vendredi 8 janvier 2021

À couteaux tirés

J'avais depuis un bon moment l'envie de renouer avec Dario Argento. Après une première expérience marquante, j'ai choisi de me pencher sur les débuts de l'Italien comme réalisateur, avec un grand classique au titre énigmatique et somptueux: L'oiseau au plumage de cristal. C'est ce film, paraît-il, qui a donné ses lettres de noblesse au giallo...

Vous connaissez ? Non ? D'abord inventé par Mario Bava, le giallo combine généralement intrigue policière, scènes d'horreur et érotisme diffus. L'idée est souvent de mettre en scène de jolies filles ciblées par un tueur sadique qui opère à l'arme blanche. Le héros de L'oiseau au plumage de cristal, Sam Dalmas, écrivain américain, vit à Rome. Une nuit, tandis qu'il rentre chez lui, il passe devant une galerie d'art. À l'intérieur, une lutte oppose la propriétaire des lieux et un inconnu vêtu de noir. Ce dernier s'éclipse avant que Sam ait pu s'interposer ! La femme agressée est finalement secourue à l'arrivée de la police. Ambiance tendue: un serial killer a déjà fait trois autres victimes. Sam, qui pense avoir entraperçu un détail troublant, fait donc l'objet d'un long interrogatoire et se décide à mener sa propre enquête. Autant vous le dire tout de suite: si vous avez besoin d'un scénario vraisemblable pour considérer un film, celui-là devrait vous déplaire. C'est en l'abordant comme un pur produit de son époque et du cinéma de genre que j'ai pris du plaisir à le regarder. Un plaisir... particulier !

Un simple constat: même si j'ai été content de revoir Tony Musante dans le rôle principal, ce n'est pas grâce à ses acteurs que le film sort du lot. Le reste du cast, entre figurants, beautés fatales et trognes patibulaires, ne me suffit pas davantage à expliquer le grand succès rencontré par cette production, ni son (actuel) statut d'oeuvre-culte. C'est du point de vue formel qu'il faut chercher de véritables raisons d'apprécier cet opus: derrière la caméra, Dario Argento est inspiré. C'est vrai qu'il est bien aidé par son directeur photo, Vittorio Storaro. Les images sont très évocatrices, les plans frappants et mémorables. Ce n'est pas tout: dans son équipe, le maître de l'angoisse en devenir compte un énième allié de choix en la personne d'Ennio Morricone. Parler intelligemment de la B.O. de L'oiseau au plumage de cristal relève pour moi de la gageure, mes connaissances et références musicales me paraissant par trop limitées. Reste que la composition "fonctionne" parfaitement, colle au récit et y ajoute un supplément d'étrangeté. C'est sans doute encore plus net dans une salle obscure...
 
L'oiseau au plumage de cristal
Film italien de Dario Argento (1970)

J'insiste sur un point: je pensais voir couler le sang, mais il est clair que le film s'est avéré moins gore que je n'avais pu le présupposer. Cela lui vaut une quatrième étoile pleine et vient renforcer mon envie de pousser plus loin ma découverte des oeuvres de Dario Argento. J'avais déjà chroniqué Suspiria ! On peut aussi citer Brian DePalma pour comparaison: cf. Carrie (1976) ou Blow out (1981), notamment.

10 commentaires:

  1. S'il est un genre qui ne m'intéresse pas du tout c'est bien celui-ci. Mais si j'ai vu Carrie et Blow up, je crois n'avoir rien vu de Dario en tant que réalisateur.

    ce n'est par ses acteurs
    Manque t'il un que ou un pas... Je pencherai pour le pas, à la lecture du reste.

    RépondreSupprimer
  2. Tout d'abord "Bonne année",...
    Pour faire le tour de la production de l'ami Dario je conseille « Les frissons de l'angoisse » , avec David « Blow out » Hemmings et « Inferno » qui frappe par sa violence et les choix esthétiques du réalisateur , dans une surenchère d'effet audiovisuels frôlant parfois l'insupportable, mais toujours dignes d’intérêt.

    RépondreSupprimer
  3. En voilà qui traîne depuis longtemps sur ma pile "à voir". Ton billet m'incite à me pencher sur ce film, qui sera ma porte d'entrée sur l'univers de Dario Argento. Merci, Martin !

    RépondreSupprimer
  4. @Pascale:

    Merci pour ton regard: cela m'a permis de corriger cette erreur d'inattention.
    Je peux comprendre ton désintérêt pour le genre, mais on est ici proche d'un thriller à l'américaine.

    RépondreSupprimer
  5. @CC Rider:

    Merci, bonne année à vous aussi, avec un maximum de films enthousiasmants !
    Je note vos conseils dans la filmo de Dario Argento, mais mon prochain devrait être "Opéra".

    RépondreSupprimer
  6. @Laurent:

    Oh ! Cool ! J'espère que tu le chroniqueras et/ou que tu viendras nous donner ton avis après coup.
    Ma porte d'entrée à moi aura été "Suspiria" (celui de 1977, bien sûr). Je te le conseille également.

    RépondreSupprimer
  7. Bon début d'année ! Si tu as aimé celui-ci, les deux suivants sont de la même eau. Ayant tout vu ou presque (manque "Le cinque giornate"), je te conseille aussi dans la dernière période, plus faible "Le sang des innocents" et surtout "Le Syndrome de Stendhal", le premier que j'ai vu en salle avec sa fille, superbe.

    RépondreSupprimer
  8. Merci pour tous ces conseils, cher ami ! J'ai encore plein de films à découvrir !
    Je vois que tu parles de tout cela en spécialiste. J'y reviendra tôt ou tard, c'est sûr.

    RépondreSupprimer
  9. Très bon film que ce premier Argento en effet, même s'il fera encore mieux avec Les Frissons de l'angoisse. J'aimerais bien le revoir, ne fut-ce que pour la première scène.

    RépondreSupprimer
  10. Je n'ai pas d'opportunité immédiate pour voir "Les frissons de l'angoisse".
    Cela dit, je note ta recommandation. Et, comme je disais, je reste sous l'emprise de "Suspiria" !

    RépondreSupprimer