jeudi 30 avril 2020

La fin de leur histoire

J'ai eu - et donc saisi - l'occasion de découvrir Marriage story. Présenté en totale exclusivité sur la plateforme VOD Netflix, ce film en est un peu le fer de lance et figurait parmi les candidats à l'Oscar en février dernier. Son casting a des arguments: Scarlett Johansson, Laura Dern, Adam Driver, Ray Liotta, Alan Alda... de très bons choix !

Tout démarre avec une série d'images de Nicole, Charlie et Henry. Cette petite famille a l'air très harmonieuse, d'autant qu'une voix off masculine énumère chaque qualité de Nicole, avant qu'une autre, féminine, ne cite une à une celles de Charlie. Il s'agit d'une ouverture trompeuse: quand la caméra cesse de virevolter, nous atterrissons dans le cabinet d'un médiateur conjugal. Car oui, le couple heureux dont nous venons d'observer l'intimité est en voie de dislocation. Comédienne et metteur en scène de théâtre réputés, Nicole et Charlie se sont aimés, mais veulent divorcer. Ils tentent alors de s'entendre sur les conditions pour éviter à leur fils Henry, 8 ans, de souffrir. Problème: elle souhaiterait vivre à Los Angeles, tandis que sa carrière à lui l'oblige à habiter New York. Que dire ? Ce drame contemporain est celui que vivent plusieurs millions de personnes dans le monde. Sans être confronté soi-même à une telle situation, il est très facile d'appréhender les enjeux de Marriage story. Il faut aussi reconnaître qu'ils sont bien exposés. Par chance, le film n'est jamais impudique...

Bon... tout n'est pas parfait pour autant. Il m'a semblé que le scénario était un peu répétitif ou, à l'inverse, exagérément caricatural parfois. Exemple: le portrait qu'il dresse des avocats matrimoniaux fait d'eux des requins dépourvus de tout scrupule, payés des sommes colossales pour ne surtout pas transiger, mais juste éparpiller la partie adverse façon puzzle. Autre bémol: le descriptif des diverses tergiversations du duo Nicole / Charlie, capables à quelques minutes d'intervalle d'aller très loin dans la mesquinerie et... de se demander pardon. D'accord, on se sépare pas toujours aussi facilement, mais j'ai trouvé que, dans certaines scènes, Marriage story manquait de subtilité. Pour nous émouvoir, il joue un peu trop avec l'idée que l'ex-couple aurait pu résister et que, finalement, il y a peut-être de l'amour encore entre les deux protagonistes. La fin s'avère d'ailleurs édifiante sur ce point précis. Les acteurs ? Scarlett Johansson et Adam Driver sont impeccables et fort bien entourés: c'est le meilleur atout du film. Une mention spéciale au petit Azhy Robertson n'aurait rien d'incongru.

Marriage story
(Télé)film américain de Noah Baumbach (2019)

Je tremble à l'idée que l'avenir du cinéma puisse s'écrire sans salle obscure, mais je dois admettre que j'ai plutôt apprécié cet opus télé. Serais-je allé le voir sur grand écran ? En fait, je n'en suis pas sûr. Oscarisé en 1980, Kramer contre Kramer reste régulièrement cité comme LA référence du film de divorce. Ce thème peut être traité avec humour (Intolérable cruauté) - ou empathie (Une séparation) !

8 commentaires:

  1. Sur le meme sujet ,il faut voir absolument "jusqu'à la garde" , ou une fois de plus Léa Drucker prouve si besoin était qu'elle est une trés grande actrice....



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  2. J'ai tout de suite pensé à Kramer contre Kramer.
    Je pense que je serais allée le voir.
    Bien sûr que non, le cinéma ne s'écrira pas sur Netflix que je ne possède toujours pas et sans aucune envie de l'avoir.
    Je n'avais pas trop aimé Jusqu'à la garde dont certaines scènes étaient franchement ratées. Par contre la dernière, exceptionnelle, reste encore bien ancrée dans ma mémoire.

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  3. @CC Rider:

    "Jusqu'à la garde", un film sur le divorce ? Je le voyais plutôt comme un film sur l'emprise conjugale. J'y viendrai peut-être... quand j'aurai le moral pour voir ce genre de films.

    Léa Drucker est une actrice un peu sous-estimée, mais son César pour ce film devrait lui ouvrir de nouvelles portes. Elle fait malgré tout une carrière très honorable.

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  4. @Pascale:

    "Kramer contre Kramer" est dans ma pile de films à voir. J'y viendrai... un jour.
    Franchement, Netflix n'est pas un indispensable. Moi, j'ai OCS / Paramount / TCM et ça me suffit.

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  5. Tu n'as jamais vu Kramer ??? Il le faut, c'est un régal. Malgré un petit garçon cabotin, on s'y attache et sa relation avec Dustin est craquante.
    Et Meryl toute jeune ❤
    Après ce film tu as envie de mettre du papier peint nuage dans la chambre de tes enfants (que tu n'as pas). Je l'ai fait :-) et tu n'as qu'une envie : manger une tartine de pain perdu.
    Il faut prévoir des mouchoirs à usage unique (ne pas s'embarquer dans ce film en cas de rupture).

    Paramount est une chaîne que j'aime beaucoup.
    Je n'ai pas OCS because I'm free.

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  6. "Kramer contre Kramer", non, je ne l'ai jamais vu. Mais un jour viendra...
    Bien évidemment, la présence de Meryl est un argument de poids en faveur du film !

    OCS n'est pas accessible sur Free ? Tu m'étonnes. Vraiment.
    Je ne dis pas qu'il faut s'abonner, mais la programmation est très variée.

    Bon plan confiné: regarder un bon film en mangeant du pain perdu (dans une chambre à nuages).

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  7. Pour ma part, j'ai bien aimé ce film qui m'a touchée. Mon seul vrai bémol concerne le traitement des personnages : le personnage d'Adam Driver a beau avoir trompé sa femme, je me suis tout de même attachée à ce personnage qui s'en prend vraiment plein la gueule tout le long du film, limite trop. Le personnage de Johansson est peut-être trop "garce" pour qu'on s'attache à elle (malgré les grands discours féministes de Laura Dern, très bien au passage également), on ne peut pas s'empêcher de se dire qu'elle a quand même tout gâché (c'est par ailleurs limite ce que suggère la fin du film). Bref, ils sont pas mis sur un même pied d'égalité, ce qui m'a quand même gênée ou en tout cas interrogée. Peut-être est-ce la part probablement autobiographique du film qui fait qu'il y a ce déséquilibre ?

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  8. Oui, Tina, je suis d'accord: c'est un beau film. Et je me suis attachée au personnage d'Adam Driver également, même s'il est quand même un peu égoïste pour préserver sa carrière à New York. Je dirais que les "torts" sont partagés à quasi-égalité, en fait. Personnellement, je n'ai pas spécialement vu le personnage de Scarlett Johansson comme une garce et il y a des moments où elle m'a beaucoup ému aussi.

    Ce qui me gêne davantage, c'est le côté dramatique un peu trop appuyé. Beaucoup de gens divorcent dans des conditions bien plus difficiles encore et font morfler leurs enfants. Ce n'est pas un problème facile et, du coup, pas un sujet facile à traiter non plus.

    Je ne m'étais pas penché sur la piste autobiographique. Si tu repasses, je veux bien quelques précisions.

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