Vous en avez assez des films français trop frileux ? Je vous conseille de vous tourner vers le cinéma belge. Franchement mis en confiance par quelques découvertes récentes, je me suis (presque) rué en salles pour voir Les premiers les derniers, nouvel opus de Bouli Lanners. Avec en prime Albert Dupontel en tête d'affiche, ça sentait très bon...
Autant vous le dire dès à présent: voilà un film tout à fait étonnant ! Sans qu'on voie tout de suite son visage, un type dans un bureau demande à Bouli / Gilou et Albert / Cochise de vite remettre la main sur un téléphone portable qui lui a été volé. Équipés d'un simili-GPS pour remplir cette mission, les deux larrons sillonnent des territoires désolés sur la trace du voleur. Malgré la promesse d'une récompense financière, ils ne sont pas des plus motivés. Quand la caméra s'écarte d'eux, elle s'intéresse à deux jeunes, inquiets face à la perspective d'une fin du monde annoncée et à la recherche d'un cadeau susceptible de faire plaisir à un autre personnage... absent de l'image. Le film continue d'avancer et on fait la connaissance d'un drôle de grand type barbu et émacié, qui déclare s'appeler Jésus. Je crois préférable d'être muet sur le développement de ce scénario: je vous conseille simplement de ne pas chercher à tout comprendre tout de suite. Étrange jusqu'au bout, Les premiers les derniers délivre ses secrets au compte-gouttes. Notez bien qu'à mes yeux, ce n'est pas un défaut.
Il n'y a que peu d'acteurs dans ce long-métrage, mais une bonne partie d'entre eux sont pour moi de grands comédiens. Les deux benjamins du casting, Aurore Broutin et David Murgia, en photo ci-dessus, m'étaient certes inconnus. Quel bonheur en revanche de retrouver ici deux monstres sacrés, à savoir Michael Lonsdale et Max von Sidow ! Parmi les rôles secondaires, j'ai été heureux également de revoir l'actrice canadienne Suzanne Clément ou quelques trognes familières pour moi: Philippe Rebbot, Lionel Abelanski, Serge Riaboukine. Maintenant que j'ai parlé des uns et des autres, il est important d'évoquer l'incroyable décor dans lequel ils évoluent: la Beauce hivernale est formidablement photogénique. De très larges plans dévoilent sa beauté sauvage - ou alors sa belle sauvagerie, au choix. Parfois qualifié de film crépusculaire, il m'a semblé que Les premiers les derniers prenait ponctuellement l'allure d'un western d'un genre nouveau. Là encore, il ne s'agit pas d'un défaut, bien au contraire. Nous sommes en balade du côté des Indiens: mémorable expérience !
Les premiers les derniers
Film belge de Bouli Lanners (2016)
Je vous renvoie aussitôt à mon index des réalisateurs pour trouver d'autres films du cinéaste: il manque juste Ultranova, son premier. Le plus fou est que, cette fois, notre ami est parti d'une image saisie lors d'un long voyage nocturne: celle de la voie d'essai de l'aérotrain d'Orléans. Je vous laisse voir pour comprendre. Moi, j'ai mon compte de belgitude, entre la folie d'Eldorado et l'humanité de Mobile home.
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Une précision importante...
Bouli Lanners dit avoir traversé une période difficile avant de réaliser ce film. Il le présente comme le moyen d'exorciser ses idées de mort et se dit étonné d'y voir "le seul de (ses) films qui se termine bien". Deux dédicaces à des amis disparus et des remerciements à d'autres qui l'ont aidé "trouver la force" figurent à la toute fin et au générique.
Vous souhaitez lire d'autres avis ?
N'hésitez pas: celui de Pascale est tout simplement dithyrambique. Sentinelle, elle aussi, a apprécié le film, sorti plus tard en Belgique.
Autant vous le dire dès à présent: voilà un film tout à fait étonnant ! Sans qu'on voie tout de suite son visage, un type dans un bureau demande à Bouli / Gilou et Albert / Cochise de vite remettre la main sur un téléphone portable qui lui a été volé. Équipés d'un simili-GPS pour remplir cette mission, les deux larrons sillonnent des territoires désolés sur la trace du voleur. Malgré la promesse d'une récompense financière, ils ne sont pas des plus motivés. Quand la caméra s'écarte d'eux, elle s'intéresse à deux jeunes, inquiets face à la perspective d'une fin du monde annoncée et à la recherche d'un cadeau susceptible de faire plaisir à un autre personnage... absent de l'image. Le film continue d'avancer et on fait la connaissance d'un drôle de grand type barbu et émacié, qui déclare s'appeler Jésus. Je crois préférable d'être muet sur le développement de ce scénario: je vous conseille simplement de ne pas chercher à tout comprendre tout de suite. Étrange jusqu'au bout, Les premiers les derniers délivre ses secrets au compte-gouttes. Notez bien qu'à mes yeux, ce n'est pas un défaut.
