lundi 13 avril 2020

Tout schuss

Un Algérien sur des skis: c'est finalement tout ce que je connaissais de Good luck Algeria avant de le regarder. Il m'arrive encore parfois de "tomber" sur une petite perle cinématographique, portée à la fois par une jolie histoire et par une mise en scène conçue sans esbroufe. Face à l'omniprésence des images, ce constat me rassurerait plutôt...

Samir, un Français d'origine algérienne, s'est associé avec Stéphane, un ancien champion, pour créer une entreprise de fabrication de ski de très haute qualité. Seulement voilà... les commandes se font rares et, plantés par un gros client, les deux copains manquent d'argent pour honorer leurs nombreuses dettes. C'est alors que Stéphane imagine un stratagème: encourager Samir à reprendre la nationalité algérienne de son père... pour offrir à leur société un coup de pub d'ampleur internationale, en participant aux Jeux olympiques. Inutile d'en dire plus, à mon avis, si ce n'est donc que Good luck Algeria m'aura très agréablement surpris. Un petit film (très) attachant, oui !

Au-delà de l'anecdote - réelle ! - de départ, cette gentille comédie sociale se distingue aussi parce qu'elle reflète le questionnement identitaire d'un homme qui avait presque tourné le dos à ses racines. Les problématiques de double appartenance sont posées avec humour et bienveillance: ça fait du bien. Il faut dire que les comédiens rassemblés pour l'occasion nous offrent collectivement une prestation habitée de très bon niveau: Sami Bouajila, Chiara Mastroianni, Hélène Vincent, Bouchakor Chakor Djaltia et Franck Gambastide méritent tous les éloges, car ils se montrent tous d'un grand naturel. Pour l'anecdote, au départ de Grenoble et de ses environs, une partie de Good luck Algeria a été tournée... au Maroc. Une histoire d'assurance impossible à obtenir pour l'Algérie, un ressortissant français ayant été égorgé dans les Aurès quelque temps auparavant. Rassurez-vous: la crédibilité du long-métrage et son atmosphère joyeuse n'en pâtissent nullement. L'absence de tout manichéisme dans le récit est à mon sens un autre de ses atouts. Oui, quel plaisir !

Good luck Algeria
Film franco-belge de Farid Bentoumi (2016)

Plus qu'une comédie, un vrai récit humaniste, comme je les aime. C'est un petit film, mais ses valeurs et l'investissement de ses acteurs le tirent résolument vers le haut. Comme une adaptation française des films de la débrouille du cinéma social britannique - je suggère une (audacieuse) comparaison avec Looking for Eric, par exemple. On est loin de l'humour potache d'un Rasta Rockett. Et... tant mieux !

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Un soupçon d'ironie...
Pour finaliser le tour du Maghreb, on pourra relever que Sami Bouajila est d'origine... tunisienne. Dans le film, Samir fête son anniversaire. Sur le gâteau, il est écrit "Sami": sa mère peste alors que le pâtissier soit toujours incapable d'écrire le nom de son fils sans faire de faute !

Vous voulez prendre une autre piste ?
Pas de problème: c'est notamment possible grâce à Dasola et Laurent.

2 commentaires:

  1. Je ne l'avais pas vu pourtant J'ADORE Sami Bouajila que je trouve largement aussi bon que son collègue Rochsdy qui prend (et bien) toute la lumière.
    Cet acteur me touche beaucoup. Je l'ai déjà croisé dans les rues lors d'un festival. Je n'ai pas osé lui parler pour ne pas perturber sa solitude.
    Je l'ai vu la semaine dernière dans Ce soir je vais tuer l'assassin de mon fils où il etait encore formidable.

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  2. Pour le peu que j'ai pu voir, Sami est pour moi encore meilleur que Roschdy ! Dans ce film, il est vraiment très juste, dans toutes les facettes d'un joli rôle. Bref, tu l'auras compris: si tu n'as pas vu ce film, je te conseille vivement de le mettre dans ta liste des "à rattraper".

    Tu as une très noble façon de ne pas oser parler aux artistes que tu croises. Moi, en quelques rares occasions, c'est sans doute par simple crainte d'être rejeté (ou déçu) que je n'ai pas osé. Pas de regret vraiment, juste une petite pointe à l'égard de Jean Rochefort...

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