Le cinéma avance au rythme de 24 images par seconde. Deux heures de film correspondent donc à un enchaînement de 2.073.600 photos ! C'est pourtant une image relativement précise que j'avais en tête quand j'ai décidé de voir - ou revoir ? - La prisonnière du désert. Inutile d'attendre longtemps: elle est en fait issue... du premier plan.
Cette image, la voici: une femme sortie de sa maison pour découvrir un homme à cheval, son beau-frère, au coeur du Texas de 1868. Moins d'une minute de projection et, déjà, John Ford plante le décor de ce que beaucoup considèrent comme son meilleur western. L'histoire elle-même n'est pas d'une originalité folle: un ancien soldat de la Guerre de Sécession retrouve les siens après de longues années d'absence. Puis, le ranch de son frère étant attaqué par une tribu d'Indiens, il entame une longue traque aux Peaux rouges, bien décidé qu'il est à délivrer les deux femmes qui ont été capturées. J'imagine que vous aurez déjà remarqué que La prisonnière du désert s'écrit au singulier: pas question pour moi d'en dire davantage sur le sujet ! Maintenant, ce dont je suis sûr, c'est qu'on tient là un western classique au possible, d'une grande beauté plastique. En vrai amateur du genre, je dois dire que j'en ai vraiment pris "plein les mirettes"...
Assez curieusement, pourtant, j'ai ressenti quelques imperfections. Sans doute le mot est-il un peu fort: je vais me contenter d'indiquer que, par brefs instants, le film ne m'a pas totalement convaincu. L'idée, c'est qu'il est censé dérouler son intrigue sur cinq ans environ. Or, parfois, j'ai trouvé les ellipses un peu brutales et il m'a fallu quelques minutes pour relier une scène à sa devancière, par exemple. Bref... tout bien considéré, ce ne sont que de tous petits détails. Chose intéressante, en revanche: le ton de La prisonnière du désert m'est apparu un peu moins consensuel que ce à quoi je m'attendais. Sur ce point, le traitement du personnage interprété par John Wayne est franchement parvenu à me surprendre. J'aurais parié avoir affaire à un héros au coeur pur, sans peur ni reproche, défenseur acharné des petites gens... mais en fait, il s'est avéré que sa personnalité était bien plus complexe - et pas forcément exempte de racisme ! Rien que pour ça, le film vaut le détour et mérite son statut d'oeuvre maîtresse du cinéma américain. Et à vous de (re)découvrir le reste...
La prisonnière du désert
Film américain de John Ford (1956)
C'est un fait: mes westerns préférés sont le plus souvent spaghetti. Pourtant, face au talent des grands maîtres américains, je m'incline volontiers. La vérité est que la comparaison demeure fort discutable. Cela faisait un bon moment que j'avais pas eu l'occasion d'apprécier un tel standard du cinéma US. J'en reverrais bien quelques autres quand l'occasion se présentera, tels par exemple Rio Bravo ou Alamo.
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Envie de rester dans le grand Ouest ?
D'autres avis sont à lire chez Elle et Lui, Chonchon et Princécranoir. Strum et Eeguab, eux, vous reparleront de John Ford plus en détails.
Cette image, la voici: une femme sortie de sa maison pour découvrir un homme à cheval, son beau-frère, au coeur du Texas de 1868. Moins d'une minute de projection et, déjà, John Ford plante le décor de ce que beaucoup considèrent comme son meilleur western. L'histoire elle-même n'est pas d'une originalité folle: un ancien soldat de la Guerre de Sécession retrouve les siens après de longues années d'absence. Puis, le ranch de son frère étant attaqué par une tribu d'Indiens, il entame une longue traque aux Peaux rouges, bien décidé qu'il est à délivrer les deux femmes qui ont été capturées. J'imagine que vous aurez déjà remarqué que La prisonnière du désert s'écrit au singulier: pas question pour moi d'en dire davantage sur le sujet ! Maintenant, ce dont je suis sûr, c'est qu'on tient là un western classique au possible, d'une grande beauté plastique. En vrai amateur du genre, je dois dire que j'en ai vraiment pris "plein les mirettes"...
