samedi 27 juin 2015

D'autres affranchis

Le cinéma américain aime décidément les truands. J'aurais pu penser que Ridley Scott avait reçu une commande pour American gangster. Or, il s'avère qu'au générique final, le Britannique apparaît deux fois plutôt qu'une: comme réalisateur, certes, et comme co-producteur. J'en conclus que le long-métrage lui tenait réellement à coeur. Soit. Tonton Ridley était meilleur à ses débuts, je trouve, mais tant pis...

American gangster n'est pas un mauvais film. Comme plein d'autres de ce début de siècle, il s'inspire d'une histoire vraie, celle d'un caïd new-yorkais, parrain de la drogue de la fin des années 60 au milieu des années 70. Ce brave homme avait compris qu'il pouvait tirer profit de la guerre du Vietnam en se fournissant Asie et en faisant entrer la marchandise sur le sol américain par les convois militaires de retour au pays. Seul mon souci de ne pas dévoiler un élément-clé de la fin du film m'empêche d'en dire davantage sur ses méthodes. Pour la bonne bouche, je soulignerai juste qu'au moment où il est tombé, Frank Lucas avait de très nombreuses complicités policières. Le long-métrage prend le parti de montrer qu'il existait aussi des flics intègres: l'un deux, Richie Roberts, est le second personnage principal du scénario. Une bonne idée de mise en scène: les deux adversaires sont d'abord filmés séparément. Une (longue) intro assez bien ficelée.

Sachant que le film dure deux bonnes heures et demie, vous aurez largement le temps de vous faire une idée précise de ses qualités. Objectivement, c'est de la belle ouvrage, une reconstitution soignée de l'Amérique de Nixon, emballée dans une BO aux petits oignons. Quant aux acteurs, ils sont plutôt bons, eux aussi: Denzel Washington apporte un vrai charisme à cet insaisissable criminel et Russel Crowe m'a paru plus sobre - et donc meilleur - que dans bien d'autres rôles. Attention: pour apprécier American gangster, je vous conseillerais vivement... d'éviter de trop lui en demander. Il me paraît très clair qu'il ne révolutionnera pas le genre et qu'il reste même fort éloigné des meilleures références. C'est un produit de divertissement, disons. Peut-être trouverez-vous d'ailleurs la fin assez "angélique". Wikipédia évoque le sort des vrais Frank Lucas et Richie Roberts: vous pourriez être surpris ! La conclusion du scénario est en réalité assez proche...

American gangster
Film américain de Ridley Scott (2007)

Bien entendu, quand on marche sur les brisées d'un Martin Scorsese ou d'un  Francis Ford Coppola, il faut avoir du culot ET du talent. Bilan: Les affranchis et Le parrain restent encore bien loin devant. Même sorti des communautés irlandaises ou italiennes, Ridley Scott arrive sans doute un peu tard pour soutenir la comparaison. J'accorde tout de même quatre généreuses étoiles au film: je l'ai vu sans ennui.

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Une anecdote pour être complet...

Une fin alternative a été tournée, qui aurait encore prolongé le film de quelques minutes - et mieux rendu compte de la véritable histoire. Avis aux amateurs: cette séquence se trouve facilement sur Internet.

Plusieurs de mes petits camarades livrent leur analyse...
Le rédacteur de "L'oeil sur l'écran" dit avoir trouvé le film froid. Pascale et Chonchon sont sensiblement sur la même longueur d'onde. Dasola trouve même (je cite) qu'il délivre "un message douteux". Princécranoir, lui, a rejoint deux fois le camp de la défense, ici et .

2 commentaires:

  1. Exact, je n'ai pas été emballée. Comme tu dis, c'est bien fait, léché, parfait, beaux et bons acteurs... mais ce n'est rien qu'une énième histoire de gangsters de plus.

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  2. Oui, c'est ça: cette histoire, on l'a déjà entendue des dizaines de fois. Et parfois mieux racontée.

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