Je vais préciser un truc d'entrée de jeu: je ne connais pas le Brésil. Quand mon association a choisi de projeter Aquarius, un film rentré bredouille de Cannes cette année, j'y suis allé sans préjugé, incapable alors d'évaluer la vraisemblance du scénario face à la réalité du pays. D'aucuns jugeront que c'est une question sans importance. Possible...
Toujours est-il que, si Aquarius a eu un écho sur la Croisette, c'est aussi parce que l'équipe a monté les marches avec des panonceaux enjoignant le monde à sauver la démocratie brésilienne, chahutée dans le climat d'avant la destitution de la présidente Dilma Roussef. Bon... pas besoin toutefois de connaître l'histoire de l'Amérique latine sur le bout des doigts pour apprécier le film ! Son argument premier reste très compréhensible: après avoir vécu les jours les plus heureux de sa vie dans le même (superbe) appartement, une femme, Clara, reste la dernière à résister aux propositions de rachat d'un promoteur immobilier. Ce qui n'est pas si facile... mais je vous laisse voir pourquoi. Le fait est que j'ai beaucoup aimé ce portrait de femme. Sonia Braga porte magnifiquement la résistance de cette jeune veuve retraitée, certes, mais pas résignée. La galaxie de personnages secondaires qui gravite autour d'elle est tout aussi digne d'intérêt. Dans ce que le film montre des liens humains, qu'ils soient familiaux ou autres, le long-métrage est admirable. Et oui, je pèse mes mots...
Il n'en reste pas moins vrai qu'un peu avant la fin, j'ai été un peu gêné aux entournures. L'incontestable dignité de cette femme debout a fini par me poser question. Son obstination à vivre sa vie selon ses choix a alors pu m'apparaître comme de l'intransigeance, surtout vis-à-vis de gens moins favorisés (sa domestique étant une bonne illustration). Or, il m'a semblé qu'à chaque fois que la personnalité et les décisions de Clara allaient contre celles d'un autre personnage, c'est toujours aux côtés de son héroïne que le film se rangeait. J'ai d'ailleurs noté qu'au cours du bref débat qui a suivi la projection, certains ont parlé de manichéisme. D'autres jugeront peut-être la conclusion expéditive. Pour ma part, je reste sur mon impression d'un long-métrage centré sur une vision unique des phénomènes qu'il décrit. C'est dommage ! Pour le reste, en effet, je n'ai rien à objecter à l'encontre d'Aquarius. Bien au contraire: j'ai trouvé ses images très belles, son montage intelligent et sa bande-son excellente - avec notamment deux titres de Queen et bien sûr de la musique brésilienne. Une idée du plaisir...
Aquarius
Film brésilien de Kleber Mendonça Filho (2016)
En sortant de la salle, avec un ami, nous évoquions Erin Brockovich. Résiste-t-on à l'injustice au Brésil comme aux States ? Pas certain. Montre-t-on les injustices de la même façon ? Pas sûr non plus. Maintenant, si je voulais être objectif, je reverrai au plus vite le film de Steven Soderbergh et j'en reparlerai en connaissance de cause. Disons que j'ai une toute autre priorité, à ce stade. Wait... and see !
----------
Il vous reste une possibilité pour en savoir plus...
À un clic d'ici, vous pourrez lire l'excellente analyse de l'ami Strum. Eeguab, lui, en parle plus brièvement, mais se montre enthousiaste.
Il n'en reste pas moins vrai qu'un peu avant la fin, j'ai été un peu gêné aux entournures. L'incontestable dignité de cette femme debout a fini par me poser question. Son obstination à vivre sa vie selon ses choix a alors pu m'apparaître comme de l'intransigeance, surtout vis-à-vis de gens moins favorisés (sa domestique étant une bonne illustration). Or, il m'a semblé qu'à chaque fois que la personnalité et les décisions de Clara allaient contre celles d'un autre personnage, c'est toujours aux côtés de son héroïne que le film se rangeait. J'ai d'ailleurs noté qu'au cours du bref débat qui a suivi la projection, certains ont parlé de manichéisme. D'autres jugeront peut-être la conclusion expéditive. Pour ma part, je reste sur mon impression d'un long-métrage centré sur une vision unique des phénomènes qu'il décrit. C'est dommage ! Pour le reste, en effet, je n'ai rien à objecter à l'encontre d'Aquarius. Bien au contraire: j'ai trouvé ses images très belles, son montage intelligent et sa bande-son excellente - avec notamment deux titres de Queen et bien sûr de la musique brésilienne. Une idée du plaisir...
Aquarius
Film brésilien de Kleber Mendonça Filho (2016)
En sortant de la salle, avec un ami, nous évoquions Erin Brockovich. Résiste-t-on à l'injustice au Brésil comme aux States ? Pas certain. Montre-t-on les injustices de la même façon ? Pas sûr non plus. Maintenant, si je voulais être objectif, je reverrai au plus vite le film de Steven Soderbergh et j'en reparlerai en connaissance de cause. Disons que j'ai une toute autre priorité, à ce stade. Wait... and see !
