dimanche 8 février 2015

Charlot(s)

C'est fou: il y a quelques jours, je me suis tout à coup rendu compte que j'avais vu chacun des neuf derniers films de Benoît Poelvoorde. Pourtant, quatre jours après sa sortie, nous étions seulement trois, un dimanche matin, pour découvrir La rançon de la gloire. Je suis content de m'être dépêché: après une semaine d'exploitation, le film avait presque quitté les cinémas de ma ville. Je n'y comprends rien...

Bon, c'est vrai qu'il n'y a aucun génie dans ce nouveau long-métrage de Xavier Beauvois. L'histoire elle-même paraîtrait plutôt incroyable si elle n'était pas vraie. Nous sommes en Suisse, à la Noël 1977. Charles Chaplin vient de mourir. Eddy Ricaart, lui, sort de prison. Dehors, un ami l'attend: Osman Bricha, presque aussi paumé que lui. Les deux hommes cohabitent - je passe sur les personnages secondaires. Un (très) gros besoin d'argent les conduit vite à monter une nouvelle combine: dérober le cercueil de Charlot pour demander une rançon à Oona, sa veuve. Autant le dire: je trouve très judicieux d'avoir fait appel à Benoît Poelvoorde pour tenir l'un des deux rôles. Roschdy Zem se débrouillant très bien lui aussi, on tient là un duo inattendu, certes, mais efficace. Méfiance, cela dit: si vous attendez une comédie, le film risque de vous décevoir un peu. Plutôt tendre que drôle, La rançon de la gloire est un bonbon à la saveur amère.

En ce sens, le film réussit son modeste hommage à Charles Chaplin. L'éternel moustachu ne campait-il pas lui-même un vagabond amusant, mais tout à fait incertain sur son avenir ? Toucher du doigt cette contradiction est l'une des réussites de La rançon de la gloire. Si j'ai parlé de modestie à l'instant, c'est que le long-métrage avance sans réelle surprise, mais également - un bon point - sans esbroufe. L'unique fausse note viendrait peut-être de la bande originale, portée par une superbe partition du grand Michel Legrand, mais dont l'aspect grandiloquent m'a parfois fait sortir de l'intrigue. On dirait finalement que la caméra reste un peu en retrait, sans se soucier véritablement d'ajouter des images exceptionnelles à une anecdote qui l'est déjà. Malgré tout, j'ai bien aimé le résultat, aussi simple soit-il. Il semble que la conclusion s'éloigne beaucoup de la réalité, mais peu importe ! Quelque chose de l'esprit de Charlot survit: c'est tout ce qui compte.

La rançon de la gloire
Film français de Xavier Beauvois (2015)

Le nom du réalisateur vous parle ? Logique ! Le long-métrage marque son retour, cinq ans après le superbe Des hommes et des dieux. D'ailleurs, je crois vraisemblable qu'une (petite ?) partie de la critique ait dénigré ce nouvel opus par comparaison, juste parce que le film précédent avait plus d'ampleur. C'est à vous d'en juger, désormais. Personnellement, en souriant, j'ai repensé à The Blues brothers...

----------
Pour tout vous dire...
Un autre avis est publié chez Pascale: "Sur la route du cinéma". Constat: grosso modo, elle et moi sommes d'accord en tous points.

2 commentaires:

  1. J'aurais peut-être dû me laisser tenter par cet enlèvement funéraire plutôt que d'aller me faire des cheveux dans les jupes de la Dame en Noir. Beauvois, à défaut d'être toujours génial, reste un réalisateur sympathique.

    RépondreSupprimer
  2. Il faut dire aussi que la sonnerie de mon radar à Poelvoorde est assez stridente, cher ami. Je n'ai aucun mérite.

    RépondreSupprimer