J'espère que les inconditionnels de Pedro Almodovar sauront accepter que je réutilise le titre de l'un de ses (meilleurs) films pour l'intitulé de cette chronique consacrée à Rodin, un biopic sorti cette année. Comme celui dont j'ai parlé mardi, il ne couvre qu'une partie de la vie de l'artiste, l'abordant à l'instant où l'État lui a passé une commande...
Nous sommes revenus en 1880. Auguste Rodin a 40 ans. Il travaille beaucoup, mais commence à laisser une place importante dans sa vie d'homme à une certaine Camille Claudel. Pourtant, cette relation affective reste teintée d'ambigüité, car la jeune femme est pour lui tout à la fois une conseillère, une muse et une amante, l'artiste gardant par ailleurs - et au moins - une autre compagne, Rose Beuret, qui l'accompagna, de fait, tout au long de son existence. Le scénario consacre une large partie de son propos à l'exposition de la vie intime du sculpteur, sans négliger toutefois de montrer la place qu'il prend progressivement dans l'histoire de l'art français. J'ai justement aimé cette façon d'aborder cette figure majeure sous toutes ses facettes, lumineuses ou plus sombres, tout en restant les mains dans la glaise. J'ai même trouvé cela assez fascinant et très intelligent pour révéler toute la complexité du personnage. Et je l'ai ainsi mieux découvert...
Je reviens désormais à mon titre: plutôt admiratif devant la manière dont Jacques Doillon filme l'artiste à l'oeuvre, j'ai donc été sensible également à sa façon de raconter ses passions humaines. Le style quelque peu austère du film m'a plu pareillement: sans concession pour les turpitudes de son héros, mais sans renier toutefois son génie précurseur, il en dresse un portrait nuancé. Un point appréciable également: les ellipses temporelles, qui nous épargnent les scènes longuettes ou répétitives. Bref... Rodin est un bon film. Un mot enfin sur les interprétations. Du côté féminin, pour commencer: Izïa Higelin m'a convaincu en Camille Claudel et Séverine Caneele, une découverte pour moi, m'a semblé parfaite dans le rôle (ingrat) de Rose Beuret. Reste Vincent Lindon, qui impose naturellement sa vigueur physique et son regard tourmenté, d'où un Auguste Rodin plus que crédible. Légère déception: sa voix, parfois désarticulée - ou disons étouffée. Ce petit détail nuit quelque peu au long-métrage et c'est dommage. Cela dit, je veux être clair: j'ai vécu un vrai bon moment de cinéma !
Rodin
Film français de Jacques Doillon (2017)
Je ne veux plus citer d'autres oeuvres cinéma consacrée aux artistes plastiques: je l'ai fait avant-hier à la fin de ma chronique de Renoir et, si ce n'est exhaustif, il me semble en tout cas que c'est suffisant. Le film m'a surtout donné envie de découvrir enfin le Camille Claudel de Bruno Nuytten (1988), avec Isabelle Adjani et Gérard Depardieu. Ou Juliette Binoche (Camille Claudel 1915 / Bruno Dumont / 2013)...
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!!! ATTENTION !!! Une scène que j'ai aimée...
Claudel montre à Rodin l'une de ses plus belles sculptures, La Valse. Elle l'interroge sur ce que seraient pour lui les trois temps de la danse. Il répond: "L'étreinte, le vertige et la passion". Piégée par son amour éperdu, elle y voit autre chose: "L'approche, le tourment et la mort".
Et, pour terminer, un lien vers un autre avis...
Je vous propose de lire la chronique de Pascale (en léger contrepoint).
Nous sommes revenus en 1880. Auguste Rodin a 40 ans. Il travaille beaucoup, mais commence à laisser une place importante dans sa vie d'homme à une certaine Camille Claudel. Pourtant, cette relation affective reste teintée d'ambigüité, car la jeune femme est pour lui tout à la fois une conseillère, une muse et une amante, l'artiste gardant par ailleurs - et au moins - une autre compagne, Rose Beuret, qui l'accompagna, de fait, tout au long de son existence. Le scénario consacre une large partie de son propos à l'exposition de la vie intime du sculpteur, sans négliger toutefois de montrer la place qu'il prend progressivement dans l'histoire de l'art français. J'ai justement aimé cette façon d'aborder cette figure majeure sous toutes ses facettes, lumineuses ou plus sombres, tout en restant les mains dans la glaise. J'ai même trouvé cela assez fascinant et très intelligent pour révéler toute la complexité du personnage. Et je l'ai ainsi mieux découvert...
Je reviens désormais à mon titre: plutôt admiratif devant la manière dont Jacques Doillon filme l'artiste à l'oeuvre, j'ai donc été sensible également à sa façon de raconter ses passions humaines. Le style quelque peu austère du film m'a plu pareillement: sans concession pour les turpitudes de son héros, mais sans renier toutefois son génie précurseur, il en dresse un portrait nuancé. Un point appréciable également: les ellipses temporelles, qui nous épargnent les scènes longuettes ou répétitives. Bref... Rodin est un bon film. Un mot enfin sur les interprétations. Du côté féminin, pour commencer: Izïa Higelin m'a convaincu en Camille Claudel et Séverine Caneele, une découverte pour moi, m'a semblé parfaite dans le rôle (ingrat) de Rose Beuret. Reste Vincent Lindon, qui impose naturellement sa vigueur physique et son regard tourmenté, d'où un Auguste Rodin plus que crédible. Légère déception: sa voix, parfois désarticulée - ou disons étouffée. Ce petit détail nuit quelque peu au long-métrage et c'est dommage. Cela dit, je veux être clair: j'ai vécu un vrai bon moment de cinéma !