----------
Il vous reste une possibilité pour en savoir plus...
À un clic d'ici, vous pourrez lire l'excellente analyse de l'ami Strum. Eeguab, lui, en parle plus brièvement, mais se montre enthousiaste.
J'aurais bien vu ce film au cinéma mais j'ai un peu la flemme en ce moment, suffisamment en tout cas pour ne plus trop avoir envie de m'y rendre. Tu n'es pas le seul à soulever ces petits bémols, et je pense que j'y serai sensible également. Mais je le verrai dès qu'il sera disponible sur petit écran.
RépondreSupprimerHello Martin. Merci pour le lien. Tu n'as pas tort et ce genre de films à tendance militante (et je n'aime pas ce mot) n'est jamais tout à fait exempt de quelques relents de démagogie, parfois même beaucoup.Dans le cas d'Aquarius cela reste à mon avis raisonnable. Et les "scènes de vie" sont formidablement traitées.
RépondreSupprimerBonjour Martin et merci pour lien. Effectivement, c'est un film-personnage, au sens où il fait sien le point de vue d'un personnage qui affirme un désir de vie et de mémoire avec une certaine intransigeance, mais en même temps le film ne nous cache pas grand chose de la personnalité de Clara et de ses défauts, ne s'excuse pas de son point de vue, et par là il reste honnête dans sa représentation ; et puis il y a surtout cette mise en scène très maitrisée, selon une ligne claire, qui fait le prix du film.
RépondreSupprimerStrum
@Sentinelle:
RépondreSupprimerAh, la flemme de cinéma… ça me prend aussi, même si c'est rare, et c'est redoutable !
Je ne suis pas sûr que le film soit très facilement accessible sur petit écran dans le futur, mais Arte reste une chaîne capable de le programmer. Et j'avoue que je serai alors très curieux de lire ton avis.
@Eeguab:
RépondreSupprimerCe n'est pas tant de la démagogie que j'ai ressenti dans ce (bon) film. J'ai regretté simplement qu'il me paraisse essentiellement focalisé sur le point de vue de son héroïne. Cela dit, c'est un détail: il y a plein de bonnes choses à recevoir de ce film et tu as raison de souligner que ses petits défauts sont raisonnables.
D'accord avec toi aussi pour dire que les scènes de la vie ordinaire sont vraiment très bien traitées.
@Strum:
RépondreSupprimerNous sommes d'accord. La mise en scène est effectivement impeccable, avec quelques très belles scènes. Sur le plan collectif, par exemple, j'ai particulièrement apprécié celle où Clara participe à une soirée dansante avec ses amies.
Tu as raison de souligner que le film est honnête en nous montrant également la complexité de son héroïne.
Pas vu :-(
RépondreSupprimerMais merci. J'ai toujours cru que c'était DilmaR Houssef :-)))
Qu'Est-ce qu'il prononce mal dans le poste !
Un film pour lequel je lis de bonnes critiques. Ton avis semble le confirmer, malgré les réserves. Alors espérons qu'Arte nous le programmera.
RépondreSupprimer@Pascale:
RépondreSupprimerNe me dis pas que tu pensais que c'était un homme, tout de même !
Ce film ne cite pas directement l'ex-présidente. J'espère que tu le verras en séance de rattrapage.
@Chonchon:
RépondreSupprimerJe pense qu'il pourrait te plaire. Je pense qu'Arte est la mieux placée des chaînes du PAF pour diffuser ce type de films. Reste à espérer que ses programmateurs pensent comme moi !
Non je SAVAIS que c'est un femme.
RépondreSupprimerNon pas de rattrapage hors des salles hélas :-'
Ouf pour Dilma ! Tu me rassures. Pour le film, dommage... dommage !
RépondreSupprimerJe sais que tu vois la plupart de tes films en salles, mais je crois bien que celui-là mérite tout de même une exception à ce (beau) principe.
Je viens de le voir et j'ai trouvé ce portrait splendide, et surtout remarquablement filmé. Bien sûr, la cause défendue, le parti-pris politique peut irriter, mais ce serait avoir la mémoire que d'oublier ce qu'était encore le Brésil il y a une trentaine d'année. C'est ce que nous montre d'ailleurs Filho en préambule, la mémoire étant une donnée fondamentale du réalisateur.
RépondreSupprimerje voulais dire "la mémoire courte" bien sûr, et "une trentaine d'années". Voilà ce que c'est que d'avoir le clic sensible.
RépondreSupprimerTon plaidoyer sincère est convaincant. Le film a de grandes qualités, c'est indéniable.
RépondreSupprimerL'arrière-plan politique... disons que j'aurais apprécié qu'il s'applique aussi aux autres personnages.
PS: la sensibilité du clic n'entrave pas ma bonne compréhension.
RépondreSupprimerMais merci d'avoir ainsi clarifié ton expression rapide pour le lecteur inattentif !