Vous en avez sans doute entendu parler: lui-même ancien militant d'Act Up, Robin Campillo évoque ses souvenirs dans 120 battements par minute. Ce très bon travail n'est pas exactement la biographie filmée de certains de ses ex-compagnons de lutte, mais il s'inspire clairement d'hommes et de femmes "réels". En changeant les noms...
Une précision pour celles et ceux d'entre vous qui l'ignoreraient encore ou auraient pu l'oublier: émanation associative de la communauté homosexuelle, créée à la toute fin des années 80, Act Up vise à faire entendre la parole des personnes séropositives dans la sphère publique, au-delà des cabinets médicaux. Pour cela, ses membres décident ensemble d'actions à mener, très souvent spectaculaires. D'ailleurs, dès le début de 120 battements..., la caméra s'infiltre dans les coulisses de l'une des nombreuses opérations coup-de-poing présentées tout au long du métrage. Mais je voudrais dire également que, comme l'illustre ma première image, le film est empli d'énergie !
Parmi les choses que j'ai appréciées, il y a aussi le fait que le récit s'appuie sur des têtes inconnues. À savoir qu'exceptée Adèle Haenel que vous aurez, je l'espère, reconnue ci-dessus, les comédien(ne)s choisi(e)s ne sont en rien des stars du grand écran ! Je vous rassure tout de suite: ils sont tous très bons, pour ne pas dire excellents. Compte tenu de leur (relatif) anonymat, il est assez facile et naturel de s'identifier à eux, même en étant peu concerné par les méthodes militantes de leurs personnages. 120 battements... est un film bouillonnant, plein d'une vie impossible à canaliser. Le paradoxe apparent n'en est pas un: le Sida tue, mais ces jeunes le combattent !
Leur fierté et leur détermination nous interpellent et nous invitent évidemment à réfléchir au sens à donner à leurs actes, plus encore qu'à leur engagement. Les choses ont pu évoluer dans le bon sens aujourd'hui, mais à l'époque, la maladie était un tabou, au mieux. Frontalement, le film rappelle qu'elle était encore souvent considérée comme "le cancer des homos", expression alors chargée de mépris. L'intelligence de 120 battements... est de nous montrer un collectif soudé, qui ne classe pas ses membres selon leurs préférences sexuelles ou leur statut sérologique, mais les réunit tous à égalité. Politiquement, on peut aussi y voir une petite leçon de démocratie...
Je ne veux pas tout dévoiler, mais vous pouvez sûrement imaginer que, puisqu'il est question de Sida, il est également question de mort. Je vous le confirme: 120 battements... n'élude pas les conséquences de la maladie. Cela dit, bien que très explicite, il ne nous place jamais dans la position du voyeur: c'est l'un de ses grands mérites. Sachez-le par ailleurs: quelques séquences purement contemplatives secouent assez fort - à partir de très belles idées de cinéma, en fait. Petit à petit, le scénario se resserre autour d'un nombre plus restreint de protagonistes, tout en défendant la force du groupe. Une claque qui peut aider à (r)éveiller les consciences et à prolonger le combat...
120 battements par minute
Film français de Robin Campillo (2017)
Je n'ai pas vu Les nuits fauves, le film français culte, qui évoquait franchement le Sida dès le début des années 90. Je me souviens assez vaguement de Philadelphia, qui, en 1993, valut à Tom Hanks le premier de ses deux Oscars consécutifs. D'autres films plus récents sont aussi passés sans que je m'y arrête (pour l'instant, en tout cas). Celui que je viens de présenter mérite bien plus qu'un simple détour !
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J'en profite pour avancer dans mon Movie Challenge...
L'objectif n°17 - "Un film engagé" - me semble atteint aujourd'hui.
Et je termine avec deux petits liens extérieurs...
Ils vous relieront aux chroniques (enthousiastes) de Pascale et Tina.
