lundi 23 décembre 2019

Un môme à sauver

Une femme passe un matin chez une amie pour lui emprunter du café. Elle découvre une famille aux abois: le père exerce comme comptable pour une bande mafieuse... et il a "balancé" ses complices au FBI ! Menacé de mort, il confie à la visiteuse la vie de son très jeune fils. Et nous voilà en route pour deux heures d'une très étonnante cavale...

Il paraît que John Cassavetes n'était pas spécialement fier de Gloria. Autant le dire tout de suite: il ne s'agit pas d'une oeuvre personnelle pour le cinéaste, mais bel et bien d'un film de commande. J'y ai vu suffisamment de belles choses pour contredire l'opinion de l'auteur. Côté casting, d'abord: en écartant Barbra Streisand du personnage principal au profit de son épouse Gena Rowlands, le réalisateur a fait un bon choix, tant la comédienne livre une prestation exceptionnelle. En face, le tout jeune John Adames, dans son premier (et unique) rôle de cinéma et du haut de ses sept/huit ans, a bien du répondant. Résultat: un duo exemplaire, crédible et vraiment touchant. J'ignore comment ces deux-là ont réussi à s'apprivoiser, mais il est indéniable qu'à l'écran, leur alchimie est remarquable et alimente nos émotions. Qu'importe au fond si la figure de la quinqua célibataire revêche soudain attendrie par un môme a l'air assez classique: ça fonctionne !

Passé l'étonnant générique peint de couleurs vives, le film se vit aussi comme l'opportunité d'une visite de New York. Des plans de la Statue de la Liberté et du Yankee Stadium apportent un premier repère tangible, mais c'est principalement grâce aux très nombreuses scènes extérieures que la ville devient en fait un protagoniste à part entière. L'animation quasi-constante de ces rues que la caméra traverse alors entre en parfaite résonance avec ce que vivent les personnages principaux. Disons-le: cette frénésie m'est apparue à la fois réaliste et extrêmement cinématographique, me donnant même l'impression que certaines séquences avaient été tournées sur le vif, les piétons tenant lieu de figurants "malgré eux", dans un tournage non autorisé. La bande originale, très jazzy, a encore renforcé ces sentiments. Bref, pour un opus dont le réalisateur n'était pas satisfait, je trouve que Gloria s'en tire largement avec les honneurs. Les esthètes noteront qu'à l'époque, il reçut le Lion d'or de la Mostra de Venise. Mon bilan: des films de commande comme celui-là, j'en re-de-mande !

Gloria
Film américain de John Cassavetes (1980)

Ma seconde rencontre avec le cinéaste et un nouveau coup de coeur ! Autant le dire: j'espère que j'aurai d'autres occasions d'aller plus loin dans mes découvertes. En prime, j'aimerais retrouver Julia, le film du réalisateur français Erick Zonca que l'on compare parfois à Gloria. Bien qu'il ait été réalisé par Sidney Lumet, le remake du Cassavetes avec Sharon Stone m'attire moins ! Autant revoir À bout de course...

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Et maintenant, si vous voulez lire un autre avis...

C'est volontiers que je vous renvoie à la lecture de "L'oeil sur l'écran".

4 commentaires:

  1. Un film étonnant avec un "couple" très attachant.

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  2. Je parlerais plutôt de duo ou de tandem, mais tu as mis des guillemets.
    Conclusion: nous sommes d'accord. Et cela aurait plutôt tendance à me réjouir.

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  3. Hello Martin. Oui, des commandes comme ça on en redemande car elles valent parfois bien mieux que des oeuvres dites personnelles. Un très bon film que j'ai vu et revu il y a deux ans quand j'aavais fait mon séminaire sur les couples mythiques metteur en scène-actrice. Sept interventions dont Cassavetes-Rowlands.
    Joyeux Noël à toi et ytes proches ami.

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  4. Belles fêtes à toi et tes proches également, cher Eeguab !

    Nous sommes bien d'accord sur ce film en particulier et sur Cassavetes en général.
    J'ai vraiment hâte d'avoir d'autres opportunités de découvrir ce réalisateur au cinéma intense !

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