C'est un tort qu'il faudra réparer: je crois n'avoir encore lu aucun livre de Boris Vian. Cela ne m'a pas empêché de voir L'écume des jours. Début 2014, le talentueux Michel Gondry s'emparait de cette histoire poétique pour en faire un film à sa façon. Je vous parle aujourd'hui d'une version sortie en 1968 - avec Jacques Perrin en tête d'affiche...
J'ai vu un film qui pourrait aussi bien être un morceau de jazz, libre et virevoltant, avec également une certaine dose de mélancolie. Colin, inventeur romantique d'un piano très bizarre, est fou amoureux de Chloé, qu'il ravit à un couvent et épouse en quatrième vitesse. Heureux comme un enfant, il veut pousser son ami Chick à convoler avec la douce Alise qui lui fait de l'oeil (mais ce n'est pas si simple). L'insouciance fait long feu: Chloé tombe malade et un médecin annonce à Colin, effaré, qu'un nénuphar grandit dans ses poumons. Pour éviter qu'il se développe, il faut... empêcher la belle de boire ! Conseil: surtout, ne cherchez pas dans ce Paris joliment reconstitué quelque chose qui puisse vous rappeler la capitale d'aujourd'hui. Même si des libertés ont pu être prises avec le roman, cette Écume des jours de cinéma ouvre grand les portes d'une ville imaginaire. C'est d'ailleurs l'aspect du long-métrage que j'ai préféré, à vrai dire...
Si j'ai été séduit, c'est, je crois, parce que je ne m'y attendais pas. Avoir choisi d'appréhender ce récit "à l'aveuglette" était une idée intelligente, qui m'a en fait permis de tout prendre au premier degré. Débarrassé de mon souci de réalisme, j'ai plongé dans cette histoire tragico-décalée, sans chercher à la faire rentrer dans une case cinématographique - ou artistique, au sens le plus large - particulière. Cela a laissé le champ libre à un maximum d'interprétations possibles ou au plaisir de la simple contemplation. J'ai d'ailleurs été enchanté de revoir quelques visages connus, à l'image de Marie-France Pisier, Bernard Fresson ou Sami Frey, et de découvrir la jolie Annie Buron dans le premier rôle féminin. Ouvrez vos oreilles: la bande originale de L'écume des jours vient encore sublimer ces images aux couleurs vives. Sortie discrètement en juin dernier, c'est une copie restaurée qui circule actuellement sur les sites de streaming et les supports numériques. D'aucuns estiment que Mai 68 a coupé ce long-métrage d'une partie de son public. Raison de plus pour le (re)voir, désormais !
L'écume des jours
Film français de Charles Belmont (1968)
Pas un incontournable, mais un joli objet de cinéma un peu vintage. Peut-être m'incitera-t-il à lire enfin le roman, plus imaginatif encore. Allez savoir si un film comme Le fabuleux destin d'Amélie Poulain n'a pas pioché ici quelques vagues sources d'inspiration esthétique. Pour l'histoire d'amour triste, je vois également un parallèle possible avec Les parapluies de Cherbourg. Comparaison audacieuse, oui...
J'ai vu un film qui pourrait aussi bien être un morceau de jazz, libre et virevoltant, avec également une certaine dose de mélancolie. Colin, inventeur romantique d'un piano très bizarre, est fou amoureux de Chloé, qu'il ravit à un couvent et épouse en quatrième vitesse. Heureux comme un enfant, il veut pousser son ami Chick à convoler avec la douce Alise qui lui fait de l'oeil (mais ce n'est pas si simple). L'insouciance fait long feu: Chloé tombe malade et un médecin annonce à Colin, effaré, qu'un nénuphar grandit dans ses poumons. Pour éviter qu'il se développe, il faut... empêcher la belle de boire ! Conseil: surtout, ne cherchez pas dans ce Paris joliment reconstitué quelque chose qui puisse vous rappeler la capitale d'aujourd'hui. Même si des libertés ont pu être prises avec le roman, cette Écume des jours de cinéma ouvre grand les portes d'une ville imaginaire. C'est d'ailleurs l'aspect du long-métrage que j'ai préféré, à vrai dire...
Si j'ai été séduit, c'est, je crois, parce que je ne m'y attendais pas. Avoir choisi d'appréhender ce récit "à l'aveuglette" était une idée intelligente, qui m'a en fait permis de tout prendre au premier degré. Débarrassé de mon souci de réalisme, j'ai plongé dans cette histoire tragico-décalée, sans chercher à la faire rentrer dans une case cinématographique - ou artistique, au sens le plus large - particulière. Cela a laissé le champ libre à un maximum d'interprétations possibles ou au plaisir de la simple contemplation. J'ai d'ailleurs été enchanté de revoir quelques visages connus, à l'image de Marie-France Pisier, Bernard Fresson ou Sami Frey, et de découvrir la jolie Annie Buron dans le premier rôle féminin. Ouvrez vos oreilles: la bande originale de L'écume des jours vient encore sublimer ces images aux couleurs vives. Sortie discrètement en juin dernier, c'est une copie restaurée qui circule actuellement sur les sites de streaming et les supports numériques. D'aucuns estiment que Mai 68 a coupé ce long-métrage d'une partie de son public. Raison de plus pour le (re)voir, désormais !
L'écume des jours
Film français de Charles Belmont (1968)
Pas un incontournable, mais un joli objet de cinéma un peu vintage. Peut-être m'incitera-t-il à lire enfin le roman, plus imaginatif encore. Allez savoir si un film comme Le fabuleux destin d'Amélie Poulain n'a pas pioché ici quelques vagues sources d'inspiration esthétique. Pour l'histoire d'amour triste, je vois également un parallèle possible avec Les parapluies de Cherbourg. Comparaison audacieuse, oui...
Je crois bien ne pas l'avoir vu, j'ai vu le film de Gondry, que j'ai aimé.
RépondreSupprimerMais j'HALLUCINE ! Tu n'as jamais... RIEN lu de Boris ???
Je suis sur le uc !
Tu vas le dévorer l'Ecume !
J'aimerais bien voir le Gondry, désormais.
RépondreSupprimerEt lire le bouquin, aussi (ou un autre de Vian), mais pas tout de suite.
Pour info, j'ai découvert cet auteur par la chanson.
"J'suis snob", "La java des bombes atomiques", "La complainte du progrès"... j'aime beaucoup.
Bonjour Martin. Lors d'un très ancien ciné-club, nous avions reçu Charles Belmont pour ce film. Mais il ya 25 ans de cela. Sur le film lui-même je n'ai plus guère d'impressions. A bientôt. Je n'ai pas vu le film de Gondry.
RépondreSupprimerMerci pour cette trouvaille, Martin, je ne savais pas qu'une précédente adaptation avait été réalisée. Un livre que j'avais adoré jeune adolescent mais je ne sais pas ce qu'il en serait aujourd'hui.
RépondreSupprimer@Eeguab:
RépondreSupprimerSalut, l'ami, et merci pour cette jolie anecdote ! Je t'avoue humblement que je n'avais jamais entendu parler de ce réalisateur avant. Ni même du film, d'ailleurs !
Le Gondry me tente, mais pas dans l'immédiat. Je crois que je commencerai plutôt avec le bouquin.
@Strum:
RépondreSupprimerOui, ce qui nous touche quand on est ado ne "fonctionne" plus toujours à l'âge adulte.
Cela dit, je serais curieux de ton avis sur le film: j'espère que tu auras l'occasion de le voir.