Je voulais voir le dernier film de Quentin Tarantino. Comme la plupart de ceux qui l'ont précédé, Once upon a time in... Hollywood titillait ma curiosité, mais me laissait sceptique sur sa capacité à me plaire. J'ai tenu à dépasser les préjugés et les incertitudes. Je me suis dit qu'il serait encore possible d'en débattre après coup, de toute façon...
Démarrons avec le positif: pour retracer la carrière d'un acteur américain de seconde zone à la fin des années 60, QT a bien fait d'appeler Leonardo DiCaprio. On ne l'avait plus aperçu au cinéma depuis un moment et on le retrouve en pleine forme ! Un premier rôle "partagé": le Rick Dalton qu'il interprète est lui-même indissociable d'un deuxième larron - sa doublure cascades, Cliff Booth. Petit miracle d'équilibre: Leo est en binôme avec Brad Pitt et les deux comédiens se donnent la réplique sans jamais que l'un n'ose supplanter l'autre. Tout le début du film est à leur gloire quasi-exclusive et je dois dire que j'ai jubilé devant cette vraie-fausse reconstitution de la machine hollywoodienne. Tout cela est très documenté... et très divertissant. Bavard aussi, bien entendu, car il est évident que Quentin Tarantino regarde cet univers avec les yeux d'un enfant rêveur. Et j'y trouve largement mon compte, même s'il en fait un poil trop par moments...
Le vrai grand soleil du film s'appelle Margot Robbie. La jeune actrice n'est plus une débutante, mais je la vois encore comme un visage nouveau du cinéma américain d'aujourd'hui. Lui confier la mission d'incarner Sharon Tate, véritable actrice âgée de 26 ans en 1969, était une idée intéressante. Et le fait est qu'elle l'assume avec talent ! Cela étant, c'est aussi ce personnage qui cristallisait mes inquiétudes autour de Once upon a time in... Hollywood. La vraie Sharon Tate ayant été assassinée, je me demandais comment Quentin Tarantino allait traiter ce drame. Je retiens qu'il donne de la comédienne l'image d'une fille sympa, heureuse dans sa vie d'artiste et d'une humilité certaine. Pour critiquer, on pourrait dire aussi qu'il la limite à cela. Est-ce du machisme ? Je ne crois pas, mais je m'attendais à un rôle moins "secondaire" et/ou moins fantasmatique. Bref. Ça reste fun...
L'évidence qui me saute aux yeux, c'est que Quentin Tarantino travaille ses films pour se faire plaisir, quitte à s'offrir parfois quelques séquences inspirées, mais sans grand intérêt pour l'avancée de l'intrigue (laquelle se déroule déjà ici sur deux heures quarante). C'est ce qu'on peut appeler "faire monter la tension", j'imagine. L'honnêteté m'oblige à souligner que le garçon a du savoir-faire. Étirée comme un duel de western italien, l'une des grandes séquences du film voit Booth/Pitt rencontrer une bande de hippies dans un ranch apparemment abandonné, ex-décor de cinéma, sans Dalton/DiCaprio cette fois. Je me disais que ça allait mal finir, mais je me suis laissé surprendre. Bravo ! À d'autres instants, j'ai trouvé que l'empilement d'éléments anecdotiques pouvait finir par être un peu lourd à digérer. C'est une question de dosage, effectivement. À chacun ses limites. Malgré ce bémol, je veux ajouter que je ne me suis jamais ennuyé...
Le truc, c'est que je me doutais bien qu'un film de Quentin Tarantino ne pouvait pas s'achever sans irruption de la violence. L'avalanche d'émotions avait toutes les chances de retomber sur Sharon Tate. Bingo... mais je ne vous dirai pas comment ! Mon ressenti personnel est ambivalent: la conclusion de Once upon a time in... Hollywood reste dans la cohérence de ce que le réalisateur nous avait montré jusqu'alors et je respecte cette vision d'auteur, mais je suis aussi mal à l'aise devant la représentation presque cartoonesque de ce sang versé (surtout lorsque la réalité des faits est clairement altérée). Certes, cela reste du cinéma, mais ce n'est pas tout à fait anodin. Tâchons de retenir les bonnes choses: la - courte - scène gore n'effacera pas toutes les autres, bien foutues et souvent jubilatoires. Oui, je verrai sans doute, à l'avenir, d'autres films de ce satané QT ! Celui-là est le neuvième. Je crois qu'il avait dit vouloir en faire dix...
