Peut-on faire d'une terroriste une héroïne de cinéma ? James Marsh répond positivement et s'y essaye avec Shadow Dancer, le quatrième de ses cinq opus de fiction - auxquels s'ajoutent six documentaires. Sans grande finesse stylistique, ce long-métrage irlando-britannique introduit une famille de Belfast. 1973. Un très jeune garçon est tué alors qu'il faisait une course, une tâche d'abord réclamée à sa soeur...
Un flash-forward plus tard, c'est sous les traits d'Andrea Riseborough et comme mère célibataire qu'on retrouve, à 30 ans, Colette McVeigh. Visiblement adepte de la lutte armée, la jeune femme semble déposer un colis piégé dans un couloir du métro londonien. J'écris "semble" parce qu'aucune détonation ne confirme la nature de cette valise abandonnée. Constat d'évidence: jusqu'à son terme, Shadow Dancer joue beaucoup sur les incertitudes. C'est avec une efficacité louable qu'il nous embarque dans une histoire tortueuse, où la criminelle supposée, aussitôt arrêtée par les services secrets, évite la prison grâce à un "marché": elle devient l'espionne de deux fondamentalistes de la cause républicaine, Gerry et Connor, ses propres frères. Le film offre alors une reconstitution soignée d'événements pas si lointains...
Outre Clive Owen en flic ambigu, les amateurs de séries s'amuseront sûrement à retrouver Aidan Gillen, le très machiavélique Petyr Baelish de Games of thrones, ou Gillian Anderson, l'agent Scully des X-files, méconnaissable sous sa chevelure blonde. Cette troupe d'acteurs, complétée de comédiens peu connus de ce côté de la Manche, joue correctement une histoire riche, donc, de faux semblants. Il manque malgré tout quelque chose pour faire de Shadow Dancer une réussite plus remarquable. Quoi exactement ? Je n'arrive pas à le déterminer. Peut-être aussi que c'est moi qui manque de connaissances approfondies sur cette période tourmentée de la fin des années 90. Disons qu'à force d'être évasif, le long-métrage devient évanescent. Et qu'il n'aurait pas forcément perdu à être un chouia plus explicite...
Shadow Dancer
Film irlando-britannique de James Marsh (2012)
Pour qui s'intéresse à l'Irlande du Nord, Au nom du père s'impose comme un film à voir absolument - et je compte bien vous en reparler un jour ou l'autre. D'ici là, si le sujet vous titille, vous pouvez également tourner vos mirettes vers Hunger ou, pour une approche historique complète, Jimmy's hall. Sans avoir foncièrement à rougir des comparaisons, Shadow Dancer reste de fait un cran en-dessous.
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Une anecdote...
Je ne connaissais pas James Marsh, mais j'ai appris qu'il était l'auteur d'Une merveilleuse histoire du temps, le biopic de Stephen Hawking.
D'autres avis ?
La prestation glaciale de Clive Owen a refroidi l'amie Pascale. Chonchon, qui en a vu d'autres, trouve le film "juste regardable". Dasola, de son côté, a peu écrit, mais se montre plus enthousiaste.
Un flash-forward plus tard, c'est sous les traits d'Andrea Riseborough et comme mère célibataire qu'on retrouve, à 30 ans, Colette McVeigh. Visiblement adepte de la lutte armée, la jeune femme semble déposer un colis piégé dans un couloir du métro londonien. J'écris "semble" parce qu'aucune détonation ne confirme la nature de cette valise abandonnée. Constat d'évidence: jusqu'à son terme, Shadow Dancer joue beaucoup sur les incertitudes. C'est avec une efficacité louable qu'il nous embarque dans une histoire tortueuse, où la criminelle supposée, aussitôt arrêtée par les services secrets, évite la prison grâce à un "marché": elle devient l'espionne de deux fondamentalistes de la cause républicaine, Gerry et Connor, ses propres frères. Le film offre alors une reconstitution soignée d'événements pas si lointains...
Outre Clive Owen en flic ambigu, les amateurs de séries s'amuseront sûrement à retrouver Aidan Gillen, le très machiavélique Petyr Baelish de Games of thrones, ou Gillian Anderson, l'agent Scully des X-files, méconnaissable sous sa chevelure blonde. Cette troupe d'acteurs, complétée de comédiens peu connus de ce côté de la Manche, joue correctement une histoire riche, donc, de faux semblants. Il manque malgré tout quelque chose pour faire de Shadow Dancer une réussite plus remarquable. Quoi exactement ? Je n'arrive pas à le déterminer. Peut-être aussi que c'est moi qui manque de connaissances approfondies sur cette période tourmentée de la fin des années 90. Disons qu'à force d'être évasif, le long-métrage devient évanescent. Et qu'il n'aurait pas forcément perdu à être un chouia plus explicite...
Shadow Dancer
Film irlando-britannique de James Marsh (2012)
Pour qui s'intéresse à l'Irlande du Nord, Au nom du père s'impose comme un film à voir absolument - et je compte bien vous en reparler un jour ou l'autre. D'ici là, si le sujet vous titille, vous pouvez également tourner vos mirettes vers Hunger ou, pour une approche historique complète, Jimmy's hall. Sans avoir foncièrement à rougir des comparaisons, Shadow Dancer reste de fait un cran en-dessous.
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Une anecdote...
Je ne connaissais pas James Marsh, mais j'ai appris qu'il était l'auteur d'Une merveilleuse histoire du temps, le biopic de Stephen Hawking.
D'autres avis ?
La prestation glaciale de Clive Owen a refroidi l'amie Pascale. Chonchon, qui en a vu d'autres, trouve le film "juste regardable". Dasola, de son côté, a peu écrit, mais se montre plus enthousiaste.
J'aime beaucoup le sujet et je n'ai pu me raccrocher à ça et à l'excellente interprétation d'Andrea Riseborough... Le reste n'est pas mauvais mais ça manque de consistance à mon avis.
RépondreSupprimerJe suis assez d'accord. Un film mieux écrit, avec une intrigue plus riche, aurait pu marquer les esprits. Tu as raison également de souligner que le sujet est intéressant. Je suis sûr qu'il se prêterait volontiers à un film puissant. Après, pas sûr que le grand public s'intéresse encore beaucoup au conflit nord-irlandais...
RépondreSupprimerIl faut dire qu'il y a tellement de films sur ce sujet ! Ceci dit, même récemment, il y en a eu des bons (je pense à '71).
RépondreSupprimerTu n'as pas tort, mais c'est aussi et surtout par rapport au contexte mondial actuel que je disais ça. L'Irlande, ça paraît presque une autre époque...
RépondreSupprimerBref... cette petite conversation à distance m'aura remis en mémoire l'existence de ce "'71". Merci Tina ! C'est un film que je voulais voir et que j'avais totalement laissé sortir de mes radars.
Sur le sujet, j'ai bien aimé La guerre de l'ombre : http://chonchoncinema.canalblog.com/archives/2010/01/04/27297448.html
RépondreSupprimerJe n'avais jamais entendu parler de ce film, mais ta chronique donne envie de le découvrir. Je vais tâcher maintenant de me souvenir de ce titre. Merci Chonchon !
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