Comment vous informez-vous ? Moi, surtout via Internet et la presse écrite. Depuis que je vais bosser en voiture, j'écoute aussi la radio. Bref, je vois très peu de journaux, émissions et reportages télé. Quant aux documentaires cinéma, ils sont encore plus rares. La liste s'est toutefois allongée il y a peu avec l'étonnant Toto et ses soeurs...
Je vous avoue qu'il a fallu que je me motive pour aller voir ce film. Mis au programme d'une soirée de mon association, il nous propose d'embarquer à destination... d'une banlieue pauvre de Bucarest. D'après ce que j'ai compris, le réalisateur lui-même, un Allemand d'origine roumaine, n'était d'abord pas très chaud à l'idée de promener sa caméra dans un tel décor. En fin de compte, il s'est donc laissé convaincre de s'intéresser à deux adolescentes et à leur petit frère. Dans cette famille de Roms sédentarisés, le père n'est jamais revenu après être parti à l'étranger et la mère purge une peine de sept ans d'emprisonnement pour trafic de drogue. Autant dire aux âmes sensibles que suivre ces gamins livrés à eux-mêmes est éprouvant ! Reste que Toto et ses soeurs n'est pas tout à fait dépourvu d'espoir...
Qu'est-ce qui vient donc suggérer que la situation peut s'améliorer ? L'attitude de la fille cadette, d'abord. Elle refuse de suivre ses mère et soeur dans la dérive junkie et, tant bien que mal, veut maintenir un semblant de vie dans l'appartement qu'elle partage avec son reste de famille. Ensuite, c'est le petit dernier qui, contre toute attente, démontre une certaine capacité à apprendre... le hip hop. Un souffle de vie parcourt bel et bien Toto et ses soeurs, même si le film montre explicitement les ravages causés par l'usage des drogues dures - un fléau qui ne semble guère épargner que les plus jeunes. Aucun commentaire ne s'ajoute aux images. Le réalisateur a passé quatorze mois sur le terrain: il a même fait partie d'un groupe associatif d'aide aux enfants et, de temps à autre, les a laissé seuls avec un caméscope pour qu'ils se filment eux-mêmes en son absence. Monté parait-il dans l'ordre chronologique, son documentaire montre des bouts de vérité: il n'a pas cet aspect racoleur que peuvent prendre parfois les initiatives de ce type. C'est d'abord en cela qu'il est réussi.
Toto et ses soeurs
Documentaire roumain d'Alexander Nanau (2014)
Ce genre de productions cinéma offre évidemment matière à débat. Puisqu'il s'agit bien de décrire une situation de misère, je m'interroge non pas juste sur la légitimité de la démarche, mais sur sa décence. Les faits ont moins été "habillés" que dans Sugar Man ou Le Challat de Tunis. Mes quatre étoiles viennent démontrer que j'ai apprécié l'équilibre trouvé par le réalisateur, même s'il est fragile, sans doute.
Je vous avoue qu'il a fallu que je me motive pour aller voir ce film. Mis au programme d'une soirée de mon association, il nous propose d'embarquer à destination... d'une banlieue pauvre de Bucarest. D'après ce que j'ai compris, le réalisateur lui-même, un Allemand d'origine roumaine, n'était d'abord pas très chaud à l'idée de promener sa caméra dans un tel décor. En fin de compte, il s'est donc laissé convaincre de s'intéresser à deux adolescentes et à leur petit frère. Dans cette famille de Roms sédentarisés, le père n'est jamais revenu après être parti à l'étranger et la mère purge une peine de sept ans d'emprisonnement pour trafic de drogue. Autant dire aux âmes sensibles que suivre ces gamins livrés à eux-mêmes est éprouvant ! Reste que Toto et ses soeurs n'est pas tout à fait dépourvu d'espoir...
Qu'est-ce qui vient donc suggérer que la situation peut s'améliorer ? L'attitude de la fille cadette, d'abord. Elle refuse de suivre ses mère et soeur dans la dérive junkie et, tant bien que mal, veut maintenir un semblant de vie dans l'appartement qu'elle partage avec son reste de famille. Ensuite, c'est le petit dernier qui, contre toute attente, démontre une certaine capacité à apprendre... le hip hop. Un souffle de vie parcourt bel et bien Toto et ses soeurs, même si le film montre explicitement les ravages causés par l'usage des drogues dures - un fléau qui ne semble guère épargner que les plus jeunes. Aucun commentaire ne s'ajoute aux images. Le réalisateur a passé quatorze mois sur le terrain: il a même fait partie d'un groupe associatif d'aide aux enfants et, de temps à autre, les a laissé seuls avec un caméscope pour qu'ils se filment eux-mêmes en son absence. Monté parait-il dans l'ordre chronologique, son documentaire montre des bouts de vérité: il n'a pas cet aspect racoleur que peuvent prendre parfois les initiatives de ce type. C'est d'abord en cela qu'il est réussi.
Toto et ses soeurs
Documentaire roumain d'Alexander Nanau (2014)
Ce genre de productions cinéma offre évidemment matière à débat. Puisqu'il s'agit bien de décrire une situation de misère, je m'interroge non pas juste sur la légitimité de la démarche, mais sur sa décence. Les faits ont moins été "habillés" que dans Sugar Man ou Le Challat de Tunis. Mes quatre étoiles viennent démontrer que j'ai apprécié l'équilibre trouvé par le réalisateur, même s'il est fragile, sans doute.
Bonjour Martin. Il est passé chez moi suivi d'un débat. J'ai trouvé le film intéressant.Presque vierge d'interventions extérieures, pas complètement bien sûr. Tonique voire drôle par instants il n'en reste pas moins un constat terrible et tous les débats du monde, bien que sincères quoiqu'un peu démago,c'est presque inevitable,n'avancent pas vraiment de réelles solutions. Curieusement c'est bien après le film que j'ai trouvé le contexte désespérant.
RépondreSupprimerBonsoir ! C'est amusant: moi aussi, j'ai eu droit à un débat après le film. Je te rejoins sur un point précis: pourtant bien présent, le contexte n'est pas ce à quoi j'ai d'abord fait attention.
RépondreSupprimerY a-t-il une solution pour ces enfants ? Je ne sais pas. Pour l'aînée, c'est compromis, évidemment. Il paraît que la cadette s'est mariée à 16-17 ans. Le petit frère, lui, serait resté à l'orphelinat, refusant de retourner vivre avec sa mère. L'espoir pour eux me paraît assez ténu, en réalité, mais je trouve intéressant qu'un réalisateur se soit intéressé à l'histoire de leur vie, qui s'éloigne pour partie des clichés généralement véhiculés autour des communautés roms.