C'est déplorable, sans doute: il arrive qu'en les adaptant, le cinéma bafoue honteusement les classiques de la littérature. La version 2014 de Madame Bovary m'attirait toutefois, le rôle-titre ayant été confié à une jeune actrice que j'aime bien: l'Australienne Mia Wasikowska. Restait à espérer un spectacle (à peu près) digne du grand Flaubert...
Bon... vérification faite, le film tient la route. Il me paraît impossible qu'une telle adaptation convienne à tout le monde, de toute façon. Face à un tel mythe, bien des cinéastes doivent s'incliner - et je le dis tout en ayant conscience qu'ils sont une quinzaine à s'y être frottés ! Petit résumé pour ceux qui n'ont pas lu le roman: dans la Normandie du 19ème siècle, une femme quitte le couvent où elle a été élevée pour épouser un médecin de campagne et entamer une vie monotone. Elle se compromettra bientôt dans d'autres bonheurs, aussi fugaces qu'illusoires. Sachez-le: dans cette version cinéma, Madame Bovary n'est presque plus qu'un beau livre d'images. Pas scandaleux, mais...
L'une des choses que le film néglige, c'est le fond de la personnalité de l'héroïne: il la montre frivole, volage et dépensière, mais passe presque complètement à côté de la sensation de très profond ennui qui l'habite dans le récit originel. D'aucuns pourraient regretter aussi que l'intrigue soit concentrée sur un temps court, là où le texte laissait passer les saisons et les années. Je ne m'en formaliserai pas. Aux côtés de Mia Wasikowska, efficace à défaut d'être éblouissante dans ce rôle objectivement compliqué, j'ai pris plaisir à retrouver quelques comédiens qui me sont chers, tels Paul Giamatti, Ezra Miller et même, dès le début, Olivier Gourmet dans un tout petit rôle. Évidemment, Madame Bovary qui parle en anglais, c'est déroutant ! Filmée par une Française expatriée aux États-Unis, cette production manque d'un je-ne-sais-quoi pour atteindre un sommet d'émotion. Mais peut-être que la jolie reconstitution d'époque vous contentera...
Madame Bovary
Film américain de Sophie Barthes (2014)
Cette relecture du classique du bon Gustave a aussi des producteurs belges et allemands. Elle m'est apparue plus honnête et respectueuse que l'ersatz Gemma Bovery. À noter qu'elle est la première réalisée par une femme. Parmi les hommes passés devant, de grands noms comme Renoir, Minnelli, Chabrol ou De Oliveira... excusez du peu ! Un conseil pour rester dans l'ambiance 19ème: voir ou revoir Une vie.
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Et un cran de plus dans le Movie Challenge, un !
C'est bon pour l'objectif n°27: "Un film adapté d'un livre que j'ai lu".
Et un lien de plus à ajouter vers un autre blog, un !
Vous constaterez ainsi que Pascale est moins enthousiaste que moi.
Bon... vérification faite, le film tient la route. Il me paraît impossible qu'une telle adaptation convienne à tout le monde, de toute façon. Face à un tel mythe, bien des cinéastes doivent s'incliner - et je le dis tout en ayant conscience qu'ils sont une quinzaine à s'y être frottés ! Petit résumé pour ceux qui n'ont pas lu le roman: dans la Normandie du 19ème siècle, une femme quitte le couvent où elle a été élevée pour épouser un médecin de campagne et entamer une vie monotone. Elle se compromettra bientôt dans d'autres bonheurs, aussi fugaces qu'illusoires. Sachez-le: dans cette version cinéma, Madame Bovary n'est presque plus qu'un beau livre d'images. Pas scandaleux, mais...
L'une des choses que le film néglige, c'est le fond de la personnalité de l'héroïne: il la montre frivole, volage et dépensière, mais passe presque complètement à côté de la sensation de très profond ennui qui l'habite dans le récit originel. D'aucuns pourraient regretter aussi que l'intrigue soit concentrée sur un temps court, là où le texte laissait passer les saisons et les années. Je ne m'en formaliserai pas. Aux côtés de Mia Wasikowska, efficace à défaut d'être éblouissante dans ce rôle objectivement compliqué, j'ai pris plaisir à retrouver quelques comédiens qui me sont chers, tels Paul Giamatti, Ezra Miller et même, dès le début, Olivier Gourmet dans un tout petit rôle. Évidemment, Madame Bovary qui parle en anglais, c'est déroutant ! Filmée par une Française expatriée aux États-Unis, cette production manque d'un je-ne-sais-quoi pour atteindre un sommet d'émotion. Mais peut-être que la jolie reconstitution d'époque vous contentera...
