Aimer le cinéma, je crois, c'est accepter de croire à l'invraisemblable. Parfois, il m'arrive de batailler pour expliquer à mes parents et amis qu'un film n'a pas forcément à être réaliste, que la cohérence suffit pour charpenter un bon scénario. Vers l'autre rive illustre assez bien mon propos: cette histoire de fantômes japonais pose des enjeux fantastiques, qu'elle tisse ensuite avec une grande maîtrise formelle.
D'autres vous le diront: ce film n'est pas forcément facile à aborder. Le sujet lui-même est assez austère et il me semble que les Japonais le traitent d'une toute autre façon que nous: je veux parler du deuil. L'héroïne du long-métrage est une femme seule: Mizuki, professeure de piano qui a perdu son mari, Yusuke, depuis trois ans. Un jour ordinaire, aussi gris que les autres, le couple se reforme: le spectre de l'époux apparait, comme s'il n'était jamais parti qu'un instant. Pourtant, il est bel et bien mort et il le sait: il confirme à sa veuve que son corps disparu en mer a été dévoré par les crabes. Mizuki s'agite et se réveille. A-t-elle rêvé ? Non, Yusuke est toujours là. Mieux que visible, palpable, en mesure de mener une conversation ordinaire avec d'autres vivants. Vers l'autre rive propose au couple un long voyage à travers le Japon, une nouvelle occasion de se parler. Les suivre au plus proche, c'est aussi, pour nous, une belle escapade.
À ce stade de ma chronique, j'ai envie de saluer deux personnes importantes: Kazumi Yumoto, la romancière qui a signé le texte originel, et Takashi Ujita, qui a contribué à l'écriture du scénario adapté. Le réalisateur, Kiyoshi Kurosawa, a déjà reçu des lauriers pour ce film, jugé un peu atypique dans sa filmo: au mois de mai cette année, il est en effet reparti du Festival de Cannes avec un Prix de la mise en scène, mérité, dans la sélection Un certain regard. Bonne nouvelle pour lui qui semblait avoir connu quelque difficulté pour financer certaines de ses oeuvres précédentes. Ce qui est bien pour nous, membres du public, c'est que le cinéaste est demeuré fidèle à sa ligne artistique et à sa spiritualité. Vers l'autre rive innove par son aspect plutôt apaisé, mais, ainsi que je l'ai souligné d'emblée, c'est bel et bien une histoire de fantômes (au pluriel, oui !). Visuellement, je l'ai aimé pour quelques-unes des plus belles images que j'ai vues au cinéma en 2015. La lenteur du rythme de l'ensemble m'a un peu dérouté, mais j'ai tenu bon. Et la conclusion m'a cueilli...
Vers l'autre rive
Film japonais de Kiyoshi Kurosawa (2015)
Bon... tout ça prouve aussi que j'ai eu raison de regarder Shokuzai. Si je ne l'avais pas fait, je serais resté sur une impression mauvaise quant au talent du cinéaste. Résultat: désormais, après avoir pris deux fois plaisir à regarder l'un de ses films, j'ai envie... d'en voir d'autres ! D'ici là, je surveille un peu d'autres réalisateurs japonais contemporains, tels Naomi Kawase et Hirokazu Kore-eda. À suivre...
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Des avis contrastés sur le film ?
Oui: vous en lirez chez Tinalakiller, Dasola, Pascale et Princécranoir. C'est donc une occasion de vérifier aussi qu'il ne fait pas l'unanimité.
D'autres vous le diront: ce film n'est pas forcément facile à aborder. Le sujet lui-même est assez austère et il me semble que les Japonais le traitent d'une toute autre façon que nous: je veux parler du deuil. L'héroïne du long-métrage est une femme seule: Mizuki, professeure de piano qui a perdu son mari, Yusuke, depuis trois ans. Un jour ordinaire, aussi gris que les autres, le couple se reforme: le spectre de l'époux apparait, comme s'il n'était jamais parti qu'un instant. Pourtant, il est bel et bien mort et il le sait: il confirme à sa veuve que son corps disparu en mer a été dévoré par les crabes. Mizuki s'agite et se réveille. A-t-elle rêvé ? Non, Yusuke est toujours là. Mieux que visible, palpable, en mesure de mener une conversation ordinaire avec d'autres vivants. Vers l'autre rive propose au couple un long voyage à travers le Japon, une nouvelle occasion de se parler. Les suivre au plus proche, c'est aussi, pour nous, une belle escapade.
