mardi 8 mai 2018

Cannes au premier jour

C'est toujours avec une certaine curiosité que j'attends chaque année l'heure du retour du Festival de Cannes. Pour info, la 71ème édition démarre en décalé, non pas un mercredi, mais un mardi: aujourd'hui. Parmi les 1.906 films soumis à son jugement, le comité de sélection en a retenu 21 pour se disputer la Palme d'or. Quel boulot, mes amis !

De mon côté, je ne prétends pas désormais vous proposer une liste exhaustive des courts et longs-métrages à surveiller de (très) près. J'aurai sûrement l'occasion d'un bilan post-festivalier pour vous dire mes préférences. Pour l'heure, j'avais plutôt envie d'une chronique subjective, à partir des éléments factuels notés avant le coup d'envoi. Ce qui me conduit à exprimer ma joie de voir Cate Blanchett au poste de présidente du jury ! L'Australienne n'est "que" la onzième femme choisie pour assumer ces fonctions. Je suis déjà sûr qu'elle le fera avec classe. Pour parler de son discernement, j'attendrai la suite ! Cannes ne s'est jamais déroulé sans son lot de surprises, après tout...

Après The square et Ruben Östlund, qui remportera la récompense suprême ? C'est presque impossible de le pronostiquer. Il est avéré que la Croisette n'est pas coupée du monde pendant les quinze jours que dure la compétition, mais aussi que les choix du jury cannois s'écartent parfois sensiblement des attentes des médias spécialisés et/ou du grand public. Et qu'il est agréable de se laisser surprendre ! Après tout, le grand vainqueur 2017 avait été admis en compétition au tout dernier moment, ramenant au passage à son pays - la Suède - une Palme... qui avait toujours échappé au grand Ingmar Bergman ! J'imagine que, d'ici deux / trois jours, on aura déjà quelques échos...

La première de mes certitudes, c'est que le glamour compte toujours. Fidèle à son image, Cannes, cette année, démarre en grand pompe avec le couple Penelope Cruz / Javier Bardem, qui vient ouvrir le bal grâce au nouveau film de l'Iranien Asghar Farhadi, Everybody knows. Bonus: le long-métrage participe à la compétition et nous aurons l'occasion de le découvrir en salles... dès demain ! J'ai l'impression que la course à la Palme sera très ouverte cette année, la sélection n'accueillant qu'un seul ex-lauréat, le cinéaste turc Nuri Bilge Ceylan. Qu'un vent de renouveau souffle sur le Festival me ferait bien plaisir. On ne lui a que trop souvent reproché son (prétendu) conservatisme !

Le fait est que Cannes n'échappe jamais tout à fait à l'engagement politique. Sans la transformer en tribune, Thierry Frémaux, le délégué général du Festival, assume parfaitement le fait d'avoir associé quelques nouveaux visages à sa sélection, tout en y refusant d'ailleurs les films produits par la société américaine Netflix - au seul motif qu'ils n'étaient pas programmés pour sortir dans les salles françaises. On notera, parmi les candidats à la Palme, deux cinéastes censurés dans leur pays: l'Iranien Jafar Panahi et le Russe Kirill Serebrennikov. Des démarches ont été faites pour défendre leur approche, mais l'un et l'autre devraient manquer le rendez-vous cannois. Pensons à eux...

Les absents du Festival ne sont pas toujours privés de liberté. Exemple: bien qu'il ait de nouveau été retenu dans la sélection officielle, il se dit que le Franco-suisse Jean-Luc Godard, 87 ans, devrait rester chez lui plutôt que de venir parader sur la Croisette. Entre nous, je me fiche bien qu'il soit là pour défendre Le livre d'image ou non. D'autres longs-métrages m'intéressent: outre le film d'ouverture, je suis impatient d'en savoir plus sur Les filles du soleil d'Eva Husson, En guerre de Stéphane Brizé, Une affaire de famille d'Hirokazu Kore-eda, BlacKkKlansman de Spike Lee et Yomeddine d'Abu Bakr Shawky. Vous saurez donc bientôt si j'ai eu le nez creux...