Once upon a time in... Hollywood
Film américain de Quentin Tarantino (2019)
Même lorsqu'il étale ses innombrables références, le style du cinéaste reste en vérité unique, pour le pire ou pour le meilleur, bien sûr ! Aujourd'hui, je booste un peu ma note: j'ai pris un plaisir indéniable dans la partie "redécouverte de l'industrie cinéma à la fin des sixties". Le reste est du Tarantino assez ordinaire, à mes yeux. Plus mature sûrement qu'un Kill Bill 2 et plus sexy que Les 8 salopards. Ouais...
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Je n'ai pas tout dit et vous laisse approfondir...
Vous pouvez notamment le faire chez Pascale, Princécranoir et Strum.
Démarrons avec le positif: pour retracer la carrière d'un acteur américain de seconde zone à la fin des années 60, QT a bien fait d'appeler Leonardo DiCaprio. On ne l'avait plus aperçu au cinéma depuis un moment et on le retrouve en pleine forme ! Un premier rôle "partagé": le Rick Dalton qu'il interprète est lui-même indissociable d'un deuxième larron - sa doublure cascades, Cliff Booth. Petit miracle d'équilibre: Leo est en binôme avec Brad Pitt et les deux comédiens se donnent la réplique sans jamais que l'un n'ose supplanter l'autre. Tout le début du film est à leur gloire quasi-exclusive et je dois dire que j'ai jubilé devant cette vraie-fausse reconstitution de la machine hollywoodienne. Tout cela est très documenté... et très divertissant. Bavard aussi, bien entendu, car il est évident que Quentin Tarantino regarde cet univers avec les yeux d'un enfant rêveur. Et j'y trouve largement mon compte, même s'il en fait un poil trop par moments...
L'évidence qui me saute aux yeux, c'est que Quentin Tarantino travaille ses films pour se faire plaisir, quitte à s'offrir parfois quelques séquences inspirées, mais sans grand intérêt pour l'avancée de l'intrigue (laquelle se déroule déjà ici sur deux heures quarante). C'est ce qu'on peut appeler "faire monter la tension", j'imagine. L'honnêteté m'oblige à souligner que le garçon a du savoir-faire. Étirée comme un duel de western italien, l'une des grandes séquences du film voit Booth/Pitt rencontrer une bande de hippies dans un ranch apparemment abandonné, ex-décor de cinéma, sans Dalton/DiCaprio cette fois. Je me disais que ça allait mal finir, mais je me suis laissé surprendre. Bravo ! À d'autres instants, j'ai trouvé que l'empilement d'éléments anecdotiques pouvait finir par être un peu lourd à digérer. C'est une question de dosage, effectivement. À chacun ses limites. Malgré ce bémol, je veux ajouter que je ne me suis jamais ennuyé...
Le truc, c'est que je me doutais bien qu'un film de Quentin Tarantino ne pouvait pas s'achever sans irruption de la violence. L'avalanche d'émotions avait toutes les chances de retomber sur Sharon Tate. Bingo... mais je ne vous dirai pas comment ! Mon ressenti personnel est ambivalent: la conclusion de Once upon a time in... Hollywood reste dans la cohérence de ce que le réalisateur nous avait montré jusqu'alors et je respecte cette vision d'auteur, mais je suis aussi mal à l'aise devant la représentation presque cartoonesque de ce sang versé (surtout lorsque la réalité des faits est clairement altérée). Certes, cela reste du cinéma, mais ce n'est pas tout à fait anodin. Tâchons de retenir les bonnes choses: la - courte - scène gore n'effacera pas toutes les autres, bien foutues et souvent jubilatoires. Oui, je verrai sans doute, à l'avenir, d'autres films de ce satané QT ! Celui-là est le neuvième. Je crois qu'il avait dit vouloir en faire dix...
Once upon a time in... Hollywood
Film américain de Quentin Tarantino (2019)
Même lorsqu'il étale ses innombrables références, le style du cinéaste reste en vérité unique, pour le pire ou pour le meilleur, bien sûr ! Aujourd'hui, je booste un peu ma note: j'ai pris un plaisir indéniable dans la partie "redécouverte de l'industrie cinéma à la fin des sixties". Le reste est du Tarantino assez ordinaire, à mes yeux. Plus mature sûrement qu'un Kill Bill 2 et plus sexy que Les 8 salopards. Ouais...
