De Patricia Highsmith, je connaissais jusqu'alors les romans policiers. Carol m'a invité à aller un peu plus loin: ce beau film adapte un livre sorti en 1952, Le prix du sel, deuxième oeuvre de l'auteure et signée sous un pseudonyme (Claire Morgan). L'histoire de la rencontre amoureuse de deux femmes, dans le New York d'un hiver des fifties...
Noël approche quand soudain, Therese Belivet, vendeuse de jouets dans un grand magasin, "découvre" Carole Aird, femme du monde venue acheter une poupée pour sa fille - et qui repartira finalement avec un train électrique. Très justes, les premières images de Carol ne parlent pas d'un coup de foudre: elles font état d'une fascination. Est-ce parce que ces deux femmes n'auraient jamais dû se rencontrer qu'elles vivront quelque chose d'aussi intense ? Le récit le suggère. Bien au-delà, il dit aussi ce qu'il faut de courage pour être à l'écoute de ses sentiments quand on est déjà engagé et quand la morale publique les réprouve. Patricia Highsmith elle-même avait, dit-on, connu un amour lesbien. S'est-elle inspirée de son vécu ? Peut-être. En tout cas, rien ne m'aura heurté dans la manière d'aborder le sujet.
J'ai cru comprendre toutefois que Todd Haynes, le réalisateur, s'était permis de prendre quelques petites libertés avec le texte originel. Homosexuel lui aussi, il a en réalité composé un film d'une beauté incroyable: outre la reconstitution d'époque, il est quasi-impossible d'oublier la photo parmi les aspects les plus réussis du long-métrage. D'aucuns jugeront d'ailleurs que tout est trop beau et que la passion censée s'emparer des deux héroïnes étouffe un peu sous ces images presque parfaites. Fort heureusement, les comédiennes, elles, livrent une prestation mémorable. De Cate Blanchett, j'attendais assurément une performance de ce niveau: l'Australienne est toujours impeccable pour dissimuler de la fragilité derrière son port altier. Ma révélation s'appelle Rooney Mara: la façon dont elle interprète Therese mérite sans aucun doute le Prix d'interprétation que Cannes lui a décerné l'année dernière. Malgré le titre, l'âme vibrante de Carol, c'est elle. Quelque chose me dit que, surtout à la fin du film, la détermination et la force de caractère qu'elle exprime pourraient bien vous étonner.
Carol
Film américain de Todd Haynes (2015)
Venir à bout des tabous: cela pourrait bien être l'une des raisons d'être de ce type de longs-métrages. Pour autant, je n'ai pas ressenti de volonté militante dans ce que le réalisateur a choisi d'exposer. Sans cacher la crudité et/ou la violence des situations, Todd Haynes signe une oeuvre digne et respectueuse de ses personnages, hommes compris. Un peu comme le faisait Le secret de Brokeback Mountain.
----------
D'autres regards sur le film ?
Vous en trouverez chez Pascale, Dasola, Tina, Strum et Alain Souché.
Noël approche quand soudain, Therese Belivet, vendeuse de jouets dans un grand magasin, "découvre" Carole Aird, femme du monde venue acheter une poupée pour sa fille - et qui repartira finalement avec un train électrique. Très justes, les premières images de Carol ne parlent pas d'un coup de foudre: elles font état d'une fascination. Est-ce parce que ces deux femmes n'auraient jamais dû se rencontrer qu'elles vivront quelque chose d'aussi intense ? Le récit le suggère. Bien au-delà, il dit aussi ce qu'il faut de courage pour être à l'écoute de ses sentiments quand on est déjà engagé et quand la morale publique les réprouve. Patricia Highsmith elle-même avait, dit-on, connu un amour lesbien. S'est-elle inspirée de son vécu ? Peut-être. En tout cas, rien ne m'aura heurté dans la manière d'aborder le sujet.
J'ai cru comprendre toutefois que Todd Haynes, le réalisateur, s'était permis de prendre quelques petites libertés avec le texte originel. Homosexuel lui aussi, il a en réalité composé un film d'une beauté incroyable: outre la reconstitution d'époque, il est quasi-impossible d'oublier la photo parmi les aspects les plus réussis du long-métrage. D'aucuns jugeront d'ailleurs que tout est trop beau et que la passion censée s'emparer des deux héroïnes étouffe un peu sous ces images presque parfaites. Fort heureusement, les comédiennes, elles, livrent une prestation mémorable. De Cate Blanchett, j'attendais assurément une performance de ce niveau: l'Australienne est toujours impeccable pour dissimuler de la fragilité derrière son port altier. Ma révélation s'appelle Rooney Mara: la façon dont elle interprète Therese mérite sans aucun doute le Prix d'interprétation que Cannes lui a décerné l'année dernière. Malgré le titre, l'âme vibrante de Carol, c'est elle. Quelque chose me dit que, surtout à la fin du film, la détermination et la force de caractère qu'elle exprime pourraient bien vous étonner.
Carol
Film américain de Todd Haynes (2015)
Venir à bout des tabous: cela pourrait bien être l'une des raisons d'être de ce type de longs-métrages. Pour autant, je n'ai pas ressenti de volonté militante dans ce que le réalisateur a choisi d'exposer. Sans cacher la crudité et/ou la violence des situations, Todd Haynes signe une oeuvre digne et respectueuse de ses personnages, hommes compris. Un peu comme le faisait Le secret de Brokeback Mountain.
----------
D'autres regards sur le film ?
Vous en trouverez chez Pascale, Dasola, Tina, Strum et Alain Souché.
J'ai hâte de le voir celui-là mais surtout pour les actrices et puis pour le thème, qu'il est bon de nos jours de rendre le plus "normal" possible pour que les gens ouvrent les yeux. Par contre ça me fait un peu peur car je ne suis pas toujours très fan de Todd.
RépondreSupprimerBonjour Martin et merci pour le lien ! C'est drôle les goûts et les couleurs. Pour moi le centre d'attraction du film, qui attire à lui Therese et la mise en scène, c'est bien Carole, Therese n'étant que le vecteur assez neutre et passif par lequel j'ai regardé le film. Mais j'ai l'impression que la plupart des gens font, comme toi, de Therese 'l'âme' du film.
RépondreSupprimerStrum
Une jolie réussite, à la fois esthétique et émotionnelle, sur l'amour et les responsabilités à prendre, porté par un magnifique duo d'actrices que je mets vraiment au même niveau !
RépondreSupprimer@Chonchon:
RépondreSupprimerC'est évidemment pour les actrices d'abord que je suis allé voir le film. La mise en scène est vraiment très belle. Je pense que tu ne le regretteras pas quand tu auras l'occasion de le voir. Difficile pour moi de juger Todd Haynes, puisque c'est la première fois que je voyais l'un de ses films.
@Strum:
RépondreSupprimerIl n'y a pas de quoi, cher ami !
Effectivement, c'est assez amusant de voir que nous n'avons pas tous la même approche du film et de ses protagonistes. Mais à vrai dire, tant mieux ! J'aime assez confronter mon point de vue sur un long-métrage donné, évidemment. Et je crois que nous sommes d'accord par ailleurs pour louer la qualité de cette production.
@Tina:
RépondreSupprimerJe suis ravi de nous savoir en accord sur ce film ! Ton idée des "responsabilités à prendre" est très pertinente. C'est vrai qu'au moment de faire un choix, Carol et Therese ont aussi des conséquences à gérer.
Tout à fait en phase avec toi sur l'égale valeur des deux comédiennes.