Je l'ai déjà dit à plusieurs reprises: des films français ont pu sortir pendant la Seconde guerre mondiale. À défaut d'éléments historiques précis, j'espère vous motiver à découvrir Battement de coeur, visible dans les salles dès février 1940 (le pays n'était pas encore occupé). J'ai trouvé cet opus d'une étonnante - et très agréable - insouciance...
La jeune et jolie Arlette est une drôle de gamine, orpheline et sortie de maison de correction. Après un bref entretien, elle intègre l'école d'un dénommé Aristide, le meilleur des spécialistes... du vol à la tire ! Malgré de belles prédispositions pour le mensonge, la demoiselle conserve un défaut majeur pour la pratique: l'idée même de dépouiller son prochain lui donne des scrupules. Son premier essai sur le terrain s'achève sur un fiasco: la belle tombe entre les mains d'un diplomate douteux, qui la transforme en héritière et veut exploiter ses talents de pickpocket à son seul bénéfice ! C'est ainsi qu'à un luxueux bal réunissant la bonne société, Arlette tombe entre les mains (ravies) d'un autre ambassadeur, plus jeune et bien sûr follement séduisant. Onze lignes de pitch vous suffiront, j'espère: j'ajoute sans attendre que, dans le rôle-clé de cette gentille comédie, Danielle Darrieux pétille et réalise de vraies prouesses, du haut de ses éternels 22 ans. Visiblement, le film a été réalisé pour elle par son mari Henri Decoin. C'est une sucrerie à la Audrey Hepburn (avant l'heure). Un pur plaisir !
C'est à juste titre que les esthètes soulignent aussi la parenté du film avec le meilleur de la comédie américaine de l'époque. Le rythme soutenu du récit et sa fluidité sont pour beaucoup dans son efficacité. Et le fait est que "DD" est bien entourée, seule personnalité féminine forte parmi tous ces messieurs bien habillés: le beau Claude Dauphin s'avère un efficace sparring partner, mais ce serait leur faire injure d'oublier Saturnin Fabre, André Luguet, Jean Tissier et Julien Carette. Honnêtement, je connais encore fort mal le cinéma et les comédiens de cette époque lointaine, mais je tire souvent de belles satisfactions de leur découverte. Pour utiliser un adjectif que je ne "dégaine" qu'après réflexion, Battement de coeur est tout à fait primesautier. Le prendre trop au sérieux serait une erreur: c'est sa fantaisie fondamentale qui fait l'essentiel de son charme, 80 ans plus tard. Danielle Darrieux, bien sûr, imprime à elle seule la pellicule de façon remarquable: déjà expérimentée, elle atteindra bientôt le plus haut de sa notoriété de jeune star. Oui, c'est logique et tout à fait mérité !
Battement de coeur
Film français d'Henri Decoin (1940)
Quatre étoiles déterminées pour distinguer ce petit bonheur vintage. J'ai parlé d'Audrey Hepburn: elle est pour moi la parfaite incarnation de la princesse hollywoodienne, à retrouver dans Vacances romaines ou Sabrina, par exemple. J'ai bien conscience que ce sont des films des fifties. Battement de coeur s'inscrit donc plutôt dans la lignée précoce et le cousinage des Capra / Lubitsch. On a vu pire référence !
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Et si vous voulez en savoir plus...
Je vous renvoie à l'excellente analyse livrée par notre très cher Strum. Lui - de "L'oeil sur l'écran" - ne partage pas ce même enthousiasme...
Battement de coeur
Film français d'Henri Decoin (1940)
Quatre étoiles déterminées pour distinguer ce petit bonheur vintage. J'ai parlé d'Audrey Hepburn: elle est pour moi la parfaite incarnation de la princesse hollywoodienne, à retrouver dans Vacances romaines ou Sabrina, par exemple. J'ai bien conscience que ce sont des films des fifties. Battement de coeur s'inscrit donc plutôt dans la lignée précoce et le cousinage des Capra / Lubitsch. On a vu pire référence !
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Et si vous voulez en savoir plus...
Je vous renvoie à l'excellente analyse livrée par notre très cher Strum. Lui - de "L'oeil sur l'écran" - ne partage pas ce même enthousiasme...
Magnifique carriére que celle de Miss Darrieux. Pour se reconnecter au cinéma français de ces années là, guidé par un spéciaiste...: "voyage au coeur du cinéma français" de Bertrand Tavernier , 3H15 de cinéma et de commentaires éclairés. Un vrai régal pour découvrir ou redécouvrir notre patrimoine cinématographique
RépondreSupprimerJ'ai encore beaucoup à découvrir sur Danielle Darrieux !
RépondreSupprimerPour ce qui est du film de Tavernier, je l'ai vu, beaucoup aimé et chroniqué.
J'aimerais bien qu'un épisode 2 sorte dans les cinémas, mais c'est une autre histoire...
Délicieuse et mutine DD avec sa bouille encore enfantine.
RépondreSupprimerJe ne sais plus si j'ai vu ce film.
Où l'as tu pécho ?
Et tu as raison, c'est notre Audrey Hepburn.
J'ai vu le film sur OCS. Une bonne petite surprise de la chaîne OCS Géants.
RépondreSupprimerUne différence d'âge avec Audrey, tout de même: en 1940, Hepburn avait 11 ans.
J'assume ma comparaison, mais Danielle Darrieux avait tout de même un registre de jeu très étendu.
J'en reparlerai bientôt, sans doute, et j'espère découvrir d'autres de ses premiers films. En précisant qu'elle a 23 ans dans "Battement de coeur" et, qu'avant cela, elle en avait déjà fait - si j'ai bien compté - une petite trentaine !
Merci pour le lien Martin. Oui, une comédie sensationnelle, l'une des meilleures du cinéma français d'avant-guerre, quasi-lubitschienne.
RépondreSupprimerPas d'quoi, Strum, d'autant que, dans mon souvenir, c'est toi qui m'a fait connaître le film.
RépondreSupprimerAudrey Hepburn... ou Katharine souvent pour son effronterie et son verbe haut ! Merci Martin pour ce partage d'impressions...
RépondreSupprimerAvec plaisir, Inconnu, j'aime toujours autant confronter les points de vue sur le cinéma.
RépondreSupprimerVous l'aurez compris: dans le film qui nous occupe aujourd'hui, je trouve le jeu de Danielle Darrieux acidulé "à la Audrey Hepburn" (qui, sauf erreur, nous offrira des numéros de charme de ce type une grosse dizaine d'années plus tard). La comparaison avec Katharine me semble tout à fait valable aussi, a fortiori parce qu'elle est arrivée plus tôt. Mais, pour ce que j'en connais, elle se montre généralement plus piquante.