mercredi 12 décembre 2018

Un flingue, mais...

Est-ce le film le plus idiot de Clint Eastwood ? Lorsque je cherchais des images pour cette chronique, je suis tombé sur cette question. Ma réponse n'en est pas une. Il est certain que L'épreuve de force n'est sûrement pas son oeuvre la plus subtile. Elle m'a intéressé malgré cela. Comme le révélateur d'une certaine époque, si j'ose dire.

Foncièrement conservateur, Eastwood nous propose ici un personnage de flic assez "brut de décoffrage", qu'on aurait vite fait de classer dans la droite ligne de son prédécesseur, le fameux Harry Callahan. Quelque peu en délicatesse avec sa hiérarchie, lui aussi, Ben Stockley porte le même type de costumes et possède le même type de flingue. Quand il doit quitter l'Arizona pour convoyer un prisonnier, il trouve pénible qu'il s'agisse en fait d'une femme. Et jugeant qu'elle regimbe en criant à l'injustice, il la gifle aussitôt pour lui apprendre le respect. Oui, mais... cette fois, la dame a raison (au début, en tout cas). Déniaisé, si j'ose dire, Clint aura alors une autre vision de son devoir. L'occasion de retrouver certains de ses autres thèmes habituels, tels que la corruption des élites et la primauté de l'individu sur le groupe. Propagande ? Je ne crois pas. Mais opinions tranchées, ça, d'accord...

Malgré l'outrance des situations, je dirais bien que l'acteur-réalisateur construit un peu de sa légende avec ce film, mais aussi qu'il donne une pertinence tout à fait équivalente au (seul) personnage féminin. Dans le rôle, on retrouve Sondra Locke, sa compagne du moment. L'épreuve de force apparaîtrait presque comme un film de couple. L'ironie étant qu'à la ville, le duo ne partageait pas du tout les idéaux de ses doubles fictifs. On s'en moque, en fait ? Oui, probablement. Apprécié "dans son jus", le long-métrage est une sorte d'archétype parfait d'un certain cinéma américain, à l'opposé de la contre-culture promue dès la fin des années 60. Ce côté énôôôrme me plaît, de fait. Rien ne parvient à arrêter le héros solitaire, même lorsqu'il s'acoquine avec la première meuf venue et, ouais, c'est comme cela qu'on l'aime. Ou qu'on aime le détester, parce qu'on a le choix, bien évidemment ! En l'espèce, il me semble qu'il est bien difficile de rester indifférent...

L'épreuve de force
Film américain de Clint Eastwood (1977)

Bourrin un jour, bourrin toujours, ce cher Clint ? Oui, mais pas que. Isolément, cet opus apparaît un peu bas de plafond, mais j'affirme qu'il garde de vraies qualités (dans son genre, bien entendu). (Re)voir ensuite Un shérif à New York ou L'inspecteur Harry doit permettre une juste comparaison. Eastwood est toujours flic dans Un monde parfait, mais encore autrement. Rappel: il n'a jamais été scénariste !

6 commentaires:

  1. Rien d'inoubliable et presque comique par rapport à ce qu'il a fait ensuite.
    Et pas touche à Un monde parfait qui reste à ce jour mon Clint préféré.
    Et oui, SCOOP... La route de... possède une scène qui m'agace prodigieusement.

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  2. Comique ? Oui, c'est vrai, d'une certaine façon.

    J'ai n'ai ABSOLUMENT pas touché à "Un monde parfait", que j'aime beaucoup, moi aussi.
    Pour ce qui est de "La route de Madison", je ne le considère comme l'un de ses plus grands films.

    Je ne suis plus très loin d'avoir vu tous les films réalisés par Clint. To be continued...

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  3. Oui.


    Ça tombe bien : i faut pas.

    Manque un mot mais j'ai compris l'idée.

    Heiiiiinnnn ?????

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  4. L'humour de Clint, c'est son autodérision. Cela fonctionne bien, parfois.

    "Un monde parfait", il faut vraiment que je le revoie. Vivement la prochaine occasion !
    "Sur la route de Madison": il ne manque pas de mot, il y en a un en trop. "Je le considère...".

    Oui, parmi les films réalisés par Clint, il m'en manque quelques-uns. Le premier et le dernier, notamment.

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  5. Ah donc tu LE considères.
    Revoir un monde parfait... Je ne m'en lasse jamais. Le meilleur Clint et le meilleur Kevin.

    Le dernier, c'est le 15h18 ? On peut sen passer.

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  6. Je n'ai envie de me passer d'aucun. L'idée est de voir l'intégrale, histoire d'être complet.
    Il m'en manque assez peu, en réalité, et je dois dire que je suis assez impatient de voir le prochain !

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