Un peu d'histoire pour commencer: Ernst Lubitsch vit - et travaille - aux États-Unis depuis quinze ans quand, en 1938, son douzième film parlant, La huitième femme de Barbe Bleue, apparaît sur les écrans. Le cinéaste a 46 ans et est un jeune citoyen américain: le régime nazi lui avait retiré sa nationalité allemande, dès 1935. Tout un symbole...
Un an avant le début de la guerre, le film témoigne d'une frivolité certaine. J'en parle positivement: il s'agit d'une comédie remarquable et en partie scénarisée par un élève de Lubitsch, débarqué aux States pour fuir les troubles de la vieille Europe - un certain Billy Wilder. Inspirée d'une pièce de théâtre, l'histoire est celle d'un Américain quelque peu arrogant, Michael Brandon, en voyage sur la Côte d'Azur. C'est à Nice que notre homme rencontre la jeune fille d'un aristocrate fauché: la belle s'appelle Nicole de Loiselle et elle a du tempérament ! Assez en tout cas pour suggérer au bellâtre une technique pour lutter contre ses insomnies... et lui permettre d'acheter un bas de pyjama ! Par souci de préserver la surprise, je passe sur les détails (comiques) de ce pas de deux, mais le duo Gary Cooper / Claudette Colbert mérite largement le détour. Il se pourrait même qu'il vous surprenne. Folie douce et ton libéré font tout le sel des dialogues (et situations) !
Nous sommes face à un bel exemple de ce que la grande machine hollywoodienne appelait alors la screwball comedy. Plutôt "débridés" et gentiment audacieux pour les moeurs de leur époque, ces films peuvent encore séduire aujourd'hui par leur réelle qualité d'écriture. Personnellement, j'ai aussi aimé La huitième femme de Barbe Bleue pour son côté "carton-pâte", conséquence de son tournage en studio. Loin de me déranger, cette drôle de reconstitution de la Riviera française ajoute à mon plaisir: à tort ou à raison, j'y vois l'hommage lointain d'un exilé nostalgique, bien qu'aussi en avance sur son temps. Cela dit, j'ai aussi appris qu'une première version de cette histoire avait déjà été tournée à Hollywood à l'époque du muet, en 1923. Aujourd'hui, ce film ancien (d'une heure à peine) a disparu des radars. J'espère que vous saurez quoi faire si cette anecdote vous rend triste. Ah ! Je ne vous ai rien appris de la Tchécoslovaquie. Le film le fera...
La huitième femme de Barbe Bleue
Film américain d'Ernst Lubitsch (1938)
J'ai pris une bonne dose de plaisir devant le film et je suis content d'avoir à le présenter vendredi lors d'une soirée de mon association ! Après, histoire de, je peux dire que, du même cinéaste, j'ai préféré deux des Lubitsch suivants: Rendez-vous et Ninotchka. J'en verrai d'autres avec bonheur, c'est sûr ! Et je confirme que l'ami Billy Wilder est lui aussi l'un de mes chouchous: Certains l'aiment chaud forever !
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Vous ne pouvez pas voir le film tout de suite ?
La lecture de la belle chronique de Strum peut vous faire patienter. Vous en trouverez également une autre du côté de "L'oeil sur l'écran".
Un an avant le début de la guerre, le film témoigne d'une frivolité certaine. J'en parle positivement: il s'agit d'une comédie remarquable et en partie scénarisée par un élève de Lubitsch, débarqué aux States pour fuir les troubles de la vieille Europe - un certain Billy Wilder. Inspirée d'une pièce de théâtre, l'histoire est celle d'un Américain quelque peu arrogant, Michael Brandon, en voyage sur la Côte d'Azur. C'est à Nice que notre homme rencontre la jeune fille d'un aristocrate fauché: la belle s'appelle Nicole de Loiselle et elle a du tempérament ! Assez en tout cas pour suggérer au bellâtre une technique pour lutter contre ses insomnies... et lui permettre d'acheter un bas de pyjama ! Par souci de préserver la surprise, je passe sur les détails (comiques) de ce pas de deux, mais le duo Gary Cooper / Claudette Colbert mérite largement le détour. Il se pourrait même qu'il vous surprenne. Folie douce et ton libéré font tout le sel des dialogues (et situations) !
Nous sommes face à un bel exemple de ce que la grande machine hollywoodienne appelait alors la screwball comedy. Plutôt "débridés" et gentiment audacieux pour les moeurs de leur époque, ces films peuvent encore séduire aujourd'hui par leur réelle qualité d'écriture. Personnellement, j'ai aussi aimé La huitième femme de Barbe Bleue pour son côté "carton-pâte", conséquence de son tournage en studio. Loin de me déranger, cette drôle de reconstitution de la Riviera française ajoute à mon plaisir: à tort ou à raison, j'y vois l'hommage lointain d'un exilé nostalgique, bien qu'aussi en avance sur son temps. Cela dit, j'ai aussi appris qu'une première version de cette histoire avait déjà été tournée à Hollywood à l'époque du muet, en 1923. Aujourd'hui, ce film ancien (d'une heure à peine) a disparu des radars. J'espère que vous saurez quoi faire si cette anecdote vous rend triste. Ah ! Je ne vous ai rien appris de la Tchécoslovaquie. Le film le fera...
La huitième femme de Barbe Bleue
Film américain d'Ernst Lubitsch (1938)
J'ai pris une bonne dose de plaisir devant le film et je suis content d'avoir à le présenter vendredi lors d'une soirée de mon association ! Après, histoire de, je peux dire que, du même cinéaste, j'ai préféré deux des Lubitsch suivants: Rendez-vous et Ninotchka. J'en verrai d'autres avec bonheur, c'est sûr ! Et je confirme que l'ami Billy Wilder est lui aussi l'un de mes chouchous: Certains l'aiment chaud forever !
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Vous ne pouvez pas voir le film tout de suite ?
La lecture de la belle chronique de Strum peut vous faire patienter. Vous en trouverez également une autre du côté de "L'oeil sur l'écran".
Les portes qui claquent et l'air benêt de Gary Cooper auquel on est pas habitué ne m'ont pas entièrement séduite.
RépondreSupprimerC'est un film mignon.
Bonjour Martin, ce filml est une merveille absolue à voir et à revoir. Bonne journée.
RépondreSupprimer@Pascale:
RépondreSupprimerRevu en salle hier, je peux t'assurer que le rire du public était franchement communicatif !
Cela dit, je continue de préférer "The shop around the corner", alias "Rendez-vous".
@Dasola:
RépondreSupprimerJe suis ravi de ton enthousiasme ! Bon week-end (et bons films) à toi !
Bonjour Martin, j'ai fait découvrir tout récemment ce film à mon ami qui l'a beaucoup apprécié. Claudette Colbert est très bien. David Niven, tout jeunot en train de taper à la machine avec un doigt est irrésistible. Bonne journée.
RépondreSupprimerHello Dasola. Ravi que ton ami soit tombé sous le charme du film !
RépondreSupprimerClaudette Colbert est impeccable, il est vrai. David Niven ? Tout à fait tordant.
J'avoue une tendresse particulière pour le personnage du père joué par Edward Everett Horton.