Vous lisez ce blog avec une certaine constance ? Il est donc possible que vous connaissiez déjà mon intérêt pour le thème des fantômes. C'est une vieille légende des peuples préhispaniques d'Amérique latine qui m'a conduit vers La Llorona: elle prétend que l'âme d'une femme dont les enfants sont morts erre afin de hanter le monde des vivants !
Mon film d'aujourd'hui est une oeuvre hybride: il s'appuie sur ce mythe et, dans le même temps, puise son inspiration dans un événement historique pour construire un scénario aussi intéressant qu'ambigu. Avant de le voir, je ne savais rien d'Efraín Ríos Montt: ce général guatémaltèque est arrivé au pouvoir après un coup d'État en 1982 et, en l'espace d'un an, a causé la mort de milliers de ses compatriotes d'origine indienne, en vertu de sa politique dite de "la terre brûlée". Bien plus tard, en 2013, il fut jugé coupable de génocide et de crime contre l'humanité, mais ne resta finalement qu'une nuit en prison avant d'être transféré dans un hôpital militaire. Et rapidement libéré !
La Llorona évoque très clairement le vieil homme, déchu et enfermé entre les murs de sa villa. Des manifestants siègent en permanence sous ses fenêtres: le monstre n'est plus entouré que par sa famille proche, un garde du corps et quelques domestiques. Ce sont les pleurs d'une femme qui, une nuit, le réveillent soudain: l'ancien dictateur soupire, se relève et manque alors d'abattre son épouse, venue voir ce qui se passait. La décision d'embaucher une nouvelle servante n'arrangera pas cette situation, au contraire. Et c'est là que le film devient très intéressant: ce qui aurait pu n'être qu'un brûlot politique prend des allures de long-métrage fantastique, aux marges du réel. Impeccables, les acteurs n'y sont pas pour rien, mais la mise en scène renforce cette impression d'une présence spectrale - et on frissonne. Sans effet gore pourtant, la peur s'infiltre et, avec elle, le cauchemar. N'ayez crainte: bien connaître le cadre historique n'est pas nécessaire. Selon moi, c'est en fait parce que le ton demeure d'une rare sobriété que tout cela est si efficace: la tension, elle, est presque constante...
La Llorona
Film guatémaltèque de Jayro Bustamante (2019)
Quatre ans après Ixcanul, le cinéaste - 44 ans depuis mai - s'affirme comme un talent à suivre. Ce quasi-huis clos m'en a bien convaincu ! L'amalgame du cinéma contemporain avec des récits traditionnels ancestraux fonctionne à merveille, pour peu qu'on s'y laisse prendre. Ensuite, vous aimerez peut-être aussi le fantôme de Vers l'autre rive ou, plus proche de nous, celui de A ghost story. Embarras du choix...
----------
Et pour mieux vous guider parmi les esprits...
Je suis persuadé que vous pouvez faire confiance à Pascale et Dasola.
Mon film d'aujourd'hui est une oeuvre hybride: il s'appuie sur ce mythe et, dans le même temps, puise son inspiration dans un événement historique pour construire un scénario aussi intéressant qu'ambigu. Avant de le voir, je ne savais rien d'Efraín Ríos Montt: ce général guatémaltèque est arrivé au pouvoir après un coup d'État en 1982 et, en l'espace d'un an, a causé la mort de milliers de ses compatriotes d'origine indienne, en vertu de sa politique dite de "la terre brûlée". Bien plus tard, en 2013, il fut jugé coupable de génocide et de crime contre l'humanité, mais ne resta finalement qu'une nuit en prison avant d'être transféré dans un hôpital militaire. Et rapidement libéré !
La Llorona évoque très clairement le vieil homme, déchu et enfermé entre les murs de sa villa. Des manifestants siègent en permanence sous ses fenêtres: le monstre n'est plus entouré que par sa famille proche, un garde du corps et quelques domestiques. Ce sont les pleurs d'une femme qui, une nuit, le réveillent soudain: l'ancien dictateur soupire, se relève et manque alors d'abattre son épouse, venue voir ce qui se passait. La décision d'embaucher une nouvelle servante n'arrangera pas cette situation, au contraire. Et c'est là que le film devient très intéressant: ce qui aurait pu n'être qu'un brûlot politique prend des allures de long-métrage fantastique, aux marges du réel. Impeccables, les acteurs n'y sont pas pour rien, mais la mise en scène renforce cette impression d'une présence spectrale - et on frissonne. Sans effet gore pourtant, la peur s'infiltre et, avec elle, le cauchemar. N'ayez crainte: bien connaître le cadre historique n'est pas nécessaire. Selon moi, c'est en fait parce que le ton demeure d'une rare sobriété que tout cela est si efficace: la tension, elle, est presque constante...
La Llorona
Film guatémaltèque de Jayro Bustamante (2019)
Quatre ans après Ixcanul, le cinéaste - 44 ans depuis mai - s'affirme comme un talent à suivre. Ce quasi-huis clos m'en a bien convaincu ! L'amalgame du cinéma contemporain avec des récits traditionnels ancestraux fonctionne à merveille, pour peu qu'on s'y laisse prendre. Ensuite, vous aimerez peut-être aussi le fantôme de Vers l'autre rive ou, plus proche de nous, celui de A ghost story. Embarras du choix...
----------
Et pour mieux vous guider parmi les esprits...
Je suis persuadé que vous pouvez faire confiance à Pascale et Dasola.
J'avais aimé mais avec le temps le souvenir s'est bien estompé.
RépondreSupprimerJ'ai vu un beau film du Costa Rica au Festival. J'adore voyager ainsi.
Bonsoir Martin, cette "pleureuse" m'avait plu. J'avais trouvé l'histoire très originale. Bonne soirée.
RépondreSupprimer@Pascale:
RépondreSupprimerTiens, je n'ai pas encore vu de film costaricain. Je t'envierais presque.
Effectivement, avec le cinéma, on peut faire fréquemment de très beaux voyages !
@Dasola:
RépondreSupprimerEn effet, c'est une histoire surprenante. Et ce d'autant plus qu'elle est inspirée de la réalité !