lundi 21 mars 2016

En quête de soi

Andalucia serait sans doute passé sans que je m'y attarde réellement si je n'avais pas eu à le présenter à mon association - lors d'une série de projections sur le thème des exils (j'y reviendrai). J'ai découvert avec un certain plaisir ce petit film français d'un réalisateur né à Paris d'une mère française et d'un père sénégalais. C'est à noter, je crois...

Alain Gomis nous parle en effet d'identité, d'une manière que je vois rarement sur les écrans de cinéma ou dans les bulletins d'info télé. Yacine, son héros, vit dans une caravane. Sa conseillère Pôle Emploi lui affirme qu'il est un bon éducateur, mais lui rêve d'autre chose. Maintenant, de quoi ? C'est toute la question. Yacine n'a pas l'air assuré de celui qui se connaît lui-même. Il a réussi à quitter sa cité d'origine, vit de petits boulots, rencontre des filles sans s'attacher franchement, aimerait comprendre le sens de la vie à travers celles des SDF ou d'une star du rap... et, en attendant, il erre sans but précis. C'est curieux parfois, drôle souvent et aussi gentiment décalé.

Andalucia m'a permis d'apprécier le travail d'un comédien prolifique du cinéma français, mais rarement filmé ainsi: Samir Guesmi. Aussitôt qu'elle l'a cadré, la caméra paraît ne plus le lâcher: je crois qu'on peut dire que ce film est aussi SON film. Que contient-il d'autobiographique ? Je n'ai pas cherché à le savoir et peu importe ! Ce que j'ai trouvé intéressant, c'est l'impression que le long-métrage nous renvoie de facto à nos propres questionnements identitaires. Comment sommes-nous français ? Qu'avons-nous d'étranger aussi ? Aucune conclusion définitive n'est assénée ici. Je crois simplement que le déroulé du scénario, dans sa déconstruction même, nous invite à penser que se connaître est bien la meilleure manière de se libérer. Pas de cri, pas de haine, pas de violence: tout le film reste très doux.

Andalucia
Film français d'Alain Gomis (2008)

Content que ce long-métrage soit finalement passé dans mes radars ! Sans en faire un incontournable, j'ai le sentiment d'avoir pu découvrir une facette rare du cinéma français... et ça fait beaucoup de bien. Parcourant ensuite la filmo de Samir Guesmi, j'ai constaté qu'il avait notamment tourné deux fois pour la très regrettée Sólveig Anspach. J'y vois une raison de plus de guetter la sortie de L'effet aquatique...

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