Il cite Antonioni, Bergman et Tarkovski au nombre de ses références. Andreï Zviaguintsev n'avait pas encore 40 ans quand son premier film obtint le Lion d'or de la Mostra de Venise. J'avais le vague souvenir d'avoir vu Le retour avec mes parents, mais où et quand ? Mystère ! J'ai donc été ravi de pouvoir le redécouvrir d'un oeil (presque) neuf...
Andreï et Ivan sont deux frères, 15 et 13 ans, quelque part en Russie. L'aîné fait partie d'une bande que le cadet peine à intégrer vraiment. Motif: les grands le considèrent comme un poltron, puisqu'il a refusé de sauter dans un lac depuis un plongeoir placé à une hauteur vertigineuse. Les frangins s'opposent très fréquemment l'un à l'autre. Ils partagent leur misérable vie de pré-ados ordinaires avec leur mère et leur grand-mère, jusqu'au jour où, surprise soudaine, un homme supposé être leur père réapparaît après douze années d'absence ! Soyons clairs: nimbé de mystère, Le retour n'est pas un film souriant. Si vous aviez un doute, les couleurs tout à fait délavées des images devraient achever de vous convaincre de l'austérité du long-métrage. Attention: je ne présente pas cette caractéristique comme un défaut. Bien au contraire: le fond et la forme s'accordent si efficacement ici qu'une fois accepté ce constat de froideur, on pourra s'en satisfaire...
Je ne suis pas sûr de vouloir conseiller ce "spectacle" à tout le monde. Pourtant, à défaut d'être plaisant, Le retour est très recommandable. Tout premier argument: à mes yeux, sa nationalité russe doit jouer en faveur du film, les oeuvres de cinéma qui nous arrivent de ce pays étant somme toute bien rares. Deuxième point: malgré des dialogues objectivement réduits au strict nécessaire, le peu qui est exprimé suffit largement à comprendre les enjeux du récit. Il faut dire aussi que l'essentiel repose sur trois acteurs, ce qui limite "naturellement" le risque d'un scénario partant dans de trop nombreuses directions. Bon... je n'ai rien à reprocher à Konstantin Lavronenko, le comédien qui joue le père, mais ce sont avant tout les gamins, Vladimir Garine et Ivan Dobronravov, qui m'ont fait forte impression. Une anecdote douloureuse: le premier nommé s'est noyé la veille du jour où le film est sorti en Russie. Son premier - et unique - rôle est mis en valeur par une réalisation au cordeau, dans un cadre fait d'eau et de brume. La conséquence ? Je n'en sors ni indifférent... ni tout à fait indemne !
Le retour
Film russe d'Andreï Zviaguintsev (2003)
La direction artistique de ce film froid comme un glaçon contribue nettement à en faire une réussite formelle indéniable. Les enfants font le reste: on tient un long-métrage inconfortable, mais sensible. Dans un autre genre, vous verrez d'autres mômes livrés à eux-mêmes dans le formidable Les géants. Sur un autre ton également, difficile pour moi d'oublier l'Amérique de Mud - Sur les rives du Mississippi...
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Si ma chronique ne vous suffit pas...
Vous pourrez aller en lire d'autres, chez Strum et Eeguab notamment. J'en ai encore repéré une autre, publiée du côté de "L'oeil sur l'écran".
Andreï et Ivan sont deux frères, 15 et 13 ans, quelque part en Russie. L'aîné fait partie d'une bande que le cadet peine à intégrer vraiment. Motif: les grands le considèrent comme un poltron, puisqu'il a refusé de sauter dans un lac depuis un plongeoir placé à une hauteur vertigineuse. Les frangins s'opposent très fréquemment l'un à l'autre. Ils partagent leur misérable vie de pré-ados ordinaires avec leur mère et leur grand-mère, jusqu'au jour où, surprise soudaine, un homme supposé être leur père réapparaît après douze années d'absence ! Soyons clairs: nimbé de mystère, Le retour n'est pas un film souriant. Si vous aviez un doute, les couleurs tout à fait délavées des images devraient achever de vous convaincre de l'austérité du long-métrage. Attention: je ne présente pas cette caractéristique comme un défaut. Bien au contraire: le fond et la forme s'accordent si efficacement ici qu'une fois accepté ce constat de froideur, on pourra s'en satisfaire...
