Parmi tout ce qui peut me plaire au cinéma, les films qui daignent laisser une marge importante à mon imagination tiennent une place élevée. Enemy est de ceux-là: il pose plein de questions sans donner toutes les réponses. À nous de "marcher" ou pas: le divertissement proposé m'a assez séduit pour que je passe un bonne soirée-canapé...
Adam Bell est prof d'histoire à l'université. Sa vie maussade s'inscrit dans un cadre peu attrayant, dans un immeuble de Toronto. Sa mère s'inquiète pour lui et, sur son répondeur, lui dit qu'elle aimerait le voir un peu plus souvent. Adam reste seul le plus clair de son temps. Parfois, en soirée, sa petite amie lui rend visite, mais leurs rapports sont froids, mécaniques. Tout bascule un jour où Adam loue un DVD pour passer le temps: il y découvre Anthony Saint-Claire, son double. A-t-on la même vie quand on a exactement le même visage ? L'idée trouble suffisamment notre ami pour qu'il cherche à vérifier, déniche les coordonnées de son sosie, l'appelle et, auprès d'une autre femme inconnue, parvienne sans mal... à se faire passer pour lui, le timbre de voix des deux hommes étant lui aussi strictement identique. Enemy propose donc un jeu de miroir flippant, d'autant qu'il s'avère que la vie d'Anthony, elle non plus, n'est pas très enthousiasmante...
Il me semble clair que cette histoire ne peut pas faire l'unanimité. D'aucuns se perdront avec bonheur dans ses méandres, quand d'autres décrocheront rapidement. Tout du long, c'est aussi une ville qui est filmée. Vue d'en haut, avec quelques incursions d'une araignée fantasmagorique digne de Louise Bourgeois et presque constamment sous un voile jaunâtre, la métropole oppresse, sans laisser d'instant de répit aux femmes et hommes tourmentés qui la peuplent. J'imagine sans la moindre difficulté que cette atmosphère poisseuse déplaira fortement à certains d'entre vous. Enemy n'est pas un film aimable: s'y plonger, c'est accepter de s'y enfoncer un peu. Personnellement, j'ai trouvé très motivant de s'y risquer, ne serait-ce que pour apprécier le remarquable (double) jeu de Jake Gyllenhaal. Face à lui, Sarah Gadon, Mélanie Laurent et Isabella Rossellini forment un trio incertain et inquiétant. Pourrez-vous trouver la clé ?
Enemy
Film canadien de Denis Villeneuve (2013)
Il s'agit en réalité d'une coproduction espagnole. L'atmosphère générale m'a un peu rappelé celle de Under the skin, autre film controversé. Certains critiques et internautes jugent que cet OVNI filmique est le plus mauvais de son auteur, largué à des kilomètres derrière Incendies et Prisoners. J'en connais trop peu pour défendre un avis définitif, mais j'apprécie en tout cas cette diversité de style !
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Si vous voulez vraiment en savoir davantage...
Vous trouverez d'autres avis chez Pascale, Dasola et Sentinelle.
Il est 19h42... un petit post-scriptum tardif...
Un commentaire de Laurent ci-dessous me conduit à ajouter enfin que le nouveau Denis Villeneuve est visible au cinéma actuellement. Présenté à Cannes en mai dernier, Sicario y avait fait chou blanc.
Adam Bell est prof d'histoire à l'université. Sa vie maussade s'inscrit dans un cadre peu attrayant, dans un immeuble de Toronto. Sa mère s'inquiète pour lui et, sur son répondeur, lui dit qu'elle aimerait le voir un peu plus souvent. Adam reste seul le plus clair de son temps. Parfois, en soirée, sa petite amie lui rend visite, mais leurs rapports sont froids, mécaniques. Tout bascule un jour où Adam loue un DVD pour passer le temps: il y découvre Anthony Saint-Claire, son double. A-t-on la même vie quand on a exactement le même visage ? L'idée trouble suffisamment notre ami pour qu'il cherche à vérifier, déniche les coordonnées de son sosie, l'appelle et, auprès d'une autre femme inconnue, parvienne sans mal... à se faire passer pour lui, le timbre de voix des deux hommes étant lui aussi strictement identique. Enemy propose donc un jeu de miroir flippant, d'autant qu'il s'avère que la vie d'Anthony, elle non plus, n'est pas très enthousiasmante...
