C'est curieux: alors que François Truffaut est l'un des réalisateurs français que je connais le mieux, ses films continuent de m'étonner. Aujourd'hui, je vous propose un diptyque avec deux longs-métrages autour du personnage d'Antoine Doinel, personnage apparu dès 1959 dans Les 400 coups. Pour le suivre, nous retournerons donc à Paris...
Baisers volés (1968)
Antoine a grandi: il a désormais une vingtaine d'années et travaille dans l'armée. Enfin, en théorie, puisque son comportement rebelle cadre mal avec les besoins de la cause militaire. Chassé, le bougre retrouve sa vie d'avant et Christine Darbon, une fille qui lui plaisait. Très vite, on se rendra toutefois compte... qu'elle n'est pas la seule ! Insouciant, Antoine passe d'un petit boulot à un autre et a des coups de foudre successifs (qu'il a parfois un certain mal à "concrétiser"). Inutile que j'en dise plus si ce n'est pour souligner que cette intrigue est le moteur d'une surprenante - et ma foi très délicate - comédie. Souvent inspiré par sa propre vie, Truffaut s'amuse visiblement derrière la caméra et a trouvé en Jean-Pierre Léaud l'alter ego idéal. Claude Jade, elle aussi, s'avère excellente en vraie-fausse ingénue. Chaque second rôle est bien choisi, avec une mention particulière pour la grande Delphine Seyrig. Belle fiction sur la réalité de l'époque !
En bonus: vous pouvez lire aussi la chronique de "L'oeil sur l'écran".
Domicile conjugal (1970)
Attention à ne pas vous gâcher le plaisir de la découverte (complète) si vous n'avez pas vu le film précédent ! Truffaut avait certes tourné deux longs-métrages dans l'intervalle, mais il livre ici une suite immédiate aux aventures d'Antoine, à présent marié avec Christine. Ensemble, les tourtereaux ont même eu un petit garçon, que son père a prénommé Alphonse, alors que sa mère aurait préféré Ghislain. Antoine n'a pas changé: il vit d'expédients, a aussitôt pour son fils des ambitions pharaoniques et conserve une frivolité qui confine parfois à l'arrogance, ce qui peut alors le rendre assez antipathique. Bref, si c'est un autoportrait de Truffaut, il n'est pas complaisant ! Mon avis, maintenant: on renoue bien ici avec le ton enlevé du film premier, mais j'ai trouvé le personnage de Doinel moins attachant. Rien de grave. C'est logique, oui, et juste un peu frustrant pour moi. Je prendrai sûrement plaisir à le croiser encore. Une prochaine fois...
En bonus: je vous propose un lien, à nouveau vers "L'oeil sur l'écran".
----------
Juste un "détail" à ajouter...
Jean-Pierre Léaud n'avait que 24 ans à la sortie de Baisers volés. Claude Jade en avait encore 19 et François Truffaut 36. Jeunesses...
Soyons précis, voulez-vous ?
Pour compléter la série des Doinel, il me faudra tôt ou tard continuer sur la lancée: revoir Les 400 coups et voir L'amour en fuite (1979). Et Antoine et Colette, un segment du film L'amour à 20 ans (1962) ! Quant à vous, vous n'êtes pas tenus au même délai pour en reparler. Notez bien que l'ami Eeguab, vrai passionné, ne m'aura pas attendu...
Baisers volés (1968)
Antoine a grandi: il a désormais une vingtaine d'années et travaille dans l'armée. Enfin, en théorie, puisque son comportement rebelle cadre mal avec les besoins de la cause militaire. Chassé, le bougre retrouve sa vie d'avant et Christine Darbon, une fille qui lui plaisait. Très vite, on se rendra toutefois compte... qu'elle n'est pas la seule ! Insouciant, Antoine passe d'un petit boulot à un autre et a des coups de foudre successifs (qu'il a parfois un certain mal à "concrétiser"). Inutile que j'en dise plus si ce n'est pour souligner que cette intrigue est le moteur d'une surprenante - et ma foi très délicate - comédie. Souvent inspiré par sa propre vie, Truffaut s'amuse visiblement derrière la caméra et a trouvé en Jean-Pierre Léaud l'alter ego idéal. Claude Jade, elle aussi, s'avère excellente en vraie-fausse ingénue. Chaque second rôle est bien choisi, avec une mention particulière pour la grande Delphine Seyrig. Belle fiction sur la réalité de l'époque !
En bonus: vous pouvez lire aussi la chronique de "L'oeil sur l'écran".
