Pas de film aujourd'hui. Pour ouvrir cette semaine et justifier le choix de retenir Le transporteur pour illustrer mon texte, je veux rebondir sur ma chronique dominicale... et la place des femmes au cinéma. Une évidence: les mouvements #MeToo et Time's up ont fait bouger les lignes, mais, pour l'égalité, il reste encore beaucoup à accomplir...
Ce n'est pas tous les jours qu'une femme occupe la position centrale dans un scénario de cinéma. Pour rouvrir le débat, deux organisations anglo-saxonnes, le Plan International britannique et, aux États-Unis, le Geena Davis Institute on Gender in Media, ont publié début octobre les résultats d'une enquête réalisée sur les 56 films les plus rentables de 2018 dans vingt pays d'Amérique du Nord, Amérique latine, Scandinavie, Afrique, Asie et Europe. Bilan: les hommes à l'écran occuperaient plus fréquemment des postes de direction. Les femmes demeurent loin du compte, mais seraient quatre fois plus nombreuses à apparaître entièrement nues ou dans une pose suggestive. Le poids de ces représentations est tout sauf négligeable, bien évidemment. Et d'après les signataires du rapport, le cinéma a une nette influence !
L'idée est que, si une petite fille peut s'identifier à une femme forte parmi ses héroïnes de fiction, elle aura plus de chances d'en être une dans sa vie d'adulte, quitte à rejoindre les rangs toujours clairsemés des professionnELLES du septième art. Cette approche du sujet m'amène à m'intéresser aussi à un autre concept: celui de male gaze. Défendue par Laura Mulvey, une réalisatrice et critique de cinéma britannique, dès 1975, cette notion revient sur le devant de la scène depuis quelque temps. Son postulat ? La culture visuelle dominante impose au public d'adopter une perspective d'homme hétérosexuel. Elle témoignerait ainsi d'une répartition asymétrique des pouvoirs. Nos regards sont-ils biaisés à ce point ? C'est tout à fait possible. Apparemment, pour exposer sa théorie, il semble que Laura Mulvey n'ait toutefois étudié que le comportement d'hommes, attendant 1981 pour se pencher également sur les ressentis féminins. Ses travaux sont parfois jugés moralisateurs, éloignés de la rigueur scientifique. Reste qu'à tout le moins, ils posent de très intéressantes questions...
Au mois de mars dernier, le Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) publiait, lui aussi, une étude sur la place des femmes dans l'industrie cinématographique et audiovisuelle. Une statistique parmi d'autres, pour nourrir la réflexion: en 2017, parmi les films français recensés et agréés par l'institution, 27% avaient été réalisés ou co-réalisés par des femmes. C'est peu, oui, mais le chiffre brut masque la forte progression sur la décennie (+ 62,8% de 2008 à 2017). Autre constat: en tournage, les femmes s'avèrent moins dépensières que les hommes. Et distribuer leurs films n'est pas aussi coûteux ! Objectif et transparent, le CNC relevait en outre que ses effectifs étaient majoritairement féminins (soit 191 agents et 287 agentes). Vous trouverez tous les chiffres sur le site Internet de l'institution. Quant à moi, je ne peux guère réunir que huit "films de femmes" parmi ceux dont je vous ai parlé, vus depuis le début de ce millésime. L'an dernier, parmi mes 196 séances, j'ai pointé dix-neuf signatures féminines. Moins de 10% ! Il n'y a pas franchement de quoi pavoiser...
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Et vous, chères lectrices et chers lecteurs...
Êtes-vous sensibles à la présence (ou non) des femmes au cinéma ? Le sujet vous intéresse-t-il au point que vous l'étudiez régulièrement en quête de nouvelles infos ? Je serais ravi de continuer à débattre...
Ce n'est pas tous les jours qu'une femme occupe la position centrale dans un scénario de cinéma. Pour rouvrir le débat, deux organisations anglo-saxonnes, le Plan International britannique et, aux États-Unis, le Geena Davis Institute on Gender in Media, ont publié début octobre les résultats d'une enquête réalisée sur les 56 films les plus rentables de 2018 dans vingt pays d'Amérique du Nord, Amérique latine, Scandinavie, Afrique, Asie et Europe. Bilan: les hommes à l'écran occuperaient plus fréquemment des postes de direction. Les femmes demeurent loin du compte, mais seraient quatre fois plus nombreuses à apparaître entièrement nues ou dans une pose suggestive. Le poids de ces représentations est tout sauf négligeable, bien évidemment. Et d'après les signataires du rapport, le cinéma a une nette influence !
L'idée est que, si une petite fille peut s'identifier à une femme forte parmi ses héroïnes de fiction, elle aura plus de chances d'en être une dans sa vie d'adulte, quitte à rejoindre les rangs toujours clairsemés des professionnELLES du septième art. Cette approche du sujet m'amène à m'intéresser aussi à un autre concept: celui de male gaze. Défendue par Laura Mulvey, une réalisatrice et critique de cinéma britannique, dès 1975, cette notion revient sur le devant de la scène depuis quelque temps. Son postulat ? La culture visuelle dominante impose au public d'adopter une perspective d'homme hétérosexuel. Elle témoignerait ainsi d'une répartition asymétrique des pouvoirs. Nos regards sont-ils biaisés à ce point ? C'est tout à fait possible. Apparemment, pour exposer sa théorie, il semble que Laura Mulvey n'ait toutefois étudié que le comportement d'hommes, attendant 1981 pour se pencher également sur les ressentis féminins. Ses travaux sont parfois jugés moralisateurs, éloignés de la rigueur scientifique. Reste qu'à tout le moins, ils posent de très intéressantes questions...
Au mois de mars dernier, le Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) publiait, lui aussi, une étude sur la place des femmes dans l'industrie cinématographique et audiovisuelle. Une statistique parmi d'autres, pour nourrir la réflexion: en 2017, parmi les films français recensés et agréés par l'institution, 27% avaient été réalisés ou co-réalisés par des femmes. C'est peu, oui, mais le chiffre brut masque la forte progression sur la décennie (+ 62,8% de 2008 à 2017). Autre constat: en tournage, les femmes s'avèrent moins dépensières que les hommes. Et distribuer leurs films n'est pas aussi coûteux ! Objectif et transparent, le CNC relevait en outre que ses effectifs étaient majoritairement féminins (soit 191 agents et 287 agentes). Vous trouverez tous les chiffres sur le site Internet de l'institution. Quant à moi, je ne peux guère réunir que huit "films de femmes" parmi ceux dont je vous ai parlé, vus depuis le début de ce millésime. L'an dernier, parmi mes 196 séances, j'ai pointé dix-neuf signatures féminines. Moins de 10% ! Il n'y a pas franchement de quoi pavoiser...
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Et vous, chères lectrices et chers lecteurs...
Êtes-vous sensibles à la présence (ou non) des femmes au cinéma ? Le sujet vous intéresse-t-il au point que vous l'étudiez régulièrement en quête de nouvelles infos ? Je serais ravi de continuer à débattre...
Trop complexe pour en parler en quelques lignes et je ne me suis jamais penchée sur des études. Il me semble que les femmes sont effectivement de plus en plus présentes à la réalisation.
RépondreSupprimerQuant à la nudité à l'écran, elle me vrille toujours autant les nerfs et même dans des films de filles. Elles sont toujotrs des objets à contempler. Et je suis tjs en colère contre les actrices qui acceptent ça. Dans 99.99 % c'est injustifié.
C'est vrai que ce n'est pas un sujet dont on peut faire le tour en une seule chronique. Je ne risquerai pas à prétendre le contraire...
RépondreSupprimerQuant aux scènes sexy ou davantage, c'est vrai qu'elles n'apportent souvent rien au récit. Ou parfois si, mais avec trop d'insistance. Je pense cependant qu'elles ont encore de beaux jours devant elles.
Je parlais de mon commentaire éventuel pas de ta réflexion que je trouve bien résumée.
RépondreSupprimerHélas...
Dont acte. Mais c'est un sujet sur lequel je reviendrai peut-être.
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