La réussite d'un film ne saurait évidemment se réduire à sa beauté. Pourtant, quand le cinéma nous invite à la contemplation, il permet parfois de vivre des moments de pur émerveillement. Prix de la mise en scène lors du dernier Festival de Cannes, The assassin contient ainsi quelques-unes des plus belles images que j'ai vues récemment...
Chine, 9ème siècle de l'ère chrétienne. Le gouverneur d'une province manifeste quelques velléités d'indépendance à l'égard du pouvoir central. Disciple d'une nonne combattante et de ce fait même formée au maniement de l'épée, la belle Yinniang est alors chargée d'éliminer le félon. L'ennui, c'est que ledit renégat est son cousin et ex-promis. Sur cette trame, l'histoire qui nous est ici racontée s'avère complexe. Ceux d'entre vous qui, comme moi, ne sont guère familiers des noms et visages chinois risquent - malheureusement - d'être vite "largués" devant The assassin. Évidemment, quand on a l'habitude des sentiers scénaristiques balisés, on peut dès lors se sentir un tantinet frustré...
Face à ce sentiment désagréable, je me suis plongé dans les images. Même si une part de l'intrigue m'a échappé, j'ai pris un plaisir fou devant certains plans. En noir et blanc, les toutes premières scènes m'ont surpris (et même dérouté, pour tout dire). Mais dès la couleur arrivée, c'est bien simple: j'en ai vraiment pris plein les mirettes ! Présenté comme un wu xia pian, c'est-à-dire un film de sabre chinois traditionnel, The assassin dépasse les codes de ce genre particulier. Pour preuve, les séquences de combat sont rares et très courtes. L'ensemble du métrage dresse plutôt un étonnant portrait de femme. Pour son premier film après huit ans sans en tourner un, le réalisateur a dit qu'il avait cherché à représenter fidèlement la Chine ancienne. Sur ce point, aucun doute: le travail accompli est une grande réussite.
The assassin
Film chinois de Hou Hsiao-hsien (2015)
Le cinéma chinois n'est pas très présent sur ces pages: une lacune ! Pour reparler de ce que je connais, le long-métrage d'aujourd'hui m'est apparu moins poétique que Tigre et dragon et moins "agité" que Le secret des Poignards volants. Je dois souligner également que je préfère son esthétique à celle de Detective Dee. Ma collection compte encore quelques pistes inexplorées. J'y reviendrai sûrement...
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D'ici là, un petit mot du cinéaste...
À Cannes, Hou Hsiao-hsien s'est dit "toujours du côté des femmes". Ses explications sont plutôt savoureuses: "Leur monde et leur psyché me paraissent nettement plus intéressants que ceux des hommes. Elles ont des sentiments sophistiqués et très excitants. Les hommes ont des idées raisonnables plutôt ennuyeuses". Vous aviez remarqué ?
Et d'autres chroniques pour forger votre opinion...
Il y en a: chez Pascale, Dasola, Princécranoir et Strum, par exemple.
Chine, 9ème siècle de l'ère chrétienne. Le gouverneur d'une province manifeste quelques velléités d'indépendance à l'égard du pouvoir central. Disciple d'une nonne combattante et de ce fait même formée au maniement de l'épée, la belle Yinniang est alors chargée d'éliminer le félon. L'ennui, c'est que ledit renégat est son cousin et ex-promis. Sur cette trame, l'histoire qui nous est ici racontée s'avère complexe. Ceux d'entre vous qui, comme moi, ne sont guère familiers des noms et visages chinois risquent - malheureusement - d'être vite "largués" devant The assassin. Évidemment, quand on a l'habitude des sentiers scénaristiques balisés, on peut dès lors se sentir un tantinet frustré...
Face à ce sentiment désagréable, je me suis plongé dans les images. Même si une part de l'intrigue m'a échappé, j'ai pris un plaisir fou devant certains plans. En noir et blanc, les toutes premières scènes m'ont surpris (et même dérouté, pour tout dire). Mais dès la couleur arrivée, c'est bien simple: j'en ai vraiment pris plein les mirettes ! Présenté comme un wu xia pian, c'est-à-dire un film de sabre chinois traditionnel, The assassin dépasse les codes de ce genre particulier. Pour preuve, les séquences de combat sont rares et très courtes. L'ensemble du métrage dresse plutôt un étonnant portrait de femme. Pour son premier film après huit ans sans en tourner un, le réalisateur a dit qu'il avait cherché à représenter fidèlement la Chine ancienne. Sur ce point, aucun doute: le travail accompli est une grande réussite.
