dimanche 30 août 2020

Deux soeurs

Ce qui m'a attiré vers mon film d'aujourd'hui ? La langue portugaise ! Comme je vous l'ai sûrement déjà dit ou laissé entendre, sa sonorité particulière me plaît beaucoup. Je vous rassure: La vie invisible d'Eurídice Gusmão a bien d'autres qualités. Mais je n'ai pas cherché trop de détails sur le scénario avant de le regarder. J'étais confiant...

Guida et sa soeur Eurídice ont 18 et 20 ans dans le Brésil de 1951. Elles s'entendent à merveille. Du coup, et même si elle trouve Guida déraisonnable, Eurídice accepte de la "couvrir" auprès des parents. C'est-à-dire qu'un soir où la famille reçoit, elle corrobore le mensonge de sa frangine, qui prétend être souffrante... et quitte le foyer familial pour filer rejoindre un garçon, un marin grec en escale à Rio. Surprise: l'escapade d'une nuit clandestine se transforme en départ durable, la cadette frivole décidant finalement de rejoindre l'Europe avec son amant. Le tout premier acte d'un drame presque classique. Pas question pour moi d'entrer dans les détails, mais je peux révéler ceci: si La vie invisible d'Eurídice Gusmão sort du lot, c'est je crois parce qu'il dresse non pas le portrait d'une femme, mais celui d'un duo féminin, sur la base de destins entrelacés. Les croisements successifs et les ellipses temporelles nécessitent d'être attentif, mais le travail de montage s'avère plutôt efficace: on est jamais tout à fait perdu dans cette narration complexe, oui, mais des plus agréables à suivre !

Pas besoin d'être un spécialiste de l'histoire brésilienne: les thèmes abordés par le film me paraissent assez universels pour être compris d'un public non-expert. Il se peut évidemment que le long-métrage fasse parfois écho à la situation du pays aujourd'hui, mais je pense que c'est vraiment très loin d'être son ambition première. La vie invisible d'Eurídice Gusmão est avant tout un mélodrame (assumé) et l'adaptation à l'écran du roman éponyme, que j'espère pouvoir lire désormais. J'ajoute que les comédiennes qui tiennent les rôles principaux - Júlia Stockler / Guida et Carol Duarte / Eurídice - s'avèrent on ne peut plus convaincantes: une très belle découverte. Derrière leurs personnages, il serait injuste de ne pas citer la galerie de protagonistes intéressants, portée par de bon(ne)s comédien(ne)s. Leur sobriété renforce la force d'une intrigue qui s'appuie beaucoup sur le temps qui passe et ne se rattrape pas: émotions garanties. Notez que le film a reçu le Prix Un certain regard à Cannes, l'an passé. Et ? Je serais ravi que cela achève de vous convaincre de le regarder !

La vie invisible d'Eurídice Gusmão
Film brésilien de Karim Aïnouz (2019)

Vous aurez remarqué que j'octroie la note quasi-parfaite à ce film pertinent et juste: j'assume ! J'aime le cinéma qui prend son temps pour faire vieillir ses personnages: ici, deux heures presque et demie. Sur un autre sujet, Le secret de Brokeback Mountain m'est revenu en mémoire, tant pour l'émotion que pour cet aspect "mini-fresque". Côté mélos, voir aussi Coming home ou Quand passent les cigognes.

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Un duo féminin à l'écran, un autre à la critique...

Oui: vous pourriez désormais apprécier les avis de Pascale et Dasola.

4 commentaires:

  1. Je suis d'accord. Un GRAND et BEAU film que nous ne sommes sans doute pas très ombreux à avoir vu.
    Un beau mélo souvent déchirant.
    J'aimerais le revoir et lire le livre... mais il y a tant à faire.

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  2. Tu as vu juste: le film n'a pas connu le succès dans les salles françaises (78.270 entrées).
    Là encore, je suppose qu'il n'a été très défendu et qu'il n'a été diffusé que dans peu de cinémas...

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  3. Bonjour Martin, merci pour le lien et pour ce billet sur un film qui est passé trop inaperçu à mon goût. Les deux actrices principales sont très bien. Bonne journée.

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  4. Pas de quoi, Dasola, et merci à toi d'être venue me lire.
    Nous sommes d'accord sur le film: il mériterait en effet d'être mieux connu.

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