Après Valence, Lyon et Toulon... avant Avignon, Nîmes, Montpellier et bien d'autres villes encore, Jean-Jacques Annaud est aussi passé par chez moi pour présenter Le dernier loup. C'est cette circonstance qui m'a poussé à assister à cette avant-première. Même si je suis loin d'avoir vu l'ensemble de ses films, je respecte cet artiste qui tourne inlassablement depuis 1976. Voici un peu de ce qu'il nous a raconté...
Jean-Jacques Annaud indique que Le dernier loup est l'aboutissement d'un travail de sept ans. Le tournage a réellement eu lieu en Mongolie intérieure. Le réalisateur n'avait que neuf Français autour de lui. L'équipe complète regroupait 480 personnes ! Le film a fait l'objet d'un storyboard très précis pour bien "poser" les images dès le début.
Malgré quelques poupées et images de synthèse, la plupart des loups visibles dans le film sont de vrais animaux, à ce jour disparus du côté chinois de la Grande Muraille. Soignés et dressés par un spécialiste canadien, Andrew Simpson, ils ont aussi pris l'avion-retour avec lui pour être préservés. La meute regroupait une quinzaine d'individus.
"Le risque existe toujours que les loups attaquent": s'il souligne qu'aucun incident n'a perturbé le tournage, Jean-Jacques Annaud explique que de nombreuses scènes ont été filmées sur la corde raide. Lucide, le cinéaste s'inquiétait surtout des risques de la cohabitation entre les divers animaux. Fort heureusement, tout s'est donc déroulé comme il l'avait prévu: "Le roi des loups est même devenu mon ami. Quand nous étions proches de la fin du tournage, il refusait de jouer sans avoir obtenu d'abord dix minutes d'embrassade". Le cinéaste s'amuse de la relative tendresse de la bête. "C'est une expérience particulière. Quand ce loup a ensuite cédé son trône, son frère a pris sa place. Cet autre loup est venu me voir, m'a senti... il m'a toléré. On était copains, sans plus". Juste assez pour les dernières prises...
Parce qu'il comprend que certaines scènes de chasse aux loups peuvent choquer un public non-initié, Jean-Jacques Annaud rappelle qu'il n'a fait que reproduire les techniques mongoles. Les légendes locales font du loup un ennemi respectable, voué à rejoindre un dieu céleste, Tengri, après sa mort. "Il y encore dix ans, les Mongols présents dans le film menaient chaque année une chasse traditionnelle: la visite des cavernes. Ils sont bouddhistes et croient en la réincarnation. On revient parfois en insecte, oiseau ou animal".
Sans trop insister, Le dernier loup délivre évidemment un message écolo, selon lequel toutes les espèces ont leur place dans la nature. Bien que, poussés par la faim, les prédateurs puissent s'attaquer aussi aux troupeaux de moutons gardés par les hommes, leurs proies préférées demeurent les gazelles de la steppe. Les loups chassent seulement pour se nourrir et, autant que possible, se tiennent prudemment à l'écart des activités humaines - oui, ils en ont peur ! Leur consommation d'animaux herbivores favorise aussi le maintien d'une vie végétale sur ces grands espaces au climat instable. L'équipe du film y a vu des marmottes et défié des armées de moustiques. Jean-Jacques Annaud préfère en rire: "Je devais mettre une voilette et des gants d'apiculteur. Le look d'une bourgeoise du 19ème siècle".
Sur place, le cinéaste aura tout de même bénéficié du meilleur guide possible: Jiang Rong, l'homme qui a écrit le livre à l'origine du film. "Son séjour remonte à la fin des années 60 et il n'était jamais revenu en Mongolie intérieure. Il conserve une vive passion pour la région. Même si un écrivain sait que son histoire lui échappe quand il vend ses droits d'adaptation, j'ai de l'amitié pour cet homme et du respect pour l'amour qu'il porte à cette terre. Il vit avec la Marguerite Duras chinoise, la romancière la plus célèbre du pays. Son ami du film existe également: il est devenu un peintre reconnu pour ses tableaux paysagés et portraits de Mongolie". La boucle est bel et bien bouclée.
Malgré quelques poupées et images de synthèse, la plupart des loups visibles dans le film sont de vrais animaux, à ce jour disparus du côté chinois de la Grande Muraille. Soignés et dressés par un spécialiste canadien, Andrew Simpson, ils ont aussi pris l'avion-retour avec lui pour être préservés. La meute regroupait une quinzaine d'individus.