Je ne suis pas sûr de vouloir conseiller ce "spectacle" à tout le monde. Pourtant, à défaut d'être plaisant, Le retour est très recommandable. Tout premier argument: à mes yeux, sa nationalité russe doit jouer en faveur du film, les oeuvres de cinéma qui nous arrivent de ce pays étant somme toute bien rares. Deuxième point: malgré des dialogues objectivement réduits au strict nécessaire, le peu qui est exprimé suffit largement à comprendre les enjeux du récit. Il faut dire aussi que l'essentiel repose sur trois acteurs, ce qui limite "naturellement" le risque d'un scénario partant dans de trop nombreuses directions. Bon... je n'ai rien à reprocher à Konstantin Lavronenko, le comédien qui joue le père, mais ce sont avant tout les gamins, Vladimir Garine et Ivan Dobronravov, qui m'ont fait forte impression. Une anecdote douloureuse: le premier nommé s'est noyé la veille du jour où le film est sorti en Russie. Son premier - et unique - rôle est mis en valeur par une réalisation au cordeau, dans un cadre fait d'eau et de brume. La conséquence ? Je n'en sors ni indifférent... ni tout à fait indemne !
Le retour
Film russe d'Andreï Zviaguintsev (2003)
La direction artistique de ce film froid comme un glaçon contribue nettement à en faire une réussite formelle indéniable. Les enfants font le reste: on tient un long-métrage inconfortable, mais sensible. Dans un autre genre, vous verrez d'autres mômes livrés à eux-mêmes dans le formidable Les géants. Sur un autre ton également, difficile pour moi d'oublier l'Amérique de Mud - Sur les rives du Mississippi...
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Si ma chronique ne vous suffit pas...
Vous pourrez aller en lire d'autres, chez Strum et Eeguab notamment. J'en ai encore repéré une autre, publiée du côté de "L'oeil sur l'écran".
Hey Martin, merci pour le lien. Tu connais mon avis sur Le retour, un très grand film d'un très grand cinéaste. Leviathan, Elena et surtout Faute d'amour sont très forts également. Du cinéma russe nous avions passé l'an dernier Leto et Ayka. Et lundi prochain Folle nuit russe. A bientôt (ce soir je présente le film sud-coréen Petite forêt).
RépondreSupprimerJ'étais persuadée de l'avoir vu mais apparemment tes talents d'archéologue ne lont pas deniche. J'espère le voir Le cinéma russe est difficile mais passionnant.
RépondreSupprimer@Eeguab:
RépondreSupprimerSalut, l'ami ! Je suis ravi de lire que tu continues d'animer des soirées cinéma.
Je n'ai vu ni "Leto", ni "Ayka", mais ce n'est sans doute que partie remise. Merci !
Je t'avoue que j'ai déjà hâte de parcourir ta prochaine chronique consacrée au septième art...
@Pascale:
RépondreSupprimerJ'ai cherché, pourtant, mais, sauf si tu as écrit Zviaguintsev autrement...
Le cinéma russe n'est pas très facile à voir, en effet. Ni même simplement facile d'accès !
Zviaguintsev après Imamura, tu es dans une série de cinéastes peu aimables, quoique les films d'Imamura soient plus ludiques ! Impressionnant ce Retour en effet, un film qui fait froid dans le dos, comme souvent avec ce cinéaste. Merci pour le lien.
RépondreSupprimerEffectivement, cet enchaînement n'est pas des plus souriant, je te le concède.
RépondreSupprimerLes deux cinéastes sont quand même doués... avec effectivement davantage d'humour chez le Japonais.
Mon premier film vu de Zviaguintsev, je n'en loupe plus aucun depuis. Mais je garde une petite préférence pour celui-ci (parce que le vu en première? peut-être) Un réalisateur exigeant mais il en vaut la peine, je le classe en tout cas dans mes réalisateurs russes préférés. Merci pour ce compte-rendu :)
RépondreSupprimerC'est aussi son premier film à lui. Moi, j'en ai loupé, mais j'aimerais les voir.
RépondreSupprimerJe dois avouer que je connais mal le cinéma russe contemporain. Sans reparler de ton ami Tarkovski !
Il n'est jamais trop tard pour mieux connaître le cinéma russe. Je te conseille d'ailleurs bien volontiers Solaris de mon très cher Tarkovski ;-)
RépondreSupprimerLà-dessus, on est d'accord, mais sauf à investir en DVD, les occasions sont rares.
RépondreSupprimerIl faudrait tout de même que je m'inscrive dans une médiathèque. Ce serait un bon compromis.