Les lampions de la fête se sont éteints samedi soir: le 71ème Festival de Cannes est à présent derrière nous. Je suis légèrement en avance pour tenir ma promesse de vous en livrer un petit bilan (subjectif). J'espère que cette édition très féministe annonce de rapides progrès sur tous les champs de l'égalité. Mon credo: ce combat doit continuer.
En attendant, la Palme d'or de cette année est revenue à un cinéaste que j'aime beaucoup: le Japonais Hirokazu Kore-eda. Une coïncidence amusante pour moi: cette consécration lui parvient dans un moment où j'hésite encore à aller voir son dernier long. Je suis en tout cas sûr que je m'offrirai le suivant, Une histoire de famille, dont j'ai reçu quelques très bons échos avant même la fin de la quinzaine cannoise. Pour autant, la date de sa sortie en salles n'est pas encore connue. Seules infos: le scénario tournerait autour d'une vraie-fausse famille pauvre, qui recueille en son sein une petite fille de la rue. Je compte sur la délicatesse du réalisateur pour magnifier ce pitch très "simple". Son choix de revenir à un cinéma de l'intime renforce cette confiance. Fatalement, j'envie un peu celles et ceux qui ont déjà pu voir le film !
Puisqu'il n'y a pas eu de doubles Palmes depuis 1997, on dit parfois que le Grand Prix du jury est en réalité la consolante du Festival. Remise samedi à Spike Lee pour un BlacKkKlansman dont j'attends beaucoup, cette pourtant prestigieuse distinction s'est faite discrète après la Palme d'or spéciale de Jean-Luc Godard (Le livre d'image). Absent de la cérémonie, le cinéaste franco-suisse se voit décerner une récompense inédite et taillée à sa mesure, en quelque sorte. Nettement plus prévisible, si j'ose dire, le Prix du jury a été attribué à une femme: la Libanaise Nadine Labaki. Capharnaüm ? Un drame sur l'enfance qui, visiblement, ne fait pas l'unanimité sur la Croisette.
Pas de double Palme, donc, et un seul Prix de la mise en scène. Apparemment, Cold war, l'histoire d'amour tragique du réalisateur polonais Pawel Pawlikowski, a un peu déçu sur le fond, mais le jury paraît confirmer qu'elle est sublimée par un noir et blanc d'anthologie. Les mêmes jurés ont remis non pas un, mais deux Prix du scénario ! Retenu en Iran, Jafar Panahi a dignement été représenté par sa fille pour récupérer le trophée remis à Trois visages, un film qu'il a coécrit avec son compatriote Nader Saievar (et qui sort en salles le 6 juin). L'Italienne Alice Rohrwacher, elle, n'a pas eu besoin de remplaçante pour savourer pleinement le succès de son Heureux comme Lazzaro.
Je l'ai déjà dit, mais je veux bien le répéter: Cannes m'intéresse particulièrement comme fenêtre ouverte à nombre de filmographies étrangères. Son film risque de rester confidentiel, mais je me réjouis de voir une Kazakhe, Samal Esljamova, obtenir le Prix d'interprétation féminine. Ayka, le film concerné, évoque le destin d'une sans-papiers kirghize dans le Moscou d'aujourd'hui. Un récit glaçant, semble-t-il. Plus proche de nous, mais assez sombre aussi, Dogman, thriller social italien, met en scène Marcello Fonte, un acteur jusqu'alors cantonné aux rôles secondaires ou de figuration. Une bonne pioche: il repartira de Cannes avec le Prix d'interprétation masculine. Une jolie surprise !