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Je n'ai pas tout dit et vous laisse approfondir...
Vous pouvez notamment le faire chez Pascale, Princécranoir et Strum.
Ce dernier opus de l'ami Quentin m'a réconcillié avec son cinéma, j'avais détesté le précedent...
RépondreSupprimerPrestation sans faille des acteurs et coup de chapeau à Brad Pitt pour sa "coolitude".
J'anime sur Agora cote d'azur 88.9 "Retro projecteur"nouvelle émission cinéma et "One upon a time..." a fait l'objet de ma premiére chronique, la suite des commentaires en podcast..
Le duo est en effet formidable, complémentaire et fusionnel. Très pro les 2 stars.
RépondreSupprimerPour le reste, superbe hommage au cinéma.
La scène chez les hippies est un modèle de tension et Brad s'y montre formidable.
Margot/Sharon traverse le film et l'illumine.
Le grand moment tarantinesque, d'une grande violence, transforme la réalité et au final je trouve ça plutôt doux.
@CC Rider:
RépondreSupprimerDe mon point de vue également, ce film est meilleur que le précédent.
Nous sommes bien d'accord sur le jeu du duo principal. Brad Pitt est candidat à l'Oscar.
Merci pour cette info sur Agora, une station que je connais (un peu).
Je vais rapidement aller écouter ce fameux podcast et serais ravi de vous suivre en différé.
@Pascale:
RépondreSupprimerNous sommes d'accord sur beaucoup de choses, je (re)vois.
Je ne parlerai pas de douceur à propos de cette fin, mais je vois ce que tu veux dire.
Jusqu'au bout, j'ai craint qu'un dernier gugusse passe la grille avant qu'elle se referme.
J'aime bien ton '(ou pas)'. Brad Pitt est excellent dans le film et son duo avec Di Caprio fonctionne très bien. Avec Ad Astra à son actif également, c'est son année. J'ai peut-être plus aimé le film que toi, mais je te rejoins sur le côté toujours gênant chez QT de la violence ricanante. Et merci pour le lien.
RépondreSupprimerJ'aime que le cinéma, le temps d'un film transforme l'horreur. C'est ce que je trouve doux.
RépondreSupprimerJ'ai l'impression que la scène gore est là pour satisfaire les fans. Je me trompe peut-être. Je n'ai rien lu à ce sujet.
J'oublie toujours de te remercier pour les liens.
Je le fais pour les six mois qui viennent de s'écouler.
@Strum:
RépondreSupprimerRavi que le "(ou pas)" te plaise ! J'ai trouvé ça rigolo, en fait.
Sur le fond, je crois effectivement que tu as mieux aimé le film que moi.
En tout cas, on est 100% raccord sur l'excellente prestation de Brad Pitt.
La violence ricanante ? C'est une très juste expression. Bien vu, l'ami !
@Pascale:
RépondreSupprimerTransformer l'horreur... oui, j'aime aussi quand le cinéma y parvient. Mais là, comment dire ? On a le droit à une autre horreur, à mes yeux, et ça ne m'amuse pas. Après, encore une fois, je comprends tout à fait ton argument sur la douceur, ainsi d'ailleurs que ta remarque sur le côté "fan service". C'est juste que j'ai vraiment du mal avec l'idée qu'on peut aimer voir la violence traitée avec une telle désinvolture. Mais bon...
Pour ce qui est des liens, il n'y a pas de quoi, Pascale. C'est un vrai plaisir pour moi de citer ton blog, dont j'aime toujours l'enthousiasme sincère.
Un avis mesuré pour une critique partagée. Je comprends les réserves qui s'alignent sur l'affinité relative portée au réalisateur. Personnellement, je perçois une montée en puissance chez Tarantino, qui a tendance à me faire peur d'ailleurs. Il a promis de stopper les bobines au bout du dixième métrage, c'est dire l'attente qu'il suscite pour son ultime projet. Peut-être voudra-t-il, tel Leone, le proposer au soir de sa vie, laisser couler le temps après Hollywood.
RépondreSupprimerGrand merci pour le lien.
Pas d'quoi pour le lien.
RépondreSupprimerTe faire peur ? Pourquoi te faire peur ? Tu as peur que ses défauts ressortent ?
Moi, j'ai du mal à croire qu'il s'arrêtera après son dixième film, mais bon... on verra...
En tout cas, je lui souhaite de vivre plus vieux que Leone ! Même si je préfère le bon Sergio !