On dit parfois d'Henri-Georges Clouzot qu'il est le Hitchcock français. C'est en coupant in extremis l'herbe sous le pied de son confrère anglais que le cinéaste acquit les droits de Celle qui n'était plus, l'un des tous premiers polars de Boileau-Narcejac. Il en fit une adaptation libre, sortie en 1955 sous un titre sentant le soufre: Les diaboliques !
Choix audacieux pour l'époque: dans un internat de garçons, le film met en scène un trio composé d'un odieux directeur, de son épouse apparemment soumise à son bon vouloir... et de son ex-maîtresse. Tout ce petit monde cohabite tant bien que mal, jusqu'au jour où, vacances obligent, les femmes se disent qu'elles ont un peu de temps et une occasion de supprimer le sale type qui pourrit leur quotidien. Vous avez bien lu: je parle effectivement d'un assassinat prémédité. Maintenant, fidèle à mes habitudes, je vous laisse découvrir la suite par vous-mêmes. Ce que je peux vous dire, c'est que Les diaboliques joue sur plusieurs tableaux (et émotions associées): film au suspense implacable, c'est également un thriller vraiment efficace. La tension va crescendo, au gré des retournements de situation: effet garanti. L'amoureux des acteurs que je suis ne peut manquer de souligner qu'entre Simone Signoret, Paul Meurisse et Vera Clouzot, le casting s'avère lui aussi parfaitement réussi. Et c'est compter sans les rôles annexes - Charles Vanel, Michel Serrault, Noël Roquevert... du solide !
Une fois l'ultime image dans la boîte, Henri-Georges Clouzot eut l'idée malicieuse de conclure avec ce carton: vous comprendrez dès lors pourquoi je ne souhaite pas m'affranchir de la "consigne officielle". Qu'ajouter ? Que, désormais disponible en version restaurée, le film offre des scènes remarquables sur le plan technique. Rien d'étonnant compte tenu du réalisateur, mais c'est ma foi une belle confirmation. Je ne suis pas du tout sûr que les images auraient eu le même impact en couleurs: en tout cas, le superbe noir et blanc est le complément idéal d'une intrigue basée sur les sombres desseins des personnages. Nocturne et haletante, la séquence finale joue sur des contrastes marqués, qui, à l'instant crucial, m'ont mis des frissons dans le dos. C'est seulement le lendemain que j'ai réalisé qu'après le générique initial, Les diaboliques n'a plus de musique avant les crédits finaux. J'espère désormais pouvoir lire le livre dont le long-métrage est tiré pour y relever les différences. Je sais déjà que c'est l'une des femmes que le roman élimine, mais oui, je garde en moi ce désir... coupable !
Les diaboliques
Film français d'Henri-Georges Clouzot (1955)
Il y a dans tout cela une perversité que je trouve assez jubilatoire. Nébuleux, le récit aurait tout aussi bien pu verser dans le fantastique. La dernière réplique rouvre d'ailleurs une porte que l'on croyait close trente secondes plus tôt: presque un avant-goût du génial Psychose ! Si, après cela, vous voulez trembler encore, j'ai quelques autres films à citer comme, en noir et blanc, l'angoissant Bunny Lake a disparu...
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Maintenant, il faut rendre à Alfred...
L'histoire dit qu'après être passé à côté de cette histoire, Hitchcock sut finalement apprécier un autre Boileau-Narcejac: D'entre les morts. Il y piocha des idées pour l'un de ses chefs d'oeuvre: Sueurs froides...
Et j'achèverai mon propos avec un lien...
Il vous permettra de lire la chronique (mitigée) de "L'oeil sur l'écran".
Choix audacieux pour l'époque: dans un internat de garçons, le film met en scène un trio composé d'un odieux directeur, de son épouse apparemment soumise à son bon vouloir... et de son ex-maîtresse. Tout ce petit monde cohabite tant bien que mal, jusqu'au jour où, vacances obligent, les femmes se disent qu'elles ont un peu de temps et une occasion de supprimer le sale type qui pourrit leur quotidien. Vous avez bien lu: je parle effectivement d'un assassinat prémédité. Maintenant, fidèle à mes habitudes, je vous laisse découvrir la suite par vous-mêmes. Ce que je peux vous dire, c'est que Les diaboliques joue sur plusieurs tableaux (et émotions associées): film au suspense implacable, c'est également un thriller vraiment efficace. La tension va crescendo, au gré des retournements de situation: effet garanti. L'amoureux des acteurs que je suis ne peut manquer de souligner qu'entre Simone Signoret, Paul Meurisse et Vera Clouzot, le casting s'avère lui aussi parfaitement réussi. Et c'est compter sans les rôles annexes - Charles Vanel, Michel Serrault, Noël Roquevert... du solide !