Il me semble clair que cette histoire ne peut pas faire l'unanimité. D'aucuns se perdront avec bonheur dans ses méandres, quand d'autres décrocheront rapidement. Tout du long, c'est aussi une ville qui est filmée. Vue d'en haut, avec quelques incursions d'une araignée fantasmagorique digne de Louise Bourgeois et presque constamment sous un voile jaunâtre, la métropole oppresse, sans laisser d'instant de répit aux femmes et hommes tourmentés qui la peuplent. J'imagine sans la moindre difficulté que cette atmosphère poisseuse déplaira fortement à certains d'entre vous. Enemy n'est pas un film aimable: s'y plonger, c'est accepter de s'y enfoncer un peu. Personnellement, j'ai trouvé très motivant de s'y risquer, ne serait-ce que pour apprécier le remarquable (double) jeu de Jake Gyllenhaal. Face à lui, Sarah Gadon, Mélanie Laurent et Isabella Rossellini forment un trio incertain et inquiétant. Pourrez-vous trouver la clé ?
Enemy
Film canadien de Denis Villeneuve (2013)
Il s'agit en réalité d'une coproduction espagnole. L'atmosphère générale m'a un peu rappelé celle de Under the skin, autre film controversé. Certains critiques et internautes jugent que cet OVNI filmique est le plus mauvais de son auteur, largué à des kilomètres derrière Incendies et Prisoners. J'en connais trop peu pour défendre un avis définitif, mais j'apprécie en tout cas cette diversité de style !
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Si vous voulez vraiment en savoir davantage...
Vous trouverez d'autres avis chez Pascale, Dasola et Sentinelle.
Il est 19h42... un petit post-scriptum tardif...
Un commentaire de Laurent ci-dessous me conduit à ajouter enfin que le nouveau Denis Villeneuve est visible au cinéma actuellement. Présenté à Cannes en mai dernier, Sicario y avait fait chou blanc.
Merci pour le lien Martin. J'allais justement t'écrire que j'avais beaucoup aimé ce film mais en relisant mon billet, je me rends compte que j'étais nettement plus mitigée à l'époque, comme quoi. Le temps passant, j'ai gardé essentiellement en mémoire mon intérêt à décoder la personnalité du personnage principal, ayant complètement oublié la tonalité plus apathique de l'ensemble. Bref, je n'ai retenu que le meilleur, et avec le recul, je le conseille bien volontiers ;-)
RépondreSupprimerClairement un film qui laisse songeur et intrigué. En tout cas, il m'a donné envie de découvrir les autres films de son réalisateur.
RépondreSupprimerJoli billet, Martin.
Pas vu, mais le bluray est sur mes étagères, noyé parmi tant d'autres films que je dois également découvrir.
RépondreSupprimerPar contre, je te conseille vivement de découvrir Sicario, un très bon thriller, épuré et tendu à l’extrême.
@Sentinelle:
RépondreSupprimerToujours avec plaisir, chère amie ! C'est vrai que le film se joue sur un rythme assez lent et il n'est pas inconcevable de trouver ses enjeux limités. Ce n'est assurément pas un long-métrage incontournable. Cela dit, comme tu l'auras compris, j'ai bien aimé ce double personnage. En plus de stimuler notre imagination, la façon dont le scénario laisse place à quelques marges d'interprétation me rend tout ça assez sympathique.
@Laurent:
RépondreSupprimerMerci ! Je ne peux que te recommander "Incendies", fortement. Moi aussi, j'ai envie de découvrir le reste de la filmographie de Denis Villeneuve, un réalisateur que je crois désormais adoubé par le système ET par une partie du public français. Je réalise d'ailleurs qu'il tourne depuis une bonne vingtaine d'années. J'avais raté "Prisoners" au cinéma: j'espère avoir une occasion prochaine de le découvrir enfin.
@2flics:
RépondreSupprimerPeut-être auras-tu l'occasion de nous en parler un jour ou l'autre. Je ne sais pas encore si je vais avoir le temps d'aller voir "Sicario", mais tu aurais plutôt tendance à m'y encourager. J'en reparlerai évidemment ici même, le cas échéant.
Bonsoir Martin, j'avoue que le film Enemy m'a laissée perplexe, je n'ai vraiment pas "accroché", trop abstrait pour moi. Peut-être que Sicario est plus "basique" mais au moins j'ai compris l'histoire. Bonne soirée.
RépondreSupprimerChacun son truc, Dasola, il n'y a aucun mal à cela. Je pense au contraire que la force du cinéma reste de nous inspirer des impressions différentes et/ou des émotions contradictoires.
RépondreSupprimerBouh... déjà que je n'ai pas aimé Incendies... ça fait peur !
RépondreSupprimer"Enemy", ce n'est pas du tout le même genre de films. Après, je ne suis pas sûr que celui-là te plaise. Franchement, à toi de voir: rien n'est obligatoire, de toute façon.
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