jeudi 31 octobre 2019

Telle une fleur

Allez... enchaînons dès aujourd'hui avec un autre film venu d'Asie ! C'est dans le cadre d'une séance à la bibliothèque que j'ai eu l'occasion de découvrir (et d'apprécier) Rivière noire, au cours d'un petit cycle dédié au cinéma japonais classique. Le cadre: la période d'occupation militaire américaine au Japon, entre 1945 et 1952. Un temps oublié...

Il ne faut toutefois pas considérer le film comme un retour militante sur une page de l'histoire nippone. En toute objectivité, la caméra s'intéresse surtout à ce qui peut se passer dans un foyer-bidonville situé à proximité d'une base de l'US Army. Une riche propriétaire dépourvue de scrupules chasserait bien ses locataires impécunieux pour tirer un maximum de profit des terrains mis à leur disposition. C'est dans ce contexte qu'un étudiant s'installe sur place... et tombe sous le charme d'une jeune femme, admirée par tout le voisinage ! Problème: un chef mafieux a également jeté son dévolu sur la belle. Ce n'est bien évidemment pas la première fois que le septième art nous propose un tel trio. Cela étant dit, Rivière noire s'inscrit donc dans un contexte particulier, qui vient précisément renforcer l'intérêt que l'on peut porter au scénario en tant que spectateur occidental. C'est un film résolument moderne et assez typique de l'après-guerre...

Même si elle manque un peu de nuances parfois, sa couleur de drame social m'a fait penser à celles du néoréalisme italien. Le traitement formel s'écarte toutefois, à en croire certains critiques, des facilités esthétiques d'autres longs-métrages, y compris japonais, de l'époque. Je n'ai pas vraiment de point de vue sur la question: Rivière noire évite certes l'emphase des grandes fresques nippones que j'apprécie habituellement, mais ce n'est pas du tout un film plan-plan du point de vue de la mise en scène. Je l'ai trouvé d'une grande justesse ! Attention à ne pas commettre d'erreur: j'ai parlé de l'occupation américaine comme un élément de contexte, mais cette conséquence ultime de la seconde guerre mondiale reste largement hors-champ. Tant mieux, à vrai dire: elle laisse ainsi libre cours au récit principal. Et les acteurs ? Ineko Arima, Fumio Wanatabe et Tatsuya Nakadai sont très bons. Et les rôles secondaires sont tout à fait à la hauteur...

Rivière noire
Film japonais de Masaki Kobayashi (1957)

Une surprise ? Peut-être pas, mais une belle confirmation de l'intérêt d'apprécier le cinéma japonais dans toute sa complexité. On y trouve des échos à des choses que nous connaissons (et/ou avons connues). D'autres cinéastes nippons ont évoqué l'après-guerre de manière forte, comme Akira Kurosawa (Je ne regrette rien de ma jeunesse) ou Yasujiro Ozu (Voyage à Tokyo). Pour autant de perles à découvrir !

6 commentaires:

  1. Kobayashi le réalisateur est surtout connu pour "Rébellion " tourné en 67, grand classique du film de sabre, ou Toshiro Mifune est au sommet de sa forme...A voir

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  2. Pour ma part, j'avais surtout entendu parler de "Hara-kiri". Un film que j'ai dans ma collection et que je chroniquerai donc... un jour.

    Le seul autre Kobayashi que je connais était pilote de Formule 1. Rien à voir.

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  3. Bonne idée de voir ce Kobayashi ! Je l'ai en DVD depuis longtemps mais toujours pas vu. Content que tu aies aimé, Martin. J'aime bien Tatsuya Nakadaï. Rebellion dont parle cc rider, c'est vraiment très bien, avec un Mifune formidable. Mais en effet, Hara-kiri, c'est exceptionnel avec à nouveau Tatsuya Nakadaï. Kobayashi, c'est aussi La Condition de l'homme, mais cela dure 9h... j'ai craqué avant la fin.

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  4. Ah oui, on m'a également parlé de "La condition de l'homme". J'avais cru comprendre que le film était découpé en trois parties de trois heures. Si c'est le cas, je tenterais bien l'aventure !

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  5. En effet, il y a trois films disponibles dans un coffret. Si tu as le temps, n'hésite pas en effet !

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  6. À l'occase, ouais. On verra si je peux l'emprunter dans une médiathèque ou autre.

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