C'est initialement la perspective d'aborder une nouvelle filmographie étrangère qui m'a donné envie de voir Mustang. J'en suis sorti ravi d'avoir fait ce choix audacieux de découvrir un film turc. J'ai appris depuis qu'il s'agit en réalité d'un film franco-germano-turc: la femme qui l'a réalisé partage d'ailleurs sa vie entre la France et la Turquie. Deniz Gamze Ergüven a étudié son art à la Fémis, une école de Paris.
Pour ce premier long-métrage personnel, elle a également collaboré avec une autre ex-étudiante, Alice Winocour, qui cosigne le scénario. Elle s'est aussi inspirée de situations réelles, qui lui ont été racontées ou qu'elle a connues elle-même. Le film s'intéresse à la vie quotidienne de cinq jeunes filles, toutes soeurs, âgées de 13 à 19 ans environ. Orphelines, Sonay, Selma, Ece, Nur et Laleh ont été élevées par leur grand-mère et leur oncle. Le récit débute sur une fin d'année scolaire: le temps de l'insouciance incite les adolescentes à profiter enfin d'un peu de liberté sur le bord de la mer, avec quelques garçons du même âge. Ce bonheur simple sera de courte durée: dénoncées par une voisine pour une prétendue indignité, les gamines, en guise de punition, seront par la suite enfermées chez elles et sommées d'apprendre les règles de conduite des ménagères "respectables". Mustang se penchera alors, avec beaucoup de vigueur, sur le drame des mariages forcés - ils persistent dans certaines régions turques. Tout en restant concentré sur le point de vue de ses jeunes héroïnes.
L'heure n'est pas au bilan détaillé, mais le tout restera probablement comme l'un des longs-métrages les plus forts que j'ai vus cette année. Je m'attendais certes à traverser quelques émotions, mais j'ai quitté le cinéma d'autant plus secoué que Mustang ne renonce pas totalement à l'humour: au début, la manière dont les femmes s'efforcent de protéger les jeunes filles autorise même une intrusion du comique dans la narration, qui étonne, comparée à ce qui arrive ensuite. L'autre force du film, c'est je dirais sa très grande qualité d'interprétation: si la trame se concentre doucement sur la plus jeune des soeurs, les cinq comédiennes sont toutes justes et formidables. Pour mémoire, je cite leurs noms: Ilayda Akdogan, Tugba Sunguroglu, Elit Iscan, Doga Zeynep Doguslu et Günes Nezihe Sensoy - retenues pour leur complémentarité et parmi des centaines de prétendantes. Sur le plan formel maintenant, j'ai aussi beaucoup apprécié le travail accompli, en matière de photographie et de musique, notamment. 100% turc ou pas, qu'importe: voilà l'un des grands films du moment !
Mustang
Film franco-germano-turc de Deniz Gamze Ergüven (2015)
Une partie de la critique place le long-métrage dans le lointain sillage de Sofia Coppola et de son Virgin suicides. C'est lui retirer beaucoup de sa force réaliste, au profit d'un long-métrage bien moins intense. S'il faut absolument comparer, je crois que je placerais plutôt l'oeuvre de Deniz Gamze Ergüven en face sombre de Wadjda, autre création féminine et premier film saoudien de l'histoire. Chapeau, mesdames !
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D'autres avis positifs sont à lire ailleurs...
Je vous laisse le choix: chez Pascale et/ou chez Dasola.
Pour ce premier long-métrage personnel, elle a également collaboré avec une autre ex-étudiante, Alice Winocour, qui cosigne le scénario. Elle s'est aussi inspirée de situations réelles, qui lui ont été racontées ou qu'elle a connues elle-même. Le film s'intéresse à la vie quotidienne de cinq jeunes filles, toutes soeurs, âgées de 13 à 19 ans environ. Orphelines, Sonay, Selma, Ece, Nur et Laleh ont été élevées par leur grand-mère et leur oncle. Le récit débute sur une fin d'année scolaire: le temps de l'insouciance incite les adolescentes à profiter enfin d'un peu de liberté sur le bord de la mer, avec quelques garçons du même âge. Ce bonheur simple sera de courte durée: dénoncées par une voisine pour une prétendue indignité, les gamines, en guise de punition, seront par la suite enfermées chez elles et sommées d'apprendre les règles de conduite des ménagères "respectables". Mustang se penchera alors, avec beaucoup de vigueur, sur le drame des mariages forcés - ils persistent dans certaines régions turques. Tout en restant concentré sur le point de vue de ses jeunes héroïnes.
Mustang
Film franco-germano-turc de Deniz Gamze Ergüven (2015)
Une partie de la critique place le long-métrage dans le lointain sillage de Sofia Coppola et de son Virgin suicides. C'est lui retirer beaucoup de sa force réaliste, au profit d'un long-métrage bien moins intense. S'il faut absolument comparer, je crois que je placerais plutôt l'oeuvre de Deniz Gamze Ergüven en face sombre de Wadjda, autre création féminine et premier film saoudien de l'histoire. Chapeau, mesdames !
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D'autres avis positifs sont à lire ailleurs...
Je vous laisse le choix: chez Pascale et/ou chez Dasola.
Merci pour le lien toujours :-)
RépondreSupprimerElles sont extraordinaires ces cinq filles et le film pas moins.
On sent que la réalisatrice aime son pays nonobstant les horreurs qui s'y passent encore.
Je t'en prie, Pascale, question de principe !
RépondreSupprimerTout à fait d'accord avec toi sur le film et les filles. Pour ce qui est de Deniz Gamze Ergüven, je l'ai entendue sur France Inter à l'occasion de la sortie de "Mustang". Elle parle un français parfait ! Le fait est qu'elle ne caricature pas la Turquie et, comme tu le dis justement, on sent bien qu'elle aime son pays - le personnage de l'enseignante en montre d'ailleurs une autre facette.
Bonjour Martin, comme Pascale, merci (encore) pour le lien. Ce film donne "la pêche". la petite Lale est un sacré personnage. Bonne journée.
RépondreSupprimerAvec plaisir, Dasola. Je suis content de voir que le film t'a plu également. Bien écrits, j'ai trouvé que les personnages étaient de plus parfaitement interprétés.
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