Madame Bovary
Film américain de Sophie Barthes (2014)
Cette relecture du classique du bon Gustave a aussi des producteurs belges et allemands. Elle m'est apparue plus honnête et respectueuse que l'ersatz Gemma Bovery. À noter qu'elle est la première réalisée par une femme. Parmi les hommes passés devant, de grands noms comme Renoir, Minnelli, Chabrol ou De Oliveira... excusez du peu ! Un conseil pour rester dans l'ambiance 19ème: voir ou revoir Une vie.
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Et un cran de plus dans le Movie Challenge, un !
C'est bon pour l'objectif n°27: "Un film adapté d'un livre que j'ai lu".
Et un lien de plus à ajouter vers un autre blog, un !
Vous constaterez ainsi que Pascale est moins enthousiaste que moi.
Ai vu les trois, Renoir, Minnelli, Chabrol. Ai lu le livre. Ai vu aussi Gemma Bovery (que j'aime assez). Ai zappé celui-ci. A bientôt Martin.
RépondreSupprimerQuelle belle avance sur moi ! Je n'en attendais pas moins de toi, cher ami !
RépondreSupprimerJ'ai loupé le Minnelli lors d'un passage récent sur l'une de mes chaînes cinéma. Partie remise, j'espère.
J'aurais presque envie de lire d'autres Flaubert, en attendant.
Il faudrait que je me décide à voir une des adaptations de ce Flaubert là. Peut-être pourrais-je oublier que je n'avais pas aimé le roman...mais j'étais lycéen et pas littéraire pour un sou, à l'époque. Les temps ont changé.
RépondreSupprimerMerci d'avoir mis un coup de projecteur sur ce film, Martin.
Ennuyeux et humide.
RépondreSupprimerJe me souviens d'une Emma fashionista qui mendiait l'affection des hommes.
Flaubert à dû faire des bonds...
Alors cette fois, Emma c'est Mia. Je trouve justement qu'il y a du Huppert chez elle. Et si l'image fait dans la dentelle plutôt que dans la littérature, après tout pourquoi pas, je m'en accommoderai.
RépondreSupprimer@Laurent:
RépondreSupprimerC'est marrant: moi non plus, au lycée, je n'aimais pas la littérature du 19ème.
En fait, ce n'est que devenu adulte que j'ai vraiment aimé la langue française et ce type de bouquins.
Qui sait ? Si tu as l'occasion de voir le film, tu auras peut-être envie de retenter le livre.
Les temps ont changé, comme tu dis...
@Pascale:
RépondreSupprimerHumide ? Euh... ouais, la Normandie, tout ça... ennuyeux, je n'ai pas trouvé. Un peu convenu, oui.
En outre, tu sais comme moi que l'Emma de Flaubert n'est pas non plus très fidèle à son Charles.
@Princécranoir:
RépondreSupprimerAh oui ? Peux-tu développer la raison pour laquelle tu compares Mia à Isabelle ? Merci.
Il faudrait vraiment que je vois au moins une autre adaptation pour avoir un point de comparaison.
J'ai le souvenir que le film pataugeait dans la gadoue.
RépondreSupprimerEt oui Emma n'est pas fidèle à son Charles "à la conversation ennuyeuse comme un trottoir de rue" (de mémoire...) mais je ne me souviens plus qu'elle mendiait.
Il faudrait que je relise le bouquin pour en avoir le coeur net.
RépondreSupprimerEn tout cas, dans la représentation que le film donne d'elle, cela ne m'a pas trop dérangé.
Mais je comprends ton argument.
Je trouve à Mia un petit air Huppert en fait, ce côté un peu diaphane qu'elle avait dans ses jeunes années. Bon ça n'engage que moi, ceci dit.
RépondreSupprimerMaintenant que tu le dis, mouais... il y a peut-être un petit quelque chose.
RépondreSupprimerCela dit, d'une manière ou d'une autre, une chose est sûre: je l'aime bien, Mia.