"Le risque existe toujours que les loups attaquent": s'il souligne qu'aucun incident n'a perturbé le tournage, Jean-Jacques Annaud explique que de nombreuses scènes ont été filmées sur la corde raide. Lucide, le cinéaste s'inquiétait surtout des risques de la cohabitation entre les divers animaux. Fort heureusement, tout s'est donc déroulé comme il l'avait prévu: "Le roi des loups est même devenu mon ami. Quand nous étions proches de la fin du tournage, il refusait de jouer sans avoir obtenu d'abord dix minutes d'embrassade". Le cinéaste s'amuse de la relative tendresse de la bête. "C'est une expérience particulière. Quand ce loup a ensuite cédé son trône, son frère a pris sa place. Cet autre loup est venu me voir, m'a senti... il m'a toléré. On était copains, sans plus". Juste assez pour les dernières prises...
Parce qu'il comprend que certaines scènes de chasse aux loups peuvent choquer un public non-initié, Jean-Jacques Annaud rappelle qu'il n'a fait que reproduire les techniques mongoles. Les légendes locales font du loup un ennemi respectable, voué à rejoindre un dieu céleste, Tengri, après sa mort. "Il y encore dix ans, les Mongols présents dans le film menaient chaque année une chasse traditionnelle: la visite des cavernes. Ils sont bouddhistes et croient en la réincarnation. On revient parfois en insecte, oiseau ou animal".
Sans trop insister, Le dernier loup délivre évidemment un message écolo, selon lequel toutes les espèces ont leur place dans la nature. Bien que, poussés par la faim, les prédateurs puissent s'attaquer aussi aux troupeaux de moutons gardés par les hommes, leurs proies préférées demeurent les gazelles de la steppe. Les loups chassent seulement pour se nourrir et, autant que possible, se tiennent prudemment à l'écart des activités humaines - oui, ils en ont peur ! Leur consommation d'animaux herbivores favorise aussi le maintien d'une vie végétale sur ces grands espaces au climat instable. L'équipe du film y a vu des marmottes et défié des armées de moustiques. Jean-Jacques Annaud préfère en rire: "Je devais mettre une voilette et des gants d'apiculteur. Le look d'une bourgeoise du 19ème siècle".
Sur place, le cinéaste aura tout de même bénéficié du meilleur guide possible: Jiang Rong, l'homme qui a écrit le livre à l'origine du film. "Son séjour remonte à la fin des années 60 et il n'était jamais revenu en Mongolie intérieure. Il conserve une vive passion pour la région. Même si un écrivain sait que son histoire lui échappe quand il vend ses droits d'adaptation, j'ai de l'amitié pour cet homme et du respect pour l'amour qu'il porte à cette terre. Il vit avec la Marguerite Duras chinoise, la romancière la plus célèbre du pays. Son ami du film existe également: il est devenu un peintre reconnu pour ses tableaux paysagés et portraits de Mongolie". La boucle est bel et bien bouclée.
qui porte à l'écran avec bonheur des best sellers jugés inadaptables sur grand écran tout en restant fidéla à Ecco, Duras, ou J H Rosny mérite le respect et l'admiration.
RépondreSupprimerMalgré tout l'un de mes films preféré de notre ami jean jacques reste "coup de tete", Deweare y est prodigieux
J'ai un immense respect pour ce réalisateur (même si je ne suis pas client de tous ses films) : "L'ours", "Le nom de la rose", "La guerre du feu", "Coup de tête", par exemple, font partie de ma filmographie idéale.
RépondreSupprimerMerci, Monsieur Annaud.
@CC Rider:
RépondreSupprimerJe suis d'accord avec vous, même s'il me semble que "L'amant" est un film qui n'a pas plu à Marguerite Duras, au point qu'elle réécrive son histoire, sauf erreur de ma part. Je n'ai pas encore vu "Coup de tête", mais je pense que je saisirai une prochaine occasion. Pas de doute sur le fait que Patrick Dewaere y soit fabuleux (comme toujours ?).
@Laurent:
RépondreSupprimerNous sommes sur la même longueur d'ondes. Jean-Jacques Annaud est un nom qui me renvoie à l'enfance, sans nostalgie, mais avec respect. Ce terme que tu as employé recouvre bien le sentiment que je lui porte. Et ce même si certains de ses films ne m'attirent guère.
Idem, même respect pour ce réalisateur qui allie esthétique et grandes questions. J'ai un peu moins aimé L'amant. C'est beau, mais un peu creux.
RépondreSupprimerNous sommes d'accord. Plutôt envie de revoir "Le nom de la rose" et "La guerre du feu", pour ma part. Je me suis par ailleurs souvenu que, sur la seule confiance que j'accordais à Jean-Jacques Annaud, "Stalingrad" devait être le premier DVD que j'ai acheté.
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