte dans un petit village de France, à l'aube d'événements majeurs. 10 mai 1981: François Mitterrand est élu président de la République, le premier dirigeant orienté à gauche depuis Léon Blum en 1936-37-38 et Pierre Mendès France en 1954-55. Le lendemain, le 11 mai, le cancer emporte Bob Marley, à 36 ans seulement. Ces deux dates disent tout (ou presque) de l'idée même du film: raconter l'espoir d'une jeunesse et ses désillusions profondes. Pour cela, le scénario - volontairement écrit à six rédacteurs ! - présente Philippe, 20 ans, fils d'un patron de garage, et son frère aîné, Jérôme, écorché vif et rebelle rêvant d'une vie moins ordinaire. Ensemble, les deux garçons font donc de la radio, le plus âgé au micro et l'autre à la technique. Une belle répartition des rôles, mais un souci quand 1) Philippe tombe amoureux de Marianne, la copine de Jérôme et 2) il doit partir à Berlin pour effectuer douze mois de service militaire. Bon... je crois en avoir dit assez (et peut-être même trop). Sachez juste que la suite déploie une énergie folle et communicative !

Autant le signaler: Les magnétiques, c'est un sacré yoyo émotionnel ! J'attendais une "simple" comédie rythmée et j'ai eu droit à un film beaucoup plus solide sur les vicissitudes du passage à l'âge adulte. Très dur parfois, mais jamais plombant, ce long-métrage sort du lot grâce à sa forme épatante, à la hauteur finalement de son sujet complexe. La photo est souvent à tomber: je n'ai pu trouver d'image pour illustrer mon propos, mais la grisaille d'une certaine France périphérique n'a que trop rarement été aussi bien filmée. J'ajoute que, dans cette histoire où le son est décisif, le travail sur la musique et en fait tout l'aspect auditif du film sont absolument remarquables. Deux ou trois César à la fin de l'hiver à venir ne seraient pas usurpés. Atteindront-ils les interprètes ? Ce serait mérité aussi, en particulier pour le tout premier d'entre eux, Thimotée Robart, technicien du son pro, qui n'en est pourtant ici qu'à sa seconde apparition à l'écran. Comme lui, Marie Colomb et Joseph Olivennes sont incandescents. J'espère que l'on soufflera sur ce feu pour ne pas le laisser s'éteindre !

Les magnétiques
Film français de Vincent Maël Cardona (2021)
Un bel opus mélancolique, mais pas nostalgique: le réalisateur est âgé de 40 ans et, avec ses (jeunes) coscénaristes, parle donc... de l'année de sa naissance. Oui, il s'agit bien d'une belle inspiration collective ! D'ailleurs, à la toute fin, le ton est plutôt positif. Bien plus notamment que dans Tonnerre, autre beau film sur un amour né en terre rurale. Pour d'autres facettes, je comparerai le film à Leto (et/ou à Control).

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Un petit aparté...

Juste... le premier film avec Thimotée Robart était très beau aussi. Et hop ! J'en ai d'ailleurs déjà fait la chronique: il s'appelle Vif-argent.

Et pour finir...
Je dédie donc ce modeste texte à Pascale, la première dont les étoiles m'ont aussitôt donné envie de découvrir mon film du jour. Merci, toi !

2 commentaires:

  1. Oh merci ça ma touche.
    Encore plus parce que je crois comprendre que sans mon avis étoilé tu ne serais peut-être pas allé le voir.
    Tout le film est formidable et il y a quelques scènes électrisantes dont celles avec le bidouillage sur les sons.
    Une pluie de César n'est pas impossible en effet.

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  2. Hé hé ! Et moi, ça me fait plaisir !

    La BA m'avait vraiment tapé dans l'oeil, mais tes étoiles ont fini de me convaincre. Et je me suis dit que le film ne resterait pas éternellement sur les écrans ! Je suis donc allé le voir rapidement, la deuxième semaine après sa sortie.

    Oui, c'est un candidat sérieux au César du meilleur son. AU MOINS !
    En prime, celui de "meilleur espoir" à Thimotée Robart... et "meilleur premier film" !

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