Flashback rapide pour reposer le contexte: je vous ai parlé samedi des dix films qui, hors du cadre de l'actu des sorties dans les salles françaises, m'ont donné le plus de plaisir en 2017. J'en terminerai avec ces longs-métrages en citant cette fois les dix qui m'ont procuré le plus d'émotions. Ce top "alternatif" peut, bien sûr, être débattu...
1. Cyrano de Bergerac / Augusto Genina / 1923
Disons-le tout de go: le réalisateur italien de ce bijou a eu... du nez. Cela m'a surpris très favorablement: le plus gouailleur des héros français ne perd pas son panache en passant des planches du théâtre aux plateaux du cinéma muet. Le voir sur écran géant, et en couleurs qui plus est, m'a à la fois ému, émerveillé et impressionné. Chapeau !
2. Quand passent les cigognes / Mikhaïl Kalatozov / 1957
Le premier film 100% soviétique de ma collection et un mélodrame parmi les plus puissants découverts ces dernières années. La guerre et ses conséquences comme je ne les avais jamais vues. L'antithèse même de l'académisme poussiéreux: la caméra virevolte et s'arrête sur les visages pour de superbes gros plans. Grand cinéma populaire !
3. Madame de... / Max Ophuls / 1953
Une histoire dramatique peu après Napoléon III et une belle référence pour admirer l'impériale Danielle Darrieux, grande dame du cinéma français, décédée en octobre dernier à l'âge de cent ans. Son talent sans équivalent brille de mille feux et nous attache à son personnage de femme menteuse, certes, mais follement passionnée. Quel éclat !
4. La forêt de Mogari / Naomi Kawase / 2007
Doucement mais très sûrement, le style de la réalisatrice japonaise m'impose de belles émotions. Cette rencontre entre une infirmière timide et un vieux monsieur malade offre en fait un double parcours initiatique, que j'espère ne pas oublier de sitôt. Un pas de deux mélancolique et joyeux à la fois, un petit miracle du temps suspendu.
5. Les chansons que mes frères m'ont apprises / Chloé Zhao / 2015
Quand l'Amérique ose regarder les réalités indiennes en face, il arrive qu'elle accouche d'oeuvres puissantes, à l'image de ce premier long d'une jeune femme née en Chine. Il est difficile d'imaginer un horizon plus bouché que celui des personnages, forcés d'oublier leurs racines avant toute progression. Un propos noir, mais des images fabuleuses.
Il me semble que l'orphelinat a déjà été le décor d'un film d'épouvante espagnol. Ici, il remplit sa fonction première: accueillir des gosses abîmés par la vie, pour diverses raisons plus ou moins dissimulées. C'est tragique ? Oui, mais le monde ultra-coloré d'Icare / Courgette est aussi celui des chagrins consolés et de l'amitié véritable. Épatant.
7. Tous les autres s'appellent Ali / Rainer Werner Fassbinder / 1974
7. Tous les autres s'appellent Ali / Rainer Werner Fassbinder / 1974
Un mélange de romantisme échevelé et d'ironie mordante, le tout mis au service d'une conviction politique qui s'exprime ainsi à visage découvert. D'abord déroutant sur la forme, le film est un pamphlet contre le racisme... comme j'aimerais en voir plus souvent. Remarquable interprétation du duo Brigitte Mira / El Hedi ben Salem !
8. Valley of love / Guillaume Nicloux / 2015
8. Valley of love / Guillaume Nicloux / 2015
Embarquer deux monstres sacrés du cinéma français et les emmener au beau milieu de nulle part pour répondre à la convocation d'un fils décédé... le pari était audacieux et, peut-être, quelque peu risqué. Résultat: aux frontières du réel, Isabelle Huppert et Gérard Depardieu emportent le morceau. Un très beau récit sur le deuil et ses chemins.
9. Loin des hommes / David Oelfhoffen / 2015
La poussière des montagnes, un homme épris de justice, un autre promis à la potence... pour un peu, on pourrait se croire au Far West. Sauf qu'on est en fait en Algérie, à l'aube de la guerre d'indépendance. Que vaut la vie dans de telles conditions ? C'est la question de ce film tiré de L'hôte, une nouvelle d'Albert Camus (1957). Un sujet essentiel.
10. La duchesse de Varsovie / Joseph Morder / 2015
Un jeune homme accueille sa grand-mère et tâche d'en apprendre davantage sur sa vie passée. Alexandra Stewart fait forte impression quand, lors d'un gros plan visage de plusieurs minutes, elle s'autorise enfin à lever le voile sur les mystères de son personnage. La preuve qu'on peut faire un film avec deux acteurs et quelques décors peints.
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Bon, je suis presque certain d'une chose...
À mon avis, vous avez déjà deviné la teneur du top prévu mercredi. Non ? Vraiment ? Il concernera mes préférences du millésime écoulé. Plus que deux jours, donc, pour en juger et les comparer aux vôtres !
Que d'émotions au cinéma !
RépondreSupprimerCertains ne m'ont pas autant transportée mais les cigognes et la vallée de l'amour ont un effet durable.
Et Cyrano (je n'ai vu celui ci qu'à la télé) est mon personnage de la littérature préféré. Certaines tirades continuent de me mettre KO.
C'est long d'attendre demain.
RépondreSupprimerD'autant que (sauf erreur ou omission) tu n'as pas vu je crois Seule la terre et Faute d'amour... c'est très embêtant :-)
Et euh... Ghost story tu l'as vu ?
@Pascale 1:
RépondreSupprimerHé oui, le cinéma, pour moi, c'est ça: du plaisir et des émotions.
Les tirades de Cyrano sont effectivement éternelles. Même muettes, dis donc !
@Pascale 2:
RépondreSupprimerAllez, plus que quelques heures avant la révélation...
"A ghost story", j'y reviendrai. Mais... enfin, non, tu verras bien !
Je garde un excellent souvenir de Valley of Love, véritable expérience au cinéma. Et Ma vie de courgette est absolument à voir !
RépondreSupprimerAh oui ! Rétrospectivement, j'aurais bien aimé voir ces deux films sur un écran géant.
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