Quoi qu'il en soit, et même si je dois admettre n'avoir encore vu aucune des quatre dernières Palmes, je continue d'aimer le Festival. Malgré ses défauts, son côté international me fascine et j'ai été ravi d'apprendre que, cette année, il accréditerait de jeunes cinéphiles pour leur ouvrir ses portes, un peu avant la fin de la compétition. Quant à moi, j'étais disposé à attendre juin - et sa sortie en salles - pour découvrir L'homme qui tua Don Quichotte, annoncé à la clôture de la Quinzaine cannoise. Las ! Un énième incident est venu perturber le parcours ô combien chaotique du film "maudit" de Terry Gilliam. L'ex-Monty Python est désormais en conflit avec... son producteur. Leur bataille juridique pourrait conduire à une déprogrammation ! Une issue qui serait rude pour le duo Jonathan Pryce / Adam Driver...

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Voilà, j'ai à peu près fait le tour...
À vous, désormais, de me dire si Cannes vous enthousiasme ou non. Et je vous saurai gré d'argumenter votre point de vue, quel qu'il soit !

8 commentaires:

  1. Vu mon agenda des prochaines semaines, je sens que je ne vais hélas que survoler cette sélection. Bien curieux néanmoins de découvrir ce Gilliam (toujours Lost in la Mancha au moment où j'écris) a fini par tirer de son adaptation au parcours si chaotique (un development hell comme on aura rarement vu tout de même dans l'histoire du cinéma).

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  2. Oui ça m'enthousiasme.
    J'ai vu la soirée. Édouard était top. Classe et décontracté.
    Tous les extraits m'ont intéressée et intriguée.
    Petite attente particulière pour le serial killer de Lars. Espérons qu'il ne déblatère pas de conneries cette année... car Melancholia méritait mille fois la palme.

    Kate et Kristen étaient sublimes et mystérieuses.
    LE couple de la soirée: Javier et Penelope magnifique.

    Tu n'as pas vu The Square ??? Il faut réparer d'urgence.

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  3. Et tu peux faire l'impasse sur Dheepan. Les Freres Coen se sont complètement plantés cette année là. Il faut être au moins 2 pour décider de primer un tel film.

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  4. @Princécranoir:

    Je pense la survoler aussi… et j'espère que nous aurons l'occasion d'en découvrir la plus grosse partie en salles.
    Pour ce qui est du "Don Quichotte", je ne sais pas quoi penser, si ce n'est que j'ai quand même très envie de le voir !

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  5. @Pascale:

    Pendant la présentation d'Édouard, j'étais… au cinéma. Je suis sûr qu'il était top.

    Lars… je suis comme toi: j'espère qu'il évitera les dérapages à la con. "Melancholia" aurait mérité la Palme, mais "The tree of life" ne l'a pas volée.

    "The Square" ? Son tour viendra. Il y a bien plus que trois autres Palmes que je n'ai pas vues, d'ailleurs.

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  6. @Pascale 2:

    "Dheepan" ? Je ne cours pas après, franchement. Mais je pense que je le verrai dans ma logique exhaustive.

    Je n'ai pas vu beaucoup des films soumis au jury des Coen brothers. Ma Palme (provisoire ?) irait à "Mia madre".
    Et le Prix de la mise en scène pour "The assassin", ça me paraît un bon choix.

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  7. Pour être tout à fait franc, je n'attends rien (ou pas grand chose) de Cannes. Pas tant à cause des films qui y sont projetés. C'est plus cette ambiance, cette féerie du fric et des apparences qui me laisse totalement indifférent.

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  8. Je peux comprendre. Les paillettes, pour ma part, je les laisse dans le décorum.
    Cannes nous a tout de même amené quelques films intéressants, depuis toutes ces années.

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