Il n'y a que peu d'acteurs dans ce long-métrage, mais une bonne partie d'entre eux sont pour moi de grands comédiens. Les deux benjamins du casting, Aurore Broutin et David Murgia, en photo ci-dessus, m'étaient certes inconnus. Quel bonheur en revanche de retrouver ici deux monstres sacrés, à savoir Michael Lonsdale et Max von Sidow ! Parmi les rôles secondaires, j'ai été heureux également de revoir l'actrice canadienne Suzanne Clément ou quelques trognes familières pour moi: Philippe Rebbot, Lionel Abelanski, Serge Riaboukine. Maintenant que j'ai parlé des uns et des autres, il est important d'évoquer l'incroyable décor dans lequel ils évoluent: la Beauce hivernale est formidablement photogénique. De très larges plans dévoilent sa beauté sauvage - ou alors sa belle sauvagerie, au choix. Parfois qualifié de film crépusculaire, il m'a semblé que Les premiers les derniers prenait ponctuellement l'allure d'un western d'un genre nouveau. Là encore, il ne s'agit pas d'un défaut, bien au contraire. Nous sommes en balade du côté des Indiens: mémorable expérience !
Les premiers les derniers
Film belge de Bouli Lanners (2016)
Je vous renvoie aussitôt à mon index des réalisateurs pour trouver d'autres films du cinéaste: il manque juste Ultranova, son premier. Le plus fou est que, cette fois, notre ami est parti d'une image saisie lors d'un long voyage nocturne: celle de la voie d'essai de l'aérotrain d'Orléans. Je vous laisse voir pour comprendre. Moi, j'ai mon compte de belgitude, entre la folie d'Eldorado et l'humanité de Mobile home.
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Une précision importante...
Bouli Lanners dit avoir traversé une période difficile avant de réaliser ce film. Il le présente comme le moyen d'exorciser ses idées de mort et se dit étonné d'y voir "le seul de (ses) films qui se termine bien". Deux dédicaces à des amis disparus et des remerciements à d'autres qui l'ont aidé "trouver la force" figurent à la toute fin et au générique.
Vous souhaitez lire d'autres avis ?
N'hésitez pas: celui de Pascale est tout simplement dithyrambique. Sentinelle, elle aussi, a apprécié le film, sorti plus tard en Belgique.
Oh oui et il y a de quoi être dithyrambique. Des anges et des démons, des endroits sublimes, des histoires solides et des acteurs sous un ciel sinistre. Vive Bouli.
RépondreSupprimerTout à fait: vive Bouli et son humanité ! Le cinéma a bien besoin d'artistes aussi imaginatifs.
RépondreSupprimerJe suis curieuse de le voir. Bouli Lanners est un type étonnant.
RépondreSupprimerÉtonnant, oui, c'est le moins que l'on puisse dire. Comme tu l'auras compris, j'aime cet étonnement !
RépondreSupprimerMerci pour le lien Martin. Je trouve vraiment que son quatrième film est le plus abouti de tous. Car je dois bien t'avouer que jusqu'à présent, je préférais l'acteur au réalisateur, tant j'arrivais facilement à décrocher de ses films après 3/4h de vision (tous vus sur le petit écran, ce qui n'aide pas à la concentration par rapport au cinéma). Je trouve que ce film se rapproche beaucoup de son premier, Ultranova. Mais l'histoire ici est plus fluide, mieux travaillée. Il maîtrise mieux la mise en scène également, ainsi que la direction d'acteur. Bref Bouli Lanners a beaucoup évolué depuis Ultranova et il me parait être maintenant un réalisateur totalement accompli, et ce pour notre plus grand bonheur :)
RépondreSupprimerIl faut vraiment que je trouve le moyen de me frotter à "Ultranova" !
RépondreSupprimerJe suis plutôt de ton avis général sur l'ensemble de la carrière de Bouli Lanners. Le premier de ses films que j'ai vus, c'était "Eldorado". Un choc (positif) ! Je ne m'attendais pas du tout à un cinéma de ce genre. Cela dit, maintenant que j'en ai pour ainsi dire pris l'habitude, je me sens beaucoup plus réceptif à ce type d'univers. Et si j'aime beaucoup Bouli Lanners acteur, j'aime aussi beaucoup ses films de réalisateur ! Les deux expressions se complètent bien, je trouve, et le cinéma a bien besoin d'une telle inventivité.