Domicile conjugal (1970)
Attention à ne pas vous gâcher le plaisir de la découverte (complète) si vous n'avez pas vu le film précédent ! Truffaut avait certes tourné deux longs-métrages dans l'intervalle, mais il livre ici une suite immédiate aux aventures d'Antoine, à présent marié avec Christine. Ensemble, les tourtereaux ont même eu un petit garçon, que son père a prénommé Alphonse, alors que sa mère aurait préféré Ghislain. Antoine n'a pas changé: il vit d'expédients, a aussitôt pour son fils des ambitions pharaoniques et conserve une frivolité qui confine parfois à l'arrogance, ce qui peut alors le rendre assez antipathique. Bref, si c'est un autoportrait de Truffaut, il n'est pas complaisant ! Mon avis, maintenant: on renoue bien ici avec le ton enlevé du film premier, mais j'ai trouvé le personnage de Doinel moins attachant. Rien de grave. C'est logique, oui, et juste un peu frustrant pour moi. Je prendrai sûrement plaisir à le croiser encore. Une prochaine fois...
En bonus: je vous propose un lien, à nouveau vers "L'oeil sur l'écran".
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Juste un "détail" à ajouter...
Jean-Pierre Léaud n'avait que 24 ans à la sortie de Baisers volés. Claude Jade en avait encore 19 et François Truffaut 36. Jeunesses...
Soyons précis, voulez-vous ?
Pour compléter la série des Doinel, il me faudra tôt ou tard continuer sur la lancée: revoir Les 400 coups et voir L'amour en fuite (1979). Et Antoine et Colette, un segment du film L'amour à 20 ans (1962) ! Quant à vous, vous n'êtes pas tenus au même délai pour en reparler. Notez bien que l'ami Eeguab, vrai passionné, ne m'aura pas attendu...
Aprés une lecture attentive de votre chronique je n'y ai trouvé aucune trace d'instrument à vent , ni d' instrument de percussion, vous auriez donc pu l'intituler « sans tambour , ni trompette » ….
RépondreSupprimerTout à fait !
RépondreSupprimerMais, un peu d'autosatisfaction: j'aime bien mon titre, qui a lui aussi un petit côté musical...
Je l'ai vu hier (Jean-Pierre Léaud) dans le film "Mata Hari, agent H21", mais il ne s'appelait pas Antoine, c'était Absalon, le fils de la baronne du Maine! :)
RépondreSupprimerSinon, j'ai un gros retard sur les Doinel de Truffaut, je n'en ai vu aucun...
J'ai eu peur, j'ai cru que tu n'avais mis que 3 etoiles et demi aux 400 coups:-)
RépondreSupprimerCe sont effectivement de jolis films qui valent pour leurs merveilleux interprètes.
Et oui, cette jeunesse !
@Ideyvonne:
RépondreSupprimerPour Doinel, je te conseille de commencer par le début, avec "Les 400 coups". En précisant ce que tu sais peut-être déjà: c'est franchement moins badin que "Baisers volés".
Je n'ai vu que peu de films avec Jean-Pierre Léaud, un peu effarouché d'abord de sa réputation d'acteur "spécial". Moi, je l'aime bien, finalement, ce phrasé particulier qu'il peut avoir. Et peut-être que je verrai ton "Mara Hari" un jour, qui sait ?
Pour info, deux autres films avec lui chroniqués ici, parmi les plus récents: "Le lion est mort ce soir" et "La mort de Louis XIV". Malgré les apparences des titres en écho, le premier est moins funèbre que le second.
@Pascale:
RépondreSupprimerJe pense que "Les 400 coups" aurait facilement quatre étoiles. Ce sera à confirmer quand je le reverrai. Mon souvenir est celui d'un film dur, mais plus intéressant encore que les deux dont je parle ci-dessus. Et dire qu'au départ, je croyais qu'il s'agissait d'une comédie...
Je n'ai pas encore décidé ce que serait mon prochain Truffaut. J'aimerais revoir "L'enfant sauvage", aussi.
Je n'ai jamais vu les 400 coups. Mais va falloir combler cette lacune c'est sûr. En revanche j'aime beaucoup Baisers volés. C'est léger, plein d'humour, les personnages sont attachants. J'ai un peu moins de souvenirs de Domicile conjugal. Et malgré son collage, j'avais aussi bien apprécié L'amour en fuite. Me faudra voir l'ensemble sur un temps bref, c'est une expérience à faire.
RépondreSupprimerTu n'as pas vu "Les 400 coups" ? Voilà qui me donne envie... de le revoir !
RépondreSupprimerDe mémoire, tout de même, c'est vraiment différent, et ça saute aux yeux, puisque c'est en noir et blanc.
Je n'ai pas enchaîné tout de suite avec "L'amour en fuite", car près de dix ans s'étaient écoulés après "Domicile conjugal". Cela dit, comme tout, j'aime bien voir les séries de films dans un temps resserré pour le côté "expérience" que tu évoques avec justesse. J'ai fait ça avec la trilogie marseillaise de Pagnol pendant le premier confinement et cela m'a réchauffé le coeur.
Quand j'étais en prépa, je crois bien (3 ans durant, tout d'même), j'avais réussi à voir au cinéma toute la saga d'Antoine Doisnel. Et les DVD n'existaient pas, à l'époque...
RépondreSupprimerBelle performance !
RépondreSupprimerEt désolé de ne pas avoir réagi plus vite pour la saluer !