Assez curieusement, pourtant, j'ai ressenti quelques imperfections. Sans doute le mot est-il un peu fort: je vais me contenter d'indiquer que, par brefs instants, le film ne m'a pas totalement convaincu. L'idée, c'est qu'il est censé dérouler son intrigue sur cinq ans environ. Or, parfois, j'ai trouvé les ellipses un peu brutales et il m'a fallu quelques minutes pour relier une scène à sa devancière, par exemple. Bref... tout bien considéré, ce ne sont que de tous petits détails. Chose intéressante, en revanche: le ton de La prisonnière du désert m'est apparu un peu moins consensuel que ce à quoi je m'attendais. Sur ce point, le traitement du personnage interprété par John Wayne est franchement parvenu à me surprendre. J'aurais parié avoir affaire à un héros au coeur pur, sans peur ni reproche, défenseur acharné des petites gens... mais en fait, il s'est avéré que sa personnalité était bien plus complexe - et pas forcément exempte de racisme ! Rien que pour ça, le film vaut le détour et mérite son statut d'oeuvre maîtresse du cinéma américain. Et à vous de (re)découvrir le reste...
La prisonnière du désert
Film américain de John Ford (1956)
C'est un fait: mes westerns préférés sont le plus souvent spaghetti. Pourtant, face au talent des grands maîtres américains, je m'incline volontiers. La vérité est que la comparaison demeure fort discutable. Cela faisait un bon moment que j'avais pas eu l'occasion d'apprécier un tel standard du cinéma US. J'en reverrais bien quelques autres quand l'occasion se présentera, tels par exemple Rio Bravo ou Alamo.
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Envie de rester dans le grand Ouest ?
D'autres avis sont à lire chez Elle et Lui, Chonchon et Princécranoir. Strum et Eeguab, eux, vous reparleront de John Ford plus en détails.
Un chef-d'oeuvre. Aucun western spaghetti n'arrive à sa cheville évidemment. :D ;) Il y a beaucoup à dire sur ce film, sur la personnalité particulière d'Ethan Edwards, comme tu l'as dit, sur sa beauté plastique, sur les plans se faisant écho (Ethan qui porte Debby au début su du film, et qui la reconnait à la fin en portant Natalie Wood de la même manière), sur la place du film dans l'oeuvre de Ford, sur cette narration propre à Ford où l'odyssée des personnages mélange les genres, les tons, à coup de digressions picaresques et d'ellipses soudaines, narration surprenante de prime abord, moins unie que celles d'autres classiques fordiens, selon une forme qui ne répond à aucune règle évidente sinon à celles de Ford. Et puis, ces plans d'ouverture et de fermeture... Et merci pour le lien, même si je n'ai pas encore chroniqué le film. :)
RépondreSupprimerStrum
Comme l'écrit Strum, un chef d'oeuvre. Merci pour le lien sur Ford, un lien qui date presque du cinéma muet. The searchers a été beaucoup étudié, analysé, disséqué. Il est si riche mais il peut se voir aussi comme ça, comme une belle séance de cinoche, sans forcément crouler sous les exégèses. C'est ça aussi le génie de Ford et la grandeur de La prisonnière du désert. A bientôt ami Martin.
RépondreSupprimerJe l'ai revu donc lorsqu'il est passé dans le poste la semaine dernière.
RépondreSupprimerIl y a des moments un peu vieillots et parfois l'interprétation... les deux gamines qui ont été chez "les sauvages" et ont l'air de deux débiles plutôt que deux personnes traumatisées. Et comment peut-il hésiter devant ces deux blondes alors que sa sœur à la tignasse ébène de Natalie Wood ?
Mais franchement, comme tu dis... des détails. J'ai beaucoup apprécié l'humour aussi. Surtout entre le gars (très bien d'ailleurs) qui accompagne John et la nana qui ne cesse de lui sauter au cou et de vouloir le voir nu !
@Strum:
RépondreSupprimerJe crois que c'est avant tout la beauté du film et l'éclat des couleurs qui resteront dans ma mémoire. Je poursuis doucement mais sûrement ma découverte du cinéma de John Ford. Quand j'en aurai vu un peu plus, je ne suis pas sûr que celui-là sera mon préféré. Mais c'est très possible que nous en reparlions un jour ou l'autre !
