Anna, une amie qui connaît bien mieux le Japon que moi, m'a affirmé qu'il valait mieux ne pas le juger en fonction de l'humanisme des films d'Akira Kurosawa. Je n'ai cependant pas tergiversé bien longtemps avant de saisir l'occasion de voir le dernier long-métrage du maître. Lequel, à la sortie sur les écrans, avait tout de même déjà... 83 ans !
Madadayo est aussi l'histoire d'un vieil homme: le professeur Uchida. Alors qu'il a pris sa retraite, ses anciens élèves décident de lui rendre hommage chaque année, en l'invitant à participer à un repas festif organisé par le club qu'ils ont créé à cette fin. Je parlais d'humanisme et il y en a beaucoup dans ce film plutôt atypique dans la filmographie du cinéaste nippon. Il couvre plusieurs périodes et donne aux choses de la vie - un déménagement forcé, la disparition d'un chat, une santé déclinante... - une valeur considérable. Or, l'ensemble est orchestré de telle façon que le ton n'est jamais triste, ni même mélancolique. Je ne sais ce que le récit intègre d'autobiographique, mais j'ai pensé qu'il contenait une idée d'acceptation. Posé telle une énigme, le titre du film lui-même signifie "Pas encore prêt": c'est la réponse d'Uchida à la grande question du temps qui passe, avide qu'il reste d'apprécier son existence tant (et autant) qu'il le pourra. Onirique, l'ultime plan du long-métrage lui donne un autre sens, nous ramène vers l'enfance et reste l'un des plus beaux de l'histoire du cinéma. Une pure émotion.
Madadayo
Film japonais d'Akira Kurosawa (1993)
L'histoire retient qu'après cette oeuvre sublime, le cinéaste n'eut plus suffisamment de force pour mettre en images ses derniers scénarios. De fait, il est difficile d'imaginer qu'il aurait pu donner meilleur point final à sa carrière. Sa grande pudeur face au thème du vieillissement peut enrichir celle de Miss Daisy et son chauffeur ou celle d'Amour. Pour rester au Japon, je vous recommande La ballade de Narayama !
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Et en guise de conclusion...
Je suis surpris (et ravi) de pouvoir citer mes amis Eeguab et Vincent.
Madadayo est aussi l'histoire d'un vieil homme: le professeur Uchida. Alors qu'il a pris sa retraite, ses anciens élèves décident de lui rendre hommage chaque année, en l'invitant à participer à un repas festif organisé par le club qu'ils ont créé à cette fin. Je parlais d'humanisme et il y en a beaucoup dans ce film plutôt atypique dans la filmographie du cinéaste nippon. Il couvre plusieurs périodes et donne aux choses de la vie - un déménagement forcé, la disparition d'un chat, une santé déclinante... - une valeur considérable. Or, l'ensemble est orchestré de telle façon que le ton n'est jamais triste, ni même mélancolique. Je ne sais ce que le récit intègre d'autobiographique, mais j'ai pensé qu'il contenait une idée d'acceptation. Posé telle une énigme, le titre du film lui-même signifie "Pas encore prêt": c'est la réponse d'Uchida à la grande question du temps qui passe, avide qu'il reste d'apprécier son existence tant (et autant) qu'il le pourra. Onirique, l'ultime plan du long-métrage lui donne un autre sens, nous ramène vers l'enfance et reste l'un des plus beaux de l'histoire du cinéma. Une pure émotion.
Madadayo
Film japonais d'Akira Kurosawa (1993)
L'histoire retient qu'après cette oeuvre sublime, le cinéaste n'eut plus suffisamment de force pour mettre en images ses derniers scénarios. De fait, il est difficile d'imaginer qu'il aurait pu donner meilleur point final à sa carrière. Sa grande pudeur face au thème du vieillissement peut enrichir celle de Miss Daisy et son chauffeur ou celle d'Amour. Pour rester au Japon, je vous recommande La ballade de Narayama !
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Et en guise de conclusion...
Je suis surpris (et ravi) de pouvoir citer mes amis Eeguab et Vincent.
Merci Martin. J'avais oublié ce petit article sur cette expo parisienne. Tu as raison. Madadayo est un bien bel adieu du maître au cinéma. On a reproché plus ou moins à A.K. une certaine occidentalisation de ses films. Peut-être, mais que de chefs d'œuvre, parfois aidés du plus grand scénariste de l'histoire, William Shakespeare. Sur le vieillissement, mais pourquoi donc ce thème m'intéresse-t-il de plus en plus, pas mal de bons films dont mon si cher Umberto D.
RépondreSupprimerA bientôt.
Je t'en prie, mon ami: j'aurais aimé la voir avec toi, cette expo.
RépondreSupprimerPas question que, de mon côté, je reproche quoi que ce soit au grand Akira Kurosawa !
Merci de me (re)parler de ton cher "Umberto D.". C'est un film que je veux voir.
Peut-être bientôt. Ou peut-être - qui sait ? - à l'occasion de notre prochaine rencontre ?
En effet, cette fin est magnifique et fait pleurer. Et que la musique de Vivaldi est belle. L'occidentalisation des films de Kurosawa est une invention de journalistes. Sinon, Madadayo ne devait pas être le dernier film de Kurosawa. Il avait en projet un film sur une maison de Geishas qui aurait été très beau. Il l'avait même en partie story-boardé. Mais sa santé était déclinante et aucun producteur ne voulut courir le risque de le financer.
RépondreSupprimerAh ? Merci, Strum, pour cette anecdote. J'en ignorais tout ! Tant de choses à découvrir encore...
RépondreSupprimerEn fait, j'en étais resté à "Après la pluie", de Takashi Koizumi, réalisé après la mort d'Akira Kurosawa, mais dont il était le scénariste, si je ne me trompe pas.
Après la pluie est le scénario qu'il écrivait au moment de son accident après l'échec rencontré dans la production du film sur La maison de geishas (La Mer regarde), mais c'est bien La Mer regarde qu'il voulait réaliser d'abord et qu'il a storyboardé. J'avais vu le storyboard à l'exposition Kurosawa au Petit Palais en 2008.
RépondreSupprimerMerci pour toutes ces précisions, Strum. J'aimerais vraiment voir une expo Kurosawa.
RépondreSupprimerEt sachant que c'est loin d'être garanti, je vais m'efforcer de mieux explorer la filmo du maître !
Dit comme ça, ça me donne très envie. Et j'avais effectivement zappé cette petite note sans doute parce que je n'ai pas vu le film et que c'est difficile de parler d'un film qu'on n'a pas vu.
RépondreSupprimerMais je pense que "mon" Professeur Yamamoto est beaucoup plus désespérant et donne une image de la vieillesse qui ne donne pas envie de vieillir. Du tout.
Je vais peut-être finalement m'intéresser à ce film qui me semble bien beau.
J'espère sincèrement que tu trouveras une manière de le voir et qu'il te plaira autant qu'à moi. Ce n'est pas un film désespérant, ni désespéré, d'ailleurs, mais je trouve qu'il contient beaucoup de mélancolie (et de dignité). La fin est vraiment bouleversante. Enfin, tu verras. Oui, j'espère...
RépondreSupprimerPS: c'est vrai que c'est difficile de parler d'un film qu'on n'a pas vu. Ou même de ricocher d'un film à l'autre.