"Mes collaborateurs et moi-même n’avons eu qu’à lire les journaux pour trouver des éléments de documentation passionnants": j'ouvre ce billet avec une citation de Federico Fellini, liée à La dolce vita. Aujourd'hui perçu comme un classique, ce grand film italien était loin de faire consensus à sa sortie. Un autre temps... et d'autres moeurs !
Mai 1960: le film obtient la Palme d'or du 13ème Festival de Cannes. Présidé par Georges Simenon, le jury, lui, est unanime à ses côtés. Peut-être a-t-il été sensible au ton nouveau de ce long-métrage transalpin, très nettement détaché du courant néoréaliste dominant des productions d'après-guerre. OK, mais de quelle "douceur de vivre" parle-t-on exactement ? De celle qui attire les trentenaires italiens d'alors qui, à l'image du personnage de Marcello Mastroianni, veulent oublier les années fascistes et vivre une vie sans véritable contrainte. Évidemment, un tel propos dans l'Italie de l'époque, ça décoiffait ! Là-bas, le film fut interdit aux moins de 18 ans ! Et en France aussi...
Période de renouveau économique oblige, les jeunes gens des villes avaient pourtant quelques bonnes raisons de croire en leur avenir. Federico Fellini nous explique que, pour certains, revenir à la réalité quotidienne a pu s'avérer tout à fait brutal (et même parfois cruel). Ainsi, en une petite dizaine de séquences, La dolce vita montre-t-il que, malgré sa grande assurance et le charisme qu'il se croit capable d'imposer aux autres, son héros reste un homme très seul et enfermé dans sa misère affective. Marcello Mastroianni ? Il est excellent. Cependant, il serait bien injuste de réduire le film à cette prestation d'acteur: d'autres personnages sont superbement écrits et interprétés par une troupe de haute volée - dont Anouk Aimée, Yvonne Furneaux et Alain Cuny côté français. Les valeurs morales des sociétés latines ont sans nul doute évolué depuis, mais je trouve que le long-métrage demeure très moderne, notamment dans ce qu'il dit des conséquences d'un changement de génération ou des relations hommes-femmes. Deux grands sujets intemporels... et un film à voir ou à revoir, donc !
La dolce vita
Film italien de Federico Fellini (1960)
Vous aurez remarqué que je n'ai pas utilisé le mot "chef d'oeuvre". C'est évidemment volontaire: je me méfie de ce genre d'assertions. Disons que j'ai vu un grand film, assurément, et des plus importants dans le contexte cinématographique italien. Sur les conséquences négatives de l'essor économique, Il boom m'est apparu plus cinglant. On peut en rire avec Larmes de joie: le septième art à son plus haut !
----------
Sur le film du jour, pour finir...
Je vous recommande l'analyse de Strum (qui parle d'un film-monde). La chronique de "L'oeil sur l'écran" semble un peu moins enthousiaste.
Mai 1960: le film obtient la Palme d'or du 13ème Festival de Cannes. Présidé par Georges Simenon, le jury, lui, est unanime à ses côtés. Peut-être a-t-il été sensible au ton nouveau de ce long-métrage transalpin, très nettement détaché du courant néoréaliste dominant des productions d'après-guerre. OK, mais de quelle "douceur de vivre" parle-t-on exactement ? De celle qui attire les trentenaires italiens d'alors qui, à l'image du personnage de Marcello Mastroianni, veulent oublier les années fascistes et vivre une vie sans véritable contrainte. Évidemment, un tel propos dans l'Italie de l'époque, ça décoiffait ! Là-bas, le film fut interdit aux moins de 18 ans ! Et en France aussi...
Période de renouveau économique oblige, les jeunes gens des villes avaient pourtant quelques bonnes raisons de croire en leur avenir. Federico Fellini nous explique que, pour certains, revenir à la réalité quotidienne a pu s'avérer tout à fait brutal (et même parfois cruel). Ainsi, en une petite dizaine de séquences, La dolce vita montre-t-il que, malgré sa grande assurance et le charisme qu'il se croit capable d'imposer aux autres, son héros reste un homme très seul et enfermé dans sa misère affective. Marcello Mastroianni ? Il est excellent. Cependant, il serait bien injuste de réduire le film à cette prestation d'acteur: d'autres personnages sont superbement écrits et interprétés par une troupe de haute volée - dont Anouk Aimée, Yvonne Furneaux et Alain Cuny côté français. Les valeurs morales des sociétés latines ont sans nul doute évolué depuis, mais je trouve que le long-métrage demeure très moderne, notamment dans ce qu'il dit des conséquences d'un changement de génération ou des relations hommes-femmes. Deux grands sujets intemporels... et un film à voir ou à revoir, donc !
La dolce vita
Film italien de Federico Fellini (1960)
Vous aurez remarqué que je n'ai pas utilisé le mot "chef d'oeuvre". C'est évidemment volontaire: je me méfie de ce genre d'assertions. Disons que j'ai vu un grand film, assurément, et des plus importants dans le contexte cinématographique italien. Sur les conséquences négatives de l'essor économique, Il boom m'est apparu plus cinglant. On peut en rire avec Larmes de joie: le septième art à son plus haut !
----------
Sur le film du jour, pour finir...
Je vous recommande l'analyse de Strum (qui parle d'un film-monde). La chronique de "L'oeil sur l'écran" semble un peu moins enthousiaste.
Le bain de minuit d'Anita Ekberg dans la fontaine de Trévi , monument romain le plus visité encore aujourd'hui , fait partie des séquences iconiques du 7eme art. En 1992, année de la disparition de Mastroianni, la municipalité fit draper de noir les statues de la fontaine, bel hommage de la cité éternelle ou le reve et la réalité se rejoignent....
RépondreSupprimerMerci pour cette sympathique anecdote de plus, CC Rider. Vous êtes incollable !
RépondreSupprimerIl est probable que, le jour où j'irai à Rome, je fasse un saut pour voir la fontaine de Trevi. Mais je n'ai pas l'intention de me baigner dedans, tout de même. Je pense que je prendrai aussi un peu de temps pour aller voir la Bocca della verità.