Vous le savez: le Festival, ce n'est pas qu'une course à la Palme. Parmi les autres récompenses que je surveille, il y a la Caméra d'or. Un petit rappel au cas où: ce trophée est décerné (par un jury spécial) à ce qui serait le meilleur des premiers films en lice, toutes sélections confondues. Cette année, pour le trouver, il fallait chercher du côté d'Un certain regard. Girl, film du cinéaste flamand Lukas Dhont, joue sur la confusion des genres: son héroïne est une jeune transsexuelle. Il reçoit aussi une Queer Palm, une distinction réservée aux oeuvres sur l'altersexualité. Quant à Victor Polster, l'acteur principal, il obtient le Prix d'interprétation de la sélection parallèle... à tout juste 16 ans !
Hé ! Revenez ! Je n'ai pas fini ! Dans l'ombre des lauréats, Cannes ouvre aussi la porte des cinémas à des films venus des quatre coins du monde. Dans le lot, j'essaye toujours d'en retenir quelques-uns pour rêver à mes séances futures. Et du coup, j'ai très envie de voir...
/ L'homme qui tua Don Quichotte (Terry Gilliam)
Moi aussi, je persiste et signe ! Maintenant que l'on est presque sûr d'avoir la possibilité de voir ce film "maudit", je me sens très heureux qu'il ait triomphé des mille et une embuches laissées sur son chemin. Cela valait-il le coup d'attendre - ou pas ? On s'en reparlera très vite !
/ En guerre (Stéphane Brizé)
L'aviez-vous remarqué ? Aucun film français n'a séduit le jury présidé par Cate Blanchett. Je ne veux citer aujourd'hui que le plus accessible des quatre engagés en compétition. La présence de Vincent Lindon attire mon regard vers ce qui semble être un drame syndical puissant.
/ Asako 1 & 2 (Ryusuke Hamaguchi)
Bon... il y a encore deux semaines, je n'avais jamais entendu parler de cet autre cinéaste japonais. Depuis, j'ai lu de très bonnes choses sur Senses, son premier film, d'une durée de... cinq heures et sorti en salles, coupé en trois parties. Cela aura suffi à me rendre curieux !
/ Le grand bain (Gilles Lellouche)
J'ai raté l'avant-première de cette comédie sur fond de natation synchronisée. Je ne suis pas fan du réalisateur, mais il m'a touché quand je l'ai vu ému par son accueil à Cannes. J'irai donc à la piscine cet automne, avec Anglade, Amalric, Poelvoorde, Canet et consorts...
/ En liberté ! (Pierre Salvadori)
Loin de mes radars avant le Festival, ce film est sous surveillance depuis que j'ai appris qu'on y verrait Adèle Haenel et Pio Marmaï. Deux comédiens que je place parmi les meilleurs de leur génération. Résultat: je suis déjà impatient de découvrir cette comédie policière.
/ Rafiki (Wanuri Kahiu)
Je crois que c'est l'un des tous premiers films dont j'ai entendu parler après l'ouverture du Festival. Son sujet ? Deux femmes amoureuses l'une de l'autre. Kényane, la réalisatrice affronte ainsi l'un des tabous les plus puissants de son pays. C'est ce courage que je compte saluer.
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Désormais, j'ai fait le tour (ou presque)...
Je vais vous reparler bientôt du film d'ouverture: Everybody knows. Un tout petit mot encore sur les courts: la Palme d'or de la catégorie est revenue à Toutes ces créatures, de l'Australien Charles William. On the border, opus du Chinois Wei Shujun, obtient une mention. Voilà... je n'ai rien à ajouter. J'attends l'édition 2019 de pied ferme et, bien évidemment, demeure ouvert à vos possibles commentaires !
Cate Blanchett et Hirokazu Kore-eda |
Spike Lee |
Pawel Pawlikowski et Kristen Stewart |
Asia Argento, Samal Esljamova et Ava DuVernay |
Victor Polster et Lukas Dhont |
Isabelle Adjani |
Moi aussi, je persiste et signe ! Maintenant que l'on est presque sûr d'avoir la possibilité de voir ce film "maudit", je me sens très heureux qu'il ait triomphé des mille et une embuches laissées sur son chemin. Cela valait-il le coup d'attendre - ou pas ? On s'en reparlera très vite !