Une fois l'ultime image dans la boîte, Henri-Georges Clouzot eut l'idée malicieuse de conclure avec ce carton: vous comprendrez dès lors pourquoi je ne souhaite pas m'affranchir de la "consigne officielle". Qu'ajouter ? Que, désormais disponible en version restaurée, le film offre des scènes remarquables sur le plan technique. Rien d'étonnant compte tenu du réalisateur, mais c'est ma foi une belle confirmation. Je ne suis pas du tout sûr que les images auraient eu le même impact en couleurs: en tout cas, le superbe noir et blanc est le complément idéal d'une intrigue basée sur les sombres desseins des personnages. Nocturne et haletante, la séquence finale joue sur des contrastes marqués, qui, à l'instant crucial, m'ont mis des frissons dans le dos. C'est seulement le lendemain que j'ai réalisé qu'après le générique initial, Les diaboliques n'a plus de musique avant les crédits finaux. J'espère désormais pouvoir lire le livre dont le long-métrage est tiré pour y relever les différences. Je sais déjà que c'est l'une des femmes que le roman élimine, mais oui, je garde en moi ce désir... coupable !
Les diaboliques
Film français d'Henri-Georges Clouzot (1955)
Il y a dans tout cela une perversité que je trouve assez jubilatoire. Nébuleux, le récit aurait tout aussi bien pu verser dans le fantastique. La dernière réplique rouvre d'ailleurs une porte que l'on croyait close trente secondes plus tôt: presque un avant-goût du génial Psychose ! Si, après cela, vous voulez trembler encore, j'ai quelques autres films à citer comme, en noir et blanc, l'angoissant Bunny Lake a disparu...
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Maintenant, il faut rendre à Alfred...
L'histoire dit qu'après être passé à côté de cette histoire, Hitchcock sut finalement apprécier un autre Boileau-Narcejac: D'entre les morts. Il y piocha des idées pour l'un de ses chefs d'oeuvre: Sueurs froides...
Et j'achèverai mon propos avec un lien...
Il vous permettra de lire la chronique (mitigée) de "L'oeil sur l'écran".
Mention spéciale pour Paul Meurisse , qui au delà de la série des « monocles » qui lui donna une vraie reconnaissance populaire, demeure une vraie figure du cinéma des années 50/60., sans avoir obligatoirement le premier rôle...A voir ou revoir « Marie Octobre » de Dudivier , « La vérité » de Clouzot, ou encore.. »Le deuxième souffle » de Melville. Quant au remake de 96 « Diabolique » avec Sharon Stone et Adjani, mieux vaut oublier.....
RépondreSupprimerPaul Meurisse est excellent, il est vrai, comme bien souvent d'ailleurs.
RépondreSupprimerJ'ai laissé passer "Marie Octobre", mais j'espère le voir également, ainsi que "La vérité".
Pas du tout envie de voir le remake "Diabolique", malgré les deux actrices vedettes...
Clouzot accordait de l'importance au fait que les rôles secondaires aussi soient tenus par des comédiens de talent. A cet égard, j'apprécie particulièrement Pierre Larquey, toujours excellent, qu'on voyait déjà dans "Quai des orfèvres" et qui jouait un rôle de premier plan dans "Le corbeau".
RépondreSupprimerLe parallèle avec "Bunny Lake a disparu" est intéressant dans la mesure où, là également, le suspense n'absorbe pas tout, beaucoup de moments étant marqués par le côté insolite des situations.
Et parmi les acteurs, je crois qu'il y avait un certain Johnny Halliday parmi les élèves. Mais il faudrait vérifier.
RépondreSupprimerUn film remarquable. Plusieurs films en un même.
Simone Signoret est extraordinaire et d'une beauté.
Et Paul dans sa baignoire :-))) je n'ai rien dit... mais assez traumatisant la première fois.
Connais tu le remake, raté, avec Sharon et Isabelle. Là, c'est elle qui fait les gros yeux et c'est RIDICULE je crois.
Me souviens plus qui jouait Paul Meurisse.
https://www.pinterest.com/pin/316659417541536454/
RépondreSupprimer@Valfabert:
RépondreSupprimerAh oui, il y a de vrais choix pertinents dans les seconds rôles: ça fait plaisir !
Pierre Larquey est effectivement un bon exemple. Il y a vraiment une belle concentration de talent.
Pour "Bunny Lake a disparu", vous avez mis le doigt dessus, je crois. Merci !
J'aime quand le thriller ne se contente pas du suspense et introduit cette dimension fantastique.
@Pascale 1:
RépondreSupprimerTout à fait. C'était encore le petit Jean-Philippe Smet. Amusant de le trouver ici.
Paul dans sa baignoire marque les esprits... mais, moi non plus, je ne veux pas trop en dire.
Juste par curiosité, je suis allé voir la bande-annonce du remake américain.
L'homme est joué par Chazz Palminteri et... OH MON DIEU ! Que ça paraît mauvais !!!
@Pascale 2:
RépondreSupprimerBien vu... et merci pour la photo !
J'ajoute qu'il y a ici une chronique qui parle de Johnny et revient sur cet épisode.
Un bijou (plutôt tendance "diamant noir", d'ailleurs) que ce film. Merci de l'avoir évoqué, Martin !
RépondreSupprimerMerci à toi de t'être arrêté sur cette modeste chronique, Laurent.
RépondreSupprimerJe suis ravi de constater que nous partageons la même impression sur le film !