Rodin
Film français de Jacques Doillon (2017)
Je ne veux plus citer d'autres oeuvres cinéma consacrée aux artistes plastiques: je l'ai fait avant-hier à la fin de ma chronique de Renoir et, si ce n'est exhaustif, il me semble en tout cas que c'est suffisant. Le film m'a surtout donné envie de découvrir enfin le Camille Claudel de Bruno Nuytten (1988), avec Isabelle Adjani et Gérard Depardieu. Ou Juliette Binoche (Camille Claudel 1915 / Bruno Dumont / 2013)...
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!!! ATTENTION !!! Une scène que j'ai aimée...
Claudel montre à Rodin l'une de ses plus belles sculptures, La Valse. Elle l'interroge sur ce que seraient pour lui les trois temps de la danse. Il répond: "L'étreinte, le vertige et la passion". Piégée par son amour éperdu, elle y voit autre chose: "L'approche, le tourment et la mort".
Et, pour terminer, un lien vers un autre avis...
Je vous propose de lire la chronique de Pascale (en léger contrepoint).
Je me suis terriblement ennuyée comme tu sais malgré les fulgurances de ce film.
RépondreSupprimerL'interprétation de Vincent, impérial comme jamais, comme toujours.
La présence massive de Severine Caneele et sa voix si délicate (voir La vie de Jésus et sa Palme d'interprétation).
Mais ce Balzac... d'une laideur à faire fuir.
Izia : non, totalement à côté de la plaque. Trop sautillante.
Camille est tourmentée, malade, persécutée... Camille à l'écran c'est Isabelle forever. Il y a des rôles comme celui-ci qui n'appartiennent qu'à une actrice.
Pourtant Juliette dans le Dumont est incroyable. Sa souffrance est un supplice pour le spectateur. Sa solitude aussi. Mais elle peut s'en sortir face à Isabelle parce que le film ne traite pas du tout de la même époque. Elle parle de l'internement.
Izia, non. Elle pète trop la santé !
Pour l'anecdote et moi qui dis ne rien comprendre à la sculpture... lors de mes vacances toutes récentes, je suis allée voir en vrai Les bourgeois de Calais de Rodin... Je n'ai toujours rien compris (comment fait-on cela ?) mais j'étais aimantée, fascinée, subjuguée !
Je suis étonné qu'on puisse s'ennuyer devant le film, même si le rythme est lent. C'est vrai aussi qu'Izïa n'est pas fiévreuse comme Camille Claudel pouvait (devait ?) l'être, mais justement... ça change un peu. J'ai trouvé intéressant qu'on nous montre le début de cette relation mortifère avec Rodin, ce qui permet de mesurer l'évolution des personnages.
RépondreSupprimerJe verrai peut-être Isabelle et Juliette un jour ou l'autre. J'ai sorti de ma bibliothèque un vieux bouquin sur Camille Claudel et ses dernières années chez les fous. Je pense le lire d'ici quelque temps. Aujourd'hui, on parlerait de maltraitance.
J'aurais moi aussi aimé découvrir Les bourgeois de Calais "en vrai". Ton anecdote me rappelle que le film m'a donné envie de mieux connaître la sculpture de Rodin. Il faudra que je trouve le moyen de repartir à sa rencontre dans un musée ou un autre.
Je hais Paul Claudel depuis que je sais ce qu'il a fait à Camille. C'est lui, en grande partie, et leur bourgeoise et insensible mère qui sont responsables de son internement.
RépondreSupprimerC'est insupportable. Elle y est restée 30 ans, est morte de malnutrition et a été jetée dans une fosse commune. "À la mort de Camille, en 1943, Paul Claudel ne se déplace pas (honte de sa sœur folle) Camille est inhumée au cimetière de Montfavet accompagnée du seul personnel de l'hôpital ; quelques années plus tard, ses restes sont transférés dans une fosse commune, ni Paul ni les membres de la famille Claudel n'ayant proposé de sépulture". Tandis que cette crevure meurt à 86 ans et est enterré dans le parc d'un château.
Je me souviens des lectures éprouvantes du Soulier de satin, de l'Echange ou de l'Annonce faite à Marie, car ce sous-homme était un bon chrétien. Evidemment.
Bon Camille et Auguste : Oui.
Izia et Paul : Non.
:-)
Hors sujet : total, mais tant pis.
Justement, le bouquin que j'évoquais semble orienté sur la relation Camille/Paul. Je t'en reparlerai peut-être quand je l'aurai lu. Dans mon souvenir, si Paul n'est pas pour rien dans l'internement, il est aussi le dernier à être allé voir Camille.
RépondreSupprimerTout cela nous écarte effectivement du film, mais ce n'est pas grave.
Au contraire, même: j'aime bien les digressions.