/ En guerre (Stéphane Brizé)
L'aviez-vous remarqué ? Aucun film français n'a séduit le jury présidé par Cate Blanchett. Je ne veux citer aujourd'hui que le plus accessible des quatre engagés en compétition. La présence de Vincent Lindon attire mon regard vers ce qui semble être un drame syndical puissant.
/ Asako 1 & 2 (Ryusuke Hamaguchi)
Bon... il y a encore deux semaines, je n'avais jamais entendu parler de cet autre cinéaste japonais. Depuis, j'ai lu de très bonnes choses sur Senses, son premier film, d'une durée de... cinq heures et sorti en salles, coupé en trois parties. Cela aura suffi à me rendre curieux !
/ Le grand bain (Gilles Lellouche)
J'ai raté l'avant-première de cette comédie sur fond de natation synchronisée. Je ne suis pas fan du réalisateur, mais il m'a touché quand je l'ai vu ému par son accueil à Cannes. J'irai donc à la piscine cet automne, avec Anglade, Amalric, Poelvoorde, Canet et consorts...
/ En liberté ! (Pierre Salvadori)
Loin de mes radars avant le Festival, ce film est sous surveillance depuis que j'ai appris qu'on y verrait Adèle Haenel et Pio Marmaï. Deux comédiens que je place parmi les meilleurs de leur génération. Résultat: je suis déjà impatient de découvrir cette comédie policière.
/ Rafiki (Wanuri Kahiu)
Je crois que c'est l'un des tous premiers films dont j'ai entendu parler après l'ouverture du Festival. Son sujet ? Deux femmes amoureuses l'une de l'autre. Kényane, la réalisatrice affronte ainsi l'un des tabous les plus puissants de son pays. C'est ce courage que je compte saluer.
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Désormais, j'ai fait le tour (ou presque)...
Je vais vous reparler bientôt du film d'ouverture: Everybody knows. Un tout petit mot encore sur les courts: la Palme d'or de la catégorie est revenue à Toutes ces créatures, de l'Australien Charles William. On the border, opus du Chinois Wei Shujun, obtient une mention. Voilà... je n'ai rien à ajouter. J'attends l'édition 2019 de pied ferme et, bien évidemment, demeure ouvert à vos possibles commentaires !
Je suis ravie pour la palme à Kore Eda. Et je t'encourage vivement à voir The third murder. Virtuose.
RépondreSupprimerNadine Labaki m'a fait pleurer lors de la cérémonie. Même pas une photo de cette superbe femme engagée...
J'ai entendu sur France inter des emissions avec Dhont et Salvadori. Le 1er semble sulfureux le 2eme est parait il hilarant.
Tous m'attirent. J'ai hate quils sortent surtout le Kore Eda.
Je verrai "The third murder". Peut-être pas tout de suite.
RépondreSupprimerC'est vrai que j'ai été assez évasif sur Nadine Labaki. Et Asia Argento...
Pierre Salvadori est un réalisateur discret, mais j'aime beaucoup certains de ses films.
Pour le reste, il y a pas mal de choses qui me font envie, mais il faudra faire preuve de patience.
Je n'ai pas vu les films récompensés mais j'adore Kore-Eda donc ouais, je suis ultra contente pour lui !
RépondreSupprimerJustement ! Pour moi, l'un des plaisirs de Cannes, c'est de découvrir certains films après coup. Le Kore-eda n'était pas forcément le choix le plus audacieux que le jury aurait pu faire, mais il figure déjà sur ma liste, bien évidemment.
RépondreSupprimerJe retiens de ce festival que je n'ai fait que survoler de très loin, le poing levé d'Asia et l'espiègle revanche de Spike Lee.
RépondreSupprimerAsia Argento... c'était un moment fort, en effet !
RépondreSupprimerQuant à Spike Lee, j'ai hâte de voir le film, maintenant.
Aller au cinéma reste le meilleur moyen de "rattraper" Cannes.