The assassin
Film chinois de Hou Hsiao-hsien (2015)
Le cinéma chinois n'est pas très présent sur ces pages: une lacune ! Pour reparler de ce que je connais, le long-métrage d'aujourd'hui m'est apparu moins poétique que Tigre et dragon et moins "agité" que Le secret des Poignards volants. Je dois souligner également que je préfère son esthétique à celle de Detective Dee. Ma collection compte encore quelques pistes inexplorées. J'y reviendrai sûrement...
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D'ici là, un petit mot du cinéaste...
À Cannes, Hou Hsiao-hsien s'est dit "toujours du côté des femmes". Ses explications sont plutôt savoureuses: "Leur monde et leur psyché me paraissent nettement plus intéressants que ceux des hommes. Elles ont des sentiments sophistiqués et très excitants. Les hommes ont des idées raisonnables plutôt ennuyeuses". Vous aviez remarqué ?
Et d'autres chroniques pour forger votre opinion...
Il y en a: chez Pascale, Dasola, Princécranoir et Strum, par exemple.
Bonjour Martin et merci pour le lien. On peut souligner que Hou Hsiao-Hsien est taïwanais et non chinois, même si The Assassin est son premier film où le financement est assuré, en partie, par des capitaux chinois. Un film aux images magnifiques, mais mes réserves sur sa narration m'ont empêché d'y adhérer pleinement.
RépondreSupprimerStrum
C'est le film le plus beau et le plus chiant que j'ai vu depuis longtemps effectivement. Et suivre ce qui se passe doit être possible avec un doctorat en sinophilie !
RépondreSupprimerD'une beauté époustouflante mais totalement abscons. J'aime quand même bien comprendre un petit chouya ce qui m'arrive devant les yeux.
@Strum:
RépondreSupprimerAvec plaisir pour le lien, l'ami ! C'est vrai que le sieur HHH est taïwanais. Je l'ai noté, sans mesurer exactement l'impact que cela a pu avoir sur son expression artistique. Dans le cas présent, je crois quand même qu'on peut sans honte qualifier le film de chinois. En tout cas, de mon point de vue, ce n'est pas péjoratif.
L'émotion esthétique que j'ai ressentie devant "The assassin" m'aura donc permis de repartir avec une bonne impression de ce film. Cela dit, je ne suis pas sûr que je lui vouerais un culte durable. Disons qu'il m'aura notamment permis de m'ouvrir au travail d'un nouveau réalisateur. Vu l'ancienneté dudit cinéaste, il était grand temps, ai-je envie d'ajouter !
@Pascale:
RépondreSupprimerMême si "chiant" est un mot très fort, je comprends ton point de vue. Pour ma part, je ne me suis pas perdu immédiatement dans les méandres du scénario. Quand c'est devenu trop dur de suivre, je me suis abandonné à la contemplation...
La contemplation n'évite pas l'ennui. Et il n'est pas interdit de profiter de celui-ci pour méditer sur les images. Le cinéma d'Hou Hsiao Hsien n'est certainement pas fait selon les canons cinématographiques exigés par les cinéphiles actuels. Il répond à sa seule exigence formelle et je lui en sais gré pour ceci. Je m'incline devant le travail d'un auteur, d'un maître de la composition, qui s'approprie un genre pour le moins codifié et le refaçonne à son gré. J'aime par ailleurs les autres films cités, qu'ils soient Tigre, Dragon, detective ou poignards volants.
RépondreSupprimerMerci pour cette analyse, Princécranoir ! En tout cas, je dois dire que ce film m'a donné envie de découvrir au moins un autre Hou Hsiao-hsien. Mes rétines ont adoré ce spectacle et j'ai vraiment aimé ce que je n'ai pas tout à fait compris.
RépondreSupprimerLes autres films évoqués me paraissent plus accessibles pour se familiariser avec le Wu Xia Pian. J'ai vraiment très envie de revoir "Tigre et dragon", l'une des oeuvres de ma cinéphilie naissante, il y a de cela... euh... un certain nombre d'années.