À ce stade de ma chronique, j'ai envie de saluer deux personnes importantes: Kazumi Yumoto, la romancière qui a signé le texte originel, et Takashi Ujita, qui a contribué à l'écriture du scénario adapté. Le réalisateur, Kiyoshi Kurosawa, a déjà reçu des lauriers pour ce film, jugé un peu atypique dans sa filmo: au mois de mai cette année, il est en effet reparti du Festival de Cannes avec un Prix de la mise en scène, mérité, dans la sélection Un certain regard. Bonne nouvelle pour lui qui semblait avoir connu quelque difficulté pour financer certaines de ses oeuvres précédentes. Ce qui est bien pour nous, membres du public, c'est que le cinéaste est demeuré fidèle à sa ligne artistique et à sa spiritualité. Vers l'autre rive innove par son aspect plutôt apaisé, mais, ainsi que je l'ai souligné d'emblée, c'est bel et bien une histoire de fantômes (au pluriel, oui !). Visuellement, je l'ai aimé pour quelques-unes des plus belles images que j'ai vues au cinéma en 2015. La lenteur du rythme de l'ensemble m'a un peu dérouté, mais j'ai tenu bon. Et la conclusion m'a cueilli...
Vers l'autre rive
Film japonais de Kiyoshi Kurosawa (2015)
Bon... tout ça prouve aussi que j'ai eu raison de regarder Shokuzai. Si je ne l'avais pas fait, je serais resté sur une impression mauvaise quant au talent du cinéaste. Résultat: désormais, après avoir pris deux fois plaisir à regarder l'un de ses films, j'ai envie... d'en voir d'autres ! D'ici là, je surveille un peu d'autres réalisateurs japonais contemporains, tels Naomi Kawase et Hirokazu Kore-eda. À suivre...
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Des avis contrastés sur le film ?
Oui: vous en lirez chez Tinalakiller, Dasola, Pascale et Princécranoir. C'est donc une occasion de vérifier aussi qu'il ne fait pas l'unanimité.
Bonjour Martin, je reconnais beaucoup de qualité à ce film. Ce mélange entre les vivants et les morts m'a plu mais au bout d'un moment, je suis restée sur la rive, désolé. Bonne journée. PS: merci pour le lien.
RépondreSupprimerFaut que je m'y mette, faut que je m'y mette...
RépondreSupprimerTu en parles bien en tout cas. C'est lent mais c'est beau, apaisant. Des fantômes qui font du bien... franchement je sais ce que c'est même si le mien n'est resté qu'un instant. J'aimerais qu'il m'emmène en voyage. Je suis prête :-)
RépondreSupprimerEn tout cas, c'est vrai qu'au cinéma parfois on demande un peu plus de réalisme et d'autres fois de ne surtout pas être trop réaliste. ça en fait une partie de sa magie.
Tu connais déjà mon avis (et merci encore pour le lien), je n'ai vraiment pas accroché à ce film (et ce n'est pas forcément qu'à cause du rythme lent), pourtant bien mis en scène, qui possède des choses réellement intéressantes et certainement profondes. Je préfère d'autres films de Kurosawa :)
RépondreSupprimer@Dasola:
RépondreSupprimerTu n'as pas à être désolée. J'avoue que j'ai moi-même été à deux doigts de décrocher. C'est un film exigeant et relativement complexe. Je suis content que tu lui trouves malgré tout beaucoup de qualités.
@Chonchon:
RépondreSupprimerT'y mettre à quoi ? Aux films de Kiyoshi Kurosawa ? Oui, ça serait bien d'avoir ton avis également.
@Pascale:
RépondreSupprimerMerci. Je suis bien heureux de lire que tu trouves, toi aussi, le film apaisant. Pour dire les choses comme elles sont, je ne m'attendais pas franchement à ressentir une telle sensation devant un film de fantômes.
Par ailleurs, je suis complétement d'accord avec toi pour dire que c'est agréable de poser alternativement notre regard sur des longs-métrages dits réalistes et d'autres films plutôt portés sur l'imagination.
@Tina:
RépondreSupprimerC'est très subjectif, ce qui nous pousse à accrocher à un film ou non. Je peux donc tout à fait concevoir que tu te sois ennuyée devant cet opus. Pour ma part, je n'ai encore que peu d'éléments de comparaison dans la filmo de Kiyoshi Kurosawa. J'espère toutefois avoir d'autres occasions de compléter mes connaissances sur ce réalisateur.
Belle escapade en effet, et je suis prêt à refaire la traversée avec Kurosawa, à l'occasion.
RépondreSupprimerToi et moi sommes d'accord, Princécranoir. J'espère que l'ami Kiyoshi nous proposera bientôt une autre belle escapade.
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