Une précision pour celles et ceux d'entre vous qui l'ignoreraient encore ou auraient pu l'oublier: émanation associative de la communauté homosexuelle, créée à la toute fin des années 80, Act Up vise à faire entendre la parole des personnes séropositives dans la sphère publique, au-delà des cabinets médicaux. Pour cela, ses membres décident ensemble d'actions à mener, très souvent spectaculaires. D'ailleurs, dès le début de 120 battements..., la caméra s'infiltre dans les coulisses de l'une des nombreuses opérations coup-de-poing présentées tout au long du métrage. Mais je voudrais dire également que, comme l'illustre ma première image, le film est empli d'énergie !
Parmi les choses que j'ai appréciées, il y a aussi le fait que le récit s'appuie sur des têtes inconnues. À savoir qu'exceptée Adèle Haenel que vous aurez, je l'espère, reconnue ci-dessus, les comédien(ne)s choisi(e)s ne sont en rien des stars du grand écran ! Je vous rassure tout de suite: ils sont tous très bons, pour ne pas dire excellents. Compte tenu de leur (relatif) anonymat, il est assez facile et naturel de s'identifier à eux, même en étant peu concerné par les méthodes militantes de leurs personnages. 120 battements... est un film bouillonnant, plein d'une vie impossible à canaliser. Le paradoxe apparent n'en est pas un: le Sida tue, mais ces jeunes le combattent !
Leur fierté et leur détermination nous interpellent et nous invitent évidemment à réfléchir au sens à donner à leurs actes, plus encore qu'à leur engagement. Les choses ont pu évoluer dans le bon sens aujourd'hui, mais à l'époque, la maladie était un tabou, au mieux. Frontalement, le film rappelle qu'elle était encore souvent considérée comme "le cancer des homos", expression alors chargée de mépris. L'intelligence de 120 battements... est de nous montrer un collectif soudé, qui ne classe pas ses membres selon leurs préférences sexuelles ou leur statut sérologique, mais les réunit tous à égalité. Politiquement, on peut aussi y voir une petite leçon de démocratie...
Je ne veux pas tout dévoiler, mais vous pouvez sûrement imaginer que, puisqu'il est question de Sida, il est également question de mort. Je vous le confirme: 120 battements... n'élude pas les conséquences de la maladie. Cela dit, bien que très explicite, il ne nous place jamais dans la position du voyeur: c'est l'un de ses grands mérites. Sachez-le par ailleurs: quelques séquences purement contemplatives secouent assez fort - à partir de très belles idées de cinéma, en fait. Petit à petit, le scénario se resserre autour d'un nombre plus restreint de protagonistes, tout en défendant la force du groupe. Une claque qui peut aider à (r)éveiller les consciences et à prolonger le combat...
120 battements par minute
Film français de Robin Campillo (2017)
Je n'ai pas vu Les nuits fauves, le film français culte, qui évoquait franchement le Sida dès le début des années 90. Je me souviens assez vaguement de Philadelphia, qui, en 1993, valut à Tom Hanks le premier de ses deux Oscars consécutifs. D'autres films plus récents sont aussi passés sans que je m'y arrête (pour l'instant, en tout cas). Celui que je viens de présenter mérite bien plus qu'un simple détour !
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J'en profite pour avancer dans mon Movie Challenge...
L'objectif n°17 - "Un film engagé" - me semble atteint aujourd'hui.
Et je termine avec deux petits liens extérieurs...
Ils vous relieront aux chroniques (enthousiastes) de Pascale et Tina.
Même si on sent peu?
RépondreSupprimerTant mieux. Ça vaut mieux que sentir beaucoup:-)))
Quel film !!!
C'est corrigé, merci. Mais que tu es drôle !
RépondreSupprimerEn attendant, oui, je confirme à 120%... quel film !
Oui je sais certains jours je me fais rire moi-même :-)))))
RépondreSupprimerTu es bon public avec toi-même ? Moi aussi, à vrai dire.
RépondreSupprimerJ'ai une suggestion: et si on en profitait pour reparler plutôt du film ?
Un bouleversant film coup de poing entre l'intime et la collectivité. Cela faisait longtemps que je n'avais pas vu un film français d'une telle qualité.
RépondreSupprimerJe suis d'accord. Je me dis même qu'il y a de bonnes chances qu'il finisse au sommet des films français que j'ai découverts en salles cette année.
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