lundi 19 septembre 2016

À visage humain

Je crois préférable de vous le dire aussitôt: j'ai "aimé" Nocturama. J'utilise des guillemets, car c'est un grand mot, aimer, assez impropre finalement pour dire mon ressenti à l'égard de ce film complexe. Compte tenu des tensions qui parcourent la société française, je crois impossible qu'il fasse l'unanimité. Est-ce grave ? Je ne le pense pas...

Le fait est pourtant que j'ai l'impression de marcher sur des oeufs dans cette introduction. Pourquoi ? Parce que je n'arrive pas à faire comme si de rien n'était et à évaluer le film sur les mêmes critères que les autres. Bon... résumons: pour ceux qui l'ignoreraient encore au moment de lire ce texte, Nocturama pose ses caméras au coeur d'un groupe de jeunes, auteurs d'attentats terroristes - simultanés - dans Paris. Le long-métrage découpe son propos en deux parties opposées, en montrant tout d'abord les quelques heures qui précédent les attaques, puis celles qui les suivent, quand ceux qui sont devenus des criminels se retranchent ensemble dans un grand magasin, fermé pour la nuit. Ce n'est que par petites touches, d'ailleurs incomplètes, que leurs motivations seront évoquées, ainsi que la gravité relative de leurs actes. Le spectateur reste libre de boucher les trous ou pas. Ce qui peut s'avérer, par bien des aspects, tout à fait inconfortable...

Je dirais qu'en fait, le film n'est pas tout à fait exempt d'ambigüité. Parfois, après avoir semblé nous laisser libres de nos jugements définitifs, il nous rattrape par le coude et glisse quelques allusions directes à notre contemporanéité, citant par exemple à deux reprises le nom de Manuel Valls. À d'autres moments, au contraire, j'ai trouvé qu'il tombait dans les clichés pour présenter une jeunesse obnubilée par la vie facile, la drogue et les jeux vidéo, qui dit rejeter la société de consommation pour mieux s'y vautrer à la première occasion. Franchement, c'est le plus gros défaut que j'ai trouvé à Nocturama. Pour le reste, rien à redire: la mise en scène m'a paru remarquable d'intelligence, aussi bien artistiquement que techniquement parlant. En outre, j'ai trouvé toute la distribution excellente et admiré l'audace de ces acteurs, peu expérimentés ou débutants, pour avoir accepté d'endosser de pareils rôles. Le long-métrage a le mérite de parler librement de la France d'aujourd'hui, et ce tout en étant une fiction ! J'estime donc qu'il mérite de faire débat - et pas seulement le buzz...

Nocturama
Film français de Bertrand Bonello (2016)

J'avais mieux "digéré" Le policier (parce que c'est un film étranger ?). Une ultime précision: le film peut très bien faire l'effet d'une gifle. D'aucuns la disent salvatrice, mais je ne suis pas sûr d'être d'accord. D'autres jugent au contraire le propos irresponsable. Moi, je me sens pris d'un sentiment de malaise face aux éléments les plus concrets. Sur la jeunesse de France, on peut certes préférer Les combattants !

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D'autres avis sur la Toile ?

Il y en a, bien entendu, et vous pouvez déjà aller lire celui de Pascale.

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