mercredi 1 août 2018

Une vie de femme

Bigre ! Après dix ans de cinéma "seulement", l'admirable Meryl Streep avait déjà reçu deux Oscars et deux Golden Globes quand on la choisit pour interpréter Susan Traherne dans Plenty. C'est elle qui m'a attiré vers ce film dont je ne savais rien. Son jeu y est très convaincant. Cela pourrait même être ce que ce long-métrage a de mieux à offrir !

L'histoire commence en France, lors de la seconde guerre mondiale. Anglaise, la femme que le scénario va nous proposer d’accompagner travaille pour la Résistance. Une nuit, en plus des munitions reçues par colis parachutés, elle récupère un compatriote en mission secrète. Le duo est à deux doigts d'être arrêté par une petite troupe de soldats allemands, mais il parvient finalement à s'échapper. Une scène tendre plus loin, les événements se précipitent et les amants éphémères doivent donc se séparer, sans avoir eu le temps de se dire au revoir. La suite ? Elle se passe dans un port de Belgique, une fois la paix revenue. Ce n'est en fait que la première étape d'un parcours de vie étonnant, dont le bon suivi vous demandera une attention soutenue. Plenty est audacieusement mis en scène, à grand renfort d'ellipses temporelles. Seul l'écho de quelques événements historiques réels pourra vous tenir lieu de calendrier: aucune date n'apparaît à l'écran. Autant vous signaler qu'au début, j'ai eu un peu de mal à m'y faire. Ensuite, une fois habitué, je me suis en quelque sorte "pris au jeu"...

Puisque la caméra ne lâche pas Meryl Streep, le mieux est de la suivre et de se laisser guider, sans état d'âme. À dire vrai, j'ai été étonné par la tonalité générale du film: ainsi que mes photos d'aujourd'hui peuvent vous l'avoir suggéré, Susan Traherne voit son existence traversée par plusieurs hommes (et pas toujours pour le meilleur). Finalement, même si les échanges affectifs ont du bon, les relations humaines lui imposent un carcan dont elle veut surtout s'affranchir. Le souci étant que, dans les années 50-60, être une femme libérée n'est pas si facile - ou en tout cas beaucoup moins qu'à notre époque. C'est vrai aussi qu'avec ce que nous savons des idées de son actrice principale, Plenty ne surprend pas tout à fait dans cette position d'avant-garde: il n'en constitue pas moins un portrait intéressant, nuancé et de fait assez dur, le fort désir d'émancipation de l'héroïne la conduisant régulièrement à ne tenir compte de personne. Notez qu'entre Charles Dance, Sam Neill, Ian McKellen et Sting, les rôles masculins échoient toutefois à d'excellents comédiens. Plaisir doublé !

Plenty
Film américano-britannique de Fred Schepisi (1985)

Pas d'erreur: je suis content d'avoir vu ce film rare et je l'ai apprécié. Dieu sait ce que cela aurait donné sans Meryl Streep, mais j'insiste pour dire que la star est vraiment à son aise dans ce rôle complexe. Pour voir une autre femme batailler, je vous recommanderai Respiro ou Portrait de femme (dans un genre à chaque fois très différent). Ensuite, pour être complet, je resterai à l'écoute de vos suggestions !

4 commentaires:

  1. Je crois l'avoir vu à sa sortie. Pour Meryl. Mais n'en garde aucun souvenir.
    J'étais DINGUE de Charles Dance.
    Cette classe !!!
    Pour une vie de femme incroyable je te recommande Blackbook avec l'exceptionnelle Carice van Houten.

    RépondreSupprimer
  2. Avec toutes ces ellipses, c'est vraiment un film particulier.
    Charles Dance a la classe, effectivement. Il a un vrai beau rôle dans ce film.

    "Black book" ? Je l'ai vu et chroniqué. Tu étais même venue commenter.
    De mémoire, je dois dire que je l'avais trouvé un peu trop racoleur, par moments.

    RépondreSupprimer
  3. J'aimerais bien le revoir.

    Je ne me souviens pas de TOUS les films dont tu parles et que je commente. Ou j'aurais une mémoire... monstrueuse...
    :-)

    RépondreSupprimer
  4. Je te le souhaite, même si ça s'annonce assez difficile.
    En fait, je n'avais jamais entendu parler de ce film avant de le voir...

    Bien sûr que tu ne peux te souvenir de l'ensemble des films que je chronique.
    Moi-même, je suis sûr d'en oublier et j'utilise mon index général pour m'y retrouver.

    RépondreSupprimer