dimanche 5 mars 2017

Suzy aux enfers

Il me semble que c'est au coeur du cinéma de genre que l'on dénichera le plus facilement de petits plaisirs coupables. Dernier exemple personnel: Suspiria, film de (pseudo-)horreur signé Dario Argento. Jamais loin du nanar, ce long-métrage complètement frappadingue m'a justement plu pour sa folie. Il a fêté ses 40 ans le mois dernier...

Un petit résumé rapide ? Tout commence au moment où une ballerine américaine, Suzy Banner, sort de l'avion qui l'a conduite à Fribourg. La demoiselle est venue jusqu'en Allemagne pour intégrer une école de danse, réputée comme la meilleure du monde. La première soirée de son arrivée, elle reste cependant à la porte, sous un orage XXL. Mauvais présage, en fait, puisqu'au petit matin, alors qu'elle accède enfin à son nouvel établissement, la jeune femme apprend aussitôt qu'une autre danseuse a été sauvagement assassinée. Je préviens d'emblée les âmes sensibles que, si ce n'est l'identité de ce meurtrier nocturne, rien ne nous sera dissimulé. En clair: on assiste au crime lors d'une scène effroyable, à l'impact renforcé par une bande-son franchement éprouvante pour les nerfs. Dario Argento est présenté par certains de ses admirateurs comme l'Alfred Hitchcock italien. Suspiria me suggère que c'est exagéré, mais en fait... il y a du vrai !

Je crois qu'il faut surtout considérer ce film pour ses aspects formels. Le scénario est de toute façon bien trop basique pour qu'on s'y arrête durablement. Si j'ai malgré tout apprécié le film, c'est précisément pour la débauche visuelle à laquelle il s'adonne, à coups d'images cauchemardesques et ultra-colorées. Je vois la patte d'un vrai auteur dans ce style objectivement outrancier et peux dès lors comprendre celles et ceux qui, tout à leur exaltation cinéphile, élèvent Suspiria au rang de film-culte. Je crois en fait qu'il faut le voir pour le croire ! J'ai lu qu'un remake était envisagé: je ne vois pas du tout l'intérêt d'une répétition. En revanche, j'aime me dire que nous avons échappé de justesse à un spectacle encore plus dément, puisque l'idée initiale de Dario Argento était que les personnages principaux de ce conte macabre soient... des enfants ! Il en reste ici et là quelques détails graphiques bien visibles à l'écran, comme des poignées de porte toujours placées trop haut. À mon avis, un gars comme Tim Burton pourrait avoir trouvé dans cette étrangeté des sources d'inspiration...

Suspiria
Film italien de Dario Argento (1977)
Premier des volets d'une Trilogie des enfers, le long-métrage s'inscrit presque sur les rétines comme un cousin de Carrie au bal du diable ou de Shining - toutes proportions gardées, bien entendu. J'insiste volontiers sur le terme de "plaisir coupable" employé en introduction. Bien que peu porté sur l'épouvante au cinéma, j'ai vécu un moment sympa et c'est un paradoxe qui me plaît. Je le retiens, pour l'avenir...

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Ah ! Un petit détail technique oublié...

Ce film serait le dernier long-métrage tourné en Technicolor !

Et qu'en est-il de mon Movie Challenge ?
J'avance d'un cran car j'ai relevé le défi n°32: "Un film d'horreur". 

6 commentaires:

  1. Tu l'as enfin vu !!!!!!! Il fait partie de mes films cultes. Hélas, c'était mon premier film de Dario Argento et j'ai le sentiment d'avoir commencé par son meilleur film. Pour le remake, alors là ce sera sans moi.

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  2. Un Argento particulièrement fantasmatique et coloré en effet et un classique du giallo. L'un de ses meilleurs, mais je préfère quand même Profondo Rosso (Les Frissons de l'angoisse), qui fut mon premier Argento (ceci expliquant peut-être cela). Sinon, il ne faut pas toujours croire les admirateurs : "Hitchcock italien', c'est une hyperbole fort exagérée et qui ne rend pas compte du genre du giallo. Au jeu des comparaisons avec le cinéma anglo-saxon, on a plutôt établi des comparaisons dans les années 1970 entre Argento et De Palma. Par ailleurs, Argento fut également très influencé par Mario Bava.
    Strum

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  3. @Sentinelle:

    J'étais un peu jeune l'année de sa sortie, il faut dire...
    Sans doute aurai-je plaisir à découvrir d'autres Argento. Je fais aussi l'impasse sur le remake.

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  4. @Strum:

    Merci de mettre en avant un autre titre car, comme Sentinelle le suggère, j'avais entendu dire que "Suspiria" était le meilleur film de notre ami Dario.

    Loin de toute comparaison facile, je vais quand même tâcher de retenir aussi le nom de Mario Bava pour parfaire ma culture du cinéma italien de genre.

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  5. Il bien (trop) longtemps que je n'ai revu ce giallo en rouge et bleu. Je me souviens avoir été ensorcelé par ces images, aujourd'hui impeccablement nettoyées par la technologie numérique. Sous les néons démons de ta critique, il resplendit à nouveaux de mille (bobines de) feux.

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  6. Les néons démons de la critique… c'est bien vu, ça.
    "Suspiria" m'a bien inspiré, malgré son côté nanardeux. J'ai envie de voir d'autres Dario Argento !

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