lundi 20 juillet 2020

Le choix du canapé

Golshifteh Farahani aurait affirmé un jour qu'elle était bien capable de tout jouer... "sauf une Suédoise". Je ne suis pas arrivé à vérifier l'authenticité de cette citation, mais, pour tout dire, elle m'amuse. C'est donc sans problème que j'ai accepté de voir la belle Iranienne dans Un divan à Tunis. Aussi crédible que (presque) partout ailleurs !

Après quelques années d'exil en France, Selma revient dans son pays d'origine avec la ferme intention d'ouvrir un cabinet de psychanalyse sur le toit de la maison de son oncle ! Ce qui peut paraître farfelu s'avère finalement une bonne idée car, depuis l'épisode du Printemps arabe et la chute du président Ben Ali, les Tunisien(ne)s ont besoin d'écoute et de compréhension, leur parole étant soudain plus libre qu'elle ne l'avait été auparavant. Sur cette base, je m'étais imaginé que le film tournerait vite à la farce, mais je me suis rendu compte que je m'étais quelque peu fourvoyé. Sans renoncer à un humour gentiment caustique, Un divan à Tunis est plutôt une sorte de fable qu'une comédie. Parfois un tantinet décousu, le scénario a le mérite d'une certaine originalité et il m'a donc offert un assez bon moment...

Ce n'est pas un coup de maître, mais, en tant que tout premier film d'une jeune réalisatrice, un essai plutôt concluant et, dès lors, digne d'être salué. Je note - sans en être vraiment surpris - que la cinéaste est passée par le programme d'écriture de la Fémis, la célèbre école de cinéma parisienne. Plus étonnant, avant de réorienter sa carrière vers le septième art, Manele Labidi avait étudié les sciences politiques et travaillé dans la finance. C'est peut-être aussi pour cela qu'Un divan à Tunis sait également se montrer profond et sérieux. Est-il par ailleurs réaliste ? Tout à fait incapable d'évaluer la situation réelle de la Tunisie aujourd'hui, je crois mieux de dire "crédible". L'optimisme s'impose toutefois comme le message essentiel, la chute de l'histoire montrant une héroïne souriante et visiblement apaisée. Cette conclusion légère nous permet d'échapper à un prêchi-prêcha politique: c'est bien ainsi. Il ne semble pas nécessaire d'en rajouter...

Un divan à Tunis
Film franco-tunisien de Manele Labidi (2019)

Bon... ce n'est que le quatrième film tunisien évoqué sur les Bobines. Printemps tunisien se passe juste avant et La belle et la meute s'avère beaucoup plus sombre - à vous d'y revenir si ça vous tente. Dans le film du jour, j'ai retrouvé la tonalité très légèrement décalée d'un autre, lui aussi venu du Maghreb : Le miracle du saint inconnu. C'est certain: le cinéma (nord-)africain a des choses à nous raconter !

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Vous aimeriez aller plus loin ?
OK: vous pouvez compléter mon avis avec ceux de Pascale et Dasola.

4 commentaires:

  1. Un film charmant et profond parfois.
    Une comédie réussie, c'est rare.
    Il démontre aussi les aberrations administratives.
    Le flic est TRÈS bien.
    Golshifteh est parfaite.
    Et je te confirme qu'elle a bien dit qu'elle pouvait tout jouer sauf une suédoise... peut-être a t'elle ajouté. C'était à Quotidien, elle y était formidable et je l'ai revue récemment dans les meilleurs moments diffusés actuellement. Elle dit qu'elle peut jouer toutes les nationalités car elle est un singe qui peut parler toutes les langues.
    Elle a une grande ouverture d'esprit.

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  2. Nous sommes d'accord en tous points, sur ce coup-là.
    Merci à toi de me confirmer la citation de Golshifteh. Avec le "peut-être, c'est encore mieux !

    J'ai vraiment bien aussi aimé les personnages secondaires / patients de Selma.

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  3. Bonjour Martin, un film sympa et plein de bonne humeur. Cela fait du bien. Merci pour le lien.

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  4. Pas d'quoi, Dasola, c'est toujours avec plaisir. Nous sommes d'accord sur le film.
    Sans vouloir spoiler, je pointe tout de même une sérieuse remise en question pour Selma.

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