Pas d'quoi pour le lien, cher ami. Je lirais avec plaisir une chronique sturmienne sur le film !
@Eeguab:
RépondreSupprimerHé hé... je suis allé farfouiller dans tes archives et j'ai trouvé intéressant d'ajouter ce petit lien vers ce texte-là. Qu'importe si l'eau a coulé sous les ponts. Libre à toi de le compléter !
Tu as bien saisi mon envie récurrente: faire l'exégèse d'un film, je ne trouve pas ça indispensable. Je me contente d'un bon moment devant un classique et j'en touche un mot pour le plaisir d'ouvrir le débat. Ravi quand ça trouve un écho, du coup !
@Pascale:
RépondreSupprimerVieillot, je ne sais pas, mais daté, sans doute. On ne fait plus de cinéma comme ça, aujourd'hui. Je reste convaincu cependant que quelques réalisateurs modernes ont des leçons à prendre...
Oui, tout à fait d'accord avec toi pour l'humour (que je n'ai certes pas relevé).
Et j'ajoute que j'ai été surpris de voir Natalie Wood en squaw. Agréable surpris, s'entend.
J'espère que tu auras pu revoir "Rio Bravo" car il est repassé sur la 3
RépondreSupprimerJoue pas sur les mots... vieillot et daté... je vois pas bien la nuance ! En tout cas pour moi ça veut dire la même chose.
RépondreSupprimerEt hier soir, je n'ai pas pu décoller ma rétine du Train sifflera trois fois. Nam mais la classe, la douleur, l'élégance, la lassitude, le courage de Gary Cooper... La beauté démentielle de Katy Jurado née María Cristina Estela Claudia Soledad Katherina Lucía Marcela Jurado García
Et le tout jeune papounet de notre Jeff Bridges en shérif coward !
CHEF D'OEUVRE !
@Ideyvonne:
RépondreSupprimerNon, je l'ai loupé... mais je me dis que je garde de bonnes choses de le revoir.
Et, de toute façon, je n'ai pas forcément envie d'un cycle de westerns actuellement.
@Pascale:
RépondreSupprimerDans mon esprit, vieillot, ça veut dire que je me suis enquiquiné.
Daté... c'est que je vois le côté poussiéreux de la chose, mais que ça ne me dérange pas.
J'aime bien "Le train sifflera trois fois". Un classique que j'ai déjà répertorié. Et Grace Kelly ? Je l'ai trouvée plutôt bien, dans son rôle, même si elle est moins flamboyante que Katy Jurado.
A voir et revoir et revoir encore...
RépondreSupprimerL'hommage à Harry Carey Sr rendu par Wayne dans le dernier plan est connu des fans de western mais je ne m'en lasse pas...
Un des meilleurs western de Ford avec ""She wore a yellow ribbon", ou là encore Wayne prouve quel grand acteur il pouvait etre (voir la scéne du cimetiére)
Cher CC Rider ! Cela fait plaisir de relire un commentaire de votre part.
RépondreSupprimerSi jamais vous repassez par ici, je serais ravi d'en savoir plus sur ce fameux hommage.
Harry Carey fut la première grande star du western il tourna à l'époque du muet des dizaines de films.
RépondreSupprimerIl avait une façon très reconnaissable de se tenir en selle mais aussi de tenir son avant bras gauche avec sa main droite. Dans le dernier plan de "The searchers" Wayne prend la meme posture pour rendre hommage à celui qu'il considérait comme le plus grand acteur de western de tous les temps et qui avait influencé sa propre carrière. La présence au générique de Harry Carey JR, fils de son idole et acteur Fordien par excellence avec qui il tourna les principaux Western du maitre , n'est probablement pas étrangère à ce coup de chapeau du Duke.
Un très grand merci, CC Rider ! L'anecdote est vraiment savoureuse.
RépondreSupprimerJ'avais noté la présence au générique de Harry Carey Jr, mais j'ignorais tout de cette histoire !