Comme un écho à l'actualité, la fiction de cinéma que j'ai découverte il y a quinze jours a pour tout premier cadre un camp de réfugiés. Nous sommes après 1945. Une Lituanienne attend une autorisation administrative pour s'expatrier en Argentine. Déboutée, elle épouse alors avec un soldat italien. Stromboli la voit donc suivre son mari vers l'ile-volcan du nord de la Sicile. 12 km² des plus inhospitaliers...
Dès les premières minutes, le scénario montre le désenchantement ressenti par cette femme, à peine descendue de bateau et débarquée dans sa nouvelle vie. Quand le film est sorti, beaucoup l'ont analysée comme un personnage antipathique. Moi ? Je suis presque d'accord ! Objectivement confrontée à une situation difficile, la jeune épouse décrète presque aussitôt qu'elle ne s'adaptera jamais à cette île "maudite". Elle proclame qu'elle mérite mieux et, plutôt mal accueillie par les locaux, espère imiter au plus vite ceux d'entre eux qui ont mis les voiles. Stromboli est paraît-il l'un des longs-métrages précurseurs du néoréalisme italien, ce courant majeur du grand cinéma transalpin d'après-guerre, qui consistait à filmer la vie telle qu'elle est vraiment. Plusieurs très belles scènes en découlent, lors de la pêche aux thons ou des éruptions de la montagne, notamment. Jusque dans l'accueil réservé à l'étrangère, tout ici paraît crédible. Avec une emphase quasi-lyrique, portée par la bande originale signée Renzo Rossellini, frère cadet du réalisateur, c'est un opéra à ciel ouvert qui se joue ici.
Roberto Rossellini, lui, filme Ingrid Bergman... et ça n'a rien d'anodin. Ce faisant, en effet, il donne également à voir la femme qu'il aime. Les historiens du cinéma n'ont pas oublié la rencontre de ces deux-là. En 1948, alors qu'elle ne le connait pas encore, la belle Scandinave adresse un courrier au cinéaste romain. "J'ai vu vos films Rome, ville ouverte et Païsa. Je les ai beaucoup appréciés. Si vous avez besoin d'une actrice suédoise qui parle très bien anglais, qui n'a pas oublié son allemand, qu'on ne comprendra pas très bien en français et qui, en italien, ne sait dire que ti amo, je suis prête à venir faire un film avec vous". Bientôt réunis, les deux artistes ont un coup de foudre réciproque et une liaison adultère sur le tournage de Stromboli. Aujourd'hui presque légendaire, cette histoire d'amour fit scandale. D'aucuns estiment que ce climat a "alimenté" le jeu d'Ingrid Bergman dans ce premier film commun. Quatre autres s'enchaîneront, de 1952 à 1954. Unis jusqu'en 1957, les amants se donneront trois enfants. J'ai encore bien des choses à découvrir sur leurs incroyables destins...
Stromboli
Film italien de Roberto Rossellini (1950)
Mes connaissances sur le néoréalisme italien sont bien trop faibles pour que je puisse et ose vous suggérer d'autres films comparables. J'évoquais Michelangelo Antonioni il y a trois jours: son cinéma elliptique s'inscrit quelque peu dans cette lignée. Avec une nature ultra-dominante, l'opus d'aujourd'hui ramène l'homme à sa petitesse. Tout ça me donne envie de voir d'autres films de Roberto Rossellini !
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Quant à vous, si vous ne voulez pas attendre...
Je vous renvoie à une lecture instructive: celle de "L'oeil sur l'écran".
Dès les premières minutes, le scénario montre le désenchantement ressenti par cette femme, à peine descendue de bateau et débarquée dans sa nouvelle vie. Quand le film est sorti, beaucoup l'ont analysée comme un personnage antipathique. Moi ? Je suis presque d'accord ! Objectivement confrontée à une situation difficile, la jeune épouse décrète presque aussitôt qu'elle ne s'adaptera jamais à cette île "maudite". Elle proclame qu'elle mérite mieux et, plutôt mal accueillie par les locaux, espère imiter au plus vite ceux d'entre eux qui ont mis les voiles. Stromboli est paraît-il l'un des longs-métrages précurseurs du néoréalisme italien, ce courant majeur du grand cinéma transalpin d'après-guerre, qui consistait à filmer la vie telle qu'elle est vraiment. Plusieurs très belles scènes en découlent, lors de la pêche aux thons ou des éruptions de la montagne, notamment. Jusque dans l'accueil réservé à l'étrangère, tout ici paraît crédible. Avec une emphase quasi-lyrique, portée par la bande originale signée Renzo Rossellini, frère cadet du réalisateur, c'est un opéra à ciel ouvert qui se joue ici.
Roberto Rossellini, lui, filme Ingrid Bergman... et ça n'a rien d'anodin. Ce faisant, en effet, il donne également à voir la femme qu'il aime. Les historiens du cinéma n'ont pas oublié la rencontre de ces deux-là. En 1948, alors qu'elle ne le connait pas encore, la belle Scandinave adresse un courrier au cinéaste romain. "J'ai vu vos films Rome, ville ouverte et Païsa. Je les ai beaucoup appréciés. Si vous avez besoin d'une actrice suédoise qui parle très bien anglais, qui n'a pas oublié son allemand, qu'on ne comprendra pas très bien en français et qui, en italien, ne sait dire que ti amo, je suis prête à venir faire un film avec vous". Bientôt réunis, les deux artistes ont un coup de foudre réciproque et une liaison adultère sur le tournage de Stromboli. Aujourd'hui presque légendaire, cette histoire d'amour fit scandale. D'aucuns estiment que ce climat a "alimenté" le jeu d'Ingrid Bergman dans ce premier film commun. Quatre autres s'enchaîneront, de 1952 à 1954. Unis jusqu'en 1957, les amants se donneront trois enfants. J'ai encore bien des choses à découvrir sur leurs incroyables destins...
Stromboli
Film italien de Roberto Rossellini (1950)
Mes connaissances sur le néoréalisme italien sont bien trop faibles pour que je puisse et ose vous suggérer d'autres films comparables. J'évoquais Michelangelo Antonioni il y a trois jours: son cinéma elliptique s'inscrit quelque peu dans cette lignée. Avec une nature ultra-dominante, l'opus d'aujourd'hui ramène l'homme à sa petitesse. Tout ça me donne envie de voir d'autres films de Roberto Rossellini !
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Quant à vous, si vous ne voulez pas attendre...
Je vous renvoie à une lecture instructive: celle de "L'oeil sur l'écran".
Je n'ai pas grand-chose à ajouter, si ce n'est que j'ai apprécié le film autant que toi. Je lirai sans doute prochainement le roman "L'année des volcans" de Francois-Guillaume Lorrain (paru en poche en avril 2015), qui revient sur cette rencontre entre l'actrice et le réalisateur, ainsi que sur le tournage du film.
RépondreSupprimerps : merci de supprimer les deux commentaires précédents, que j'ai fusionné en un.
Ah oui, il me fait envie aussi, ce livre. Merci de me rappeler son existence, Sentinelle ! Tu sais probablement déjà combien j'aime les petites histoires